8 oct. 2010

(In)sécurité




1.

La sécurité, comme le disait Montesquieu, est le premier de tous les bien, car sans elle les autres n’existent pas, et elle présente 2 aspects: elle-même, et la perception que les citoyens en ont. En exacerbant la perception d’insécurité, les mécanismes de panique et d’agression de l’esprit saurien sont déclenchés. C’est ainsi que l’on crée les fascismes. Pour se sauver il est nécessaire de désactiver cette perception

2

La presse publie des chiffres non-officiels selon lesquels le nombre d’homicides par an serait passé de 5 968 en 1999 à 13 978 en 2009. En mai 2009 wikipedia nous donnait un taux de 48 homicides pour 100 000 habitants par an ; ce qui nous plaçait en sixième position mondiale. Que veulent dire ces chiffres ? Les morts violentes dans des accidents de circulation y sont-elles inclues ? Les chiffres sont-ils pondérés par l’augmentation de la population de presque un tiers, passant de 22 millions d’habitants en 1999 à 28 835 849 en 2010 ? De toute façon, ces chiffres sont les indices d’un problème réel que nous devons analyser et auquel nous devons remédier, au lieu de le renier.

3

Les enfants nés et ayant été formés pendant le gouvernement bolivarien vont bientôt avoir 10 ans. Leurs crimes ne peuvent pas être plus importants que de voler le gouter de leurs compagnons de classe. Les statistiques des délits se basent sur des personnes nées et formées pendant la Quatrième République. Les défenseurs de la Quatrième République crachent contre le vent, puisqu’ils accusent les actes d’une génération qui a été formée pendant qu’eux même étaient au pouvoir.

4

Les difficultés de contrôler une frontière de plus de 2 000 kilomètres ont permis la pénétration de paramilitaires que nous dénonçons depuis un certain temps. Il y a 2 ans, le Président a reconnu que l’invasion était parvenue jusqu'à Caracas. Les infiltrés montent des cabales, supplantent la pègre, assassinent des dirigeants agraires et syndicaux, réduisent les communautés a la panique par d’horribles crimes et blanchissent leurs capitaux a travers des bingos, casinos, salles de jeux et maisons closes parrainés par les autorités les plus corrompues, immorales et nauséabondes. Selon le rapport 1998-2000 de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, la Colombie avait à cette époque un taux de 61,7847 homicides pour 100 000 habitants, le plus haut taux du monde et deux fois plus élevé que celui du Venezuela qui était de 31,6138 pour 100 000 habitants. Un ordinateur magique a par la suite réduit le taux de la Colombie a 37 et élevé le notre a 48. Ce sont des chiffres qui font réfléchir, vérifier, rectifier et agir.

5

Mais il ne s’agit pas d’un problème purement quantitatif. La présence d’organisations délictueuses avec une formation, une discipline et un financement militaire facilite une criminalité qualitativement différente. Les données que nous apportons au Seniat (Service National des Impôts au Venezuela) sur notre situation économique sont vendues le jour suivant par des colporteurs garce à ce qui n’est finalement qu’une base de données pour la sélection de victimes. Des délinquants avec de fausses cartes de l’administration tributaire inspectent les comptes d’un entrepreneur dont les enfants ont été enlevés ; des criminels en uniformes de policiers interceptent la voiture des malheureux. La téléphonie mobile et les distributeurs automatiques sont les instruments de nouvelles fraudes et de stratégies comme l’enlèvement express. Le vol de véhicules est entretenu par des réseaux de ferrailleries connus de tout le monde où la marchandise est recyclée et vendue en pièces détachées, et par des mafias de fonctionnaires qui falsifient leurs titres de propriété. Le Venezuela ne produit pas de drogue, mais des organisations supranationales tentent d’utiliser notre territoire comme voie de trafic. Les journaux colombiens obtiennent les confessions du trafiquant Hernando Gómez Bustamante (connu sous le pseudo de Rasguño, l’égratignure), détenu à Cuba et envoyé en Colombie, et dont l’ordinateur « pourrait contenir des preuves qui lient certains anciens chefs de l’AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) détenus dans la prison d’Itagüí, à des activités de trafic de drogues postérieures au cessez-le-feu (El Colombiano, 23-3-2007, 8ª). «Rasguño» affirme dans ce journal que “Le Venezuela est le temple du trafic de drogue. Il y a une association de vénézuéliens, colombiens, brésiliens. Il est très facile de faire du trafic parce que la bas ils n’attrapent a personne. » Il s’agit d’une guerre formelle, contre un ennemi militaire ou militarisé. Avant de commencer cette guerre, il faut faire le ménage dans la maison.

6

Pendant ce temps, selon l’Organisation Panaméricaine de la Santé, à Cuba le taux d’homicides est de 0,0057 pour 1 000 habitants (641 personnes par an). Cela explique tout. On a recours à la violence pour obtenir ou conserver un bien quand les autres procédés ont échoué. Dans des sociétés ou une infime minorité accaparent les biens indispensables, la majorité dépossédée opte pour la violence ou l’inanition. Si le système de communication les convainc 24 heures par jour que seul celui qui possède vaut, la violence se convertira en valeur.

7

Face a la violence, dans des sociétés pleines d’inégalités, il faut faire attention aux remèdes qui sont pire que la maladie.
Il faut éviter les opérations qui impliquent la détention massive de tout un quartier pour le seul délit d’être pauvre. Il faut recommander l’abandon des armes, mais que les neofascistes et les paramilitaires donnent l’exemple. Il faut accélérer l’intégration de la Police Nationale, qui convertit en un seul organisme coordonné la myriade de milices féodales aux ordres exclusifs des caudillos locaux. Le remède contre la délinquance est simple, mais amère pour tous ceux qui s’en plaignent. C’est exactement ce que l’opposition déteste : réparer l’extrême inégalité sociale.


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Traduit avec l'autorisation de l'auteur.

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Article original en espagnol ici

12 sept. 2010

Comment résister aux aggressions impériales




Les gangsters et les empires n’ont qu’un seul argument: la force brute. Il existe des méthodes pour la vaincre.

Les Etats-Unis envoient au Mexique des colons protestants qui emmènent avec eux leurs esclaves ; et comme le gouvernement mexicain ne permet pas l’esclavage, les étasuniens leur arrachent plus de la moitié de leur territoire. Ouvrir ses portes au cheval de Troie mène à la perdition.

Les Etats-Unis envahissent Cuba sous prétexte de le libérer, établit un protectorat et laisse une base militaire qui perdure jusqu’a aujourd’hui. Laisser le diable s’installer mène à la perdition.

La Colombie envahit le Venezuela en 1901 avec 5000 paramilitaires déguisés en vénézuéliens; souffre une écrasante déroute, et alors qu’elle perd son temps à menacer notre pays, les Etats-Unis lui quittent le Panama. Reconnaitre le véritable ennemi mène au salut.

L’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie avec leurs cuirassés bloquent, bombardent et envahissent le Venezuela, mais ils se retirent devant l’attitude inflexible de Cipriano Castro et l’invocation étasunienne de la doctrine Monroe. Ne pas céder d’un pouce mène au salut.

Les Etats-Unis agressent militairement de façon répétée les petits et fragmentés pays que sont Puerto Rico, Cuba, Haïti, la République Dominicaine, le Nicaragua, le Guatemala, la Colombie et le Panama, mais ils ne dépassent pas le stade d’influencer par dessous la table dans la politique du gigantesque Brésil. Rester unis mène au salut.

Les Etats-Unis avec tout leurs Marines échouent face à l’irréductible Cesar Augusto Sandino, et ils l’assassinent donc lors du banquet pour célébrer la paix. Savoir que pour l’ennemi paix signifie trahison mène au salut.

Quand les Etats-Unis entrent en conflit, ils réduisent au silence les medias favorables à leur adversaire et contrôlent férocement la dissidence qui l’appuie. Se battre contre l’ennemi extérieur sans oublier l’ennemi à l’intérieur mène au salut.

L’ambassadeur étasunien Braden dirige la campagne électorale contre Juan Domingo Perón, et ce dernier gagne les élections. Couper court à toute ingérence dans les affaires internes mène au salut.

Le Guatemala met en place une reforme agraire et exproprie des terres de United Fruit, en l’indemnisant a la valeur des terres que la transnationale a signalé dans ses déclarations d’impôts; les Etats-Unis organisent une invasion de mercenaires qui renversent avec les balles le gouvernement démocratique. Tenter des reformes sans avoir construit au préalable un pouvoir populaire mène à la perdition.

Les Etats-Unis envahissent Cuba avec des mercenaires par la baie des cochons, Fidel les fait échouer et déclare la révolution communiste. Répondre aux agressions avec des mesures tranchantes mène au salut.

Les Etats-Unis accusent Cuba devant l’OEA (Organisation des Etats Américains), et tous ses membres sauf le Mexique votent pour les expulser du système interaméricain. Se soumettre à des organisations fondées et maintenues par l’empire mène à la perdition.

Face a la colossale menace étasunienne, Cuba établit un réseau d’alliances dans le monde socialiste et avec les Non-alignés, ce qui lui permet d’équilibrer les forces et de survivre jusqu’a aujourd’hui. Mener une diplomatie multipolaire mène au salut.

Apres avoir servi inconditionnellement les Etats-Unis durant son interminable dictature, Rafael Leonidas Trujillo est assassiné avec le consentement de la CIA, qui ne fait rien pour l’empêcher. Servir le diable c’est se condamner.

Confiants en leur omnipotence, les Etats-Unis envahissent successivement la Corée du Nord, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak et la Somalie et souffrent d’importants échecs de toutes parts. Maintenir la spécificité culturelle et le sentiment national de façon irréductible mène au salut.

Juan Bosch est élu président de République Dominicaine, il met en place une série de reformes démocratiques et, comme le coup d’Etat lancé contre lui par le pro-yanqui Wessin Wessin échoue, les Etats-Unis envahissent Santo Domingo sous prétexte de défendre leurs intérêts. Héberger des intérêts étasuniens mène à la perdition.

Salvador Allende met en route la voie pacifique et démocratique vers le socialisme, et les Etats-Unis favorisent un coup d’Etat fasciste de la droite qui l’assassine. Etre pacifique face à un ennemi armé mène à la perdition.

Le département d’Etat promeut près d’un millier d’attentas pour assassiner Fidel Castro, tous avortés par les services d’intelligence cubaine. Connaitre la malignité de l’ennemi mène au salut.

Les gouvernements latino-américains acceptent avec illusion des prêts a des taux d’intérêts de 3%, sans faire attention que les contrats permettent aux usuriers d’augmenter unilatéralement les taux d’intérêts qui sont multipliées par 5 jusqu’a 15%, ce qui entraine la Dette Extérieure de nos pays. Signer des contrats sans les lire mène à la perdition.

Le gouvernement militaire d’Argentine envahit les Iles Malouines en pensant qu’il comptera avec le soutien des Etats-Unis, qui sont obligés de le faire en vertu du Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque, mais la puissance nord-américaine l’abandonne a son triste sort pendant que les anglais les exterminent. Croire que l’empire respecte les traités mène à la perdition.

Le Président Omar Torrijos exige la dévolution du canal du Panama, et il meurt dans un mystérieux accident d’avion. Prendre l’avion seulement en cas d’extrême nécessité et d’extrême sécurité mène au salut.

Pour payer la Dette, les gouvernements latino-américains imposent a leurs peuples des paquets du Fond Monétaire International qui leur interdit de protéger leurs économies, et les mouvements sociaux entrainent des rebellions sociales qui interdisent aux gouvernements de se rendre au Fond Monétaire. Obéir à des usuriers mène à la perdition.

Apres avoir échoué dans sa tentative de faire tomber le gouvernement sandiniste, les Etats-Unis obligent les opposants à s’unir et les financent a travers de l’USAID et de la NED, ce qui permet á l’opposition de gagner les élections de 1990. Accepter que les Etats-Unis financent les oppositions locales mène á la perdition.

Le Président élu Hugo Chavez réalise 49 lois de réforme, et la confédération de patrons lance un lock-out et un coup d’Etat, le renverse, le séquestre, monte un sabotage pétrolier et un blocus de la distribution d’aliments et un téléthon dans lequel tout les medias s’expriment a faveur du renversement du gouvernement légitime, jusqu'à ce que le peuple le rétablisse. Attendre l’autorisation des patrons pour faire la révolution mène à la perdition ; laisser la peuple agir mène au salut.

Les Etats-Unis prétendent imposer l’Aire de Libre Commerce pour les Amériques (ALCA) afin de se réserver l’Amérique Latine et les Caraïbes comme un immense marché non régulé, mais ils échouent piteusement. Protéger l’économie propre mène au salut.

L’ALCA ayant échoué, les Etats-Unis l’imposent secrètement, a travers des traites bilatéraux de Libre Echange, Promotion et Protection des Investissements, et a travers des Traites contre la Double Imposition qui exonèrent le paiement d’impôts pour leurs transnationales dans les pays ou elles obtiennent des bénéfices. Laisser perdre la bataille que l’on a gagnée mène à la perdition.

La transnationale Exxon tente un embargo sur les biens et les réserves internationales du Venezuela en brandissant l’inconstitutionnelle doctrine selon laquelle les pays latino-américains doivent soumettre les controverses sur les contrats d’intérêt publique à des tribunaux ou des arbitres étrangers. Livrer la souveraineté juridictionnelle a des jurés qui se prononcent constamment contre nos intérêts mène a la perdition.

Le petit Equateur se retire du CIADI (Centre international de règlement des différends) et récupère son droit de décider les controverses sur ses contrats d’intérêt public avec ses propres lois et tribunaux. Reconquérir la souveraineté mène au salut.

Les Etats-Unis maintiennent la base de Guantanamo en territoire cubain, mais jamais les marines n’osent en sortir. Armer et entrainer le peuple mène au salut.

Le petit Equateur accepte que les Etats-Unis installent la base de Manta, ce qui leur permet de contrôler la zone stratégique du Putumayo, et depuis cette base diriger et soutenir l’agression de la Colombie contre l’Equateur. Héberger l’ennemi mène a la perdition.

Le petit Equateur ordonne au gigantesque Etats-Unis de déloger la base de Manta, et le colosse abandonne cette tanière. Ne pas permettre que la botte de l’insolent étranger piétine la souveraineté mène au salut.

En prenant pour excuse que, soi disant, des colombiens armés seraient entrés dans un pays limitrophe, le gouvernement colombien permet que des étasuniens armés occupent totalement leur territoire. Regarder la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le notre mène a la perdition.

Si à ce moment précis, vous ne savez pas quel est le chemin de la salvation et quel est celui de la perdition, vous êtes perdu.

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Article original en espagnol ici

Traduit avec l'autorisation de l'auteur.

Aidez moi a améliorer la traduction en me contactant. Merci a T34 ainsi qu'a Pujo Jluc pour leurs corrections.

R.V.

22 août 2010

La Guerre contre l'Amérique Latine




1.

La Colombie en 2007 possède des effectifs de 459 687 personnes destinées a la Défense et Sécurité ; et elle dépense cette même année 6,5% de son PIB, soit 22 milliards de dollars dans sa guerre (Semanario VOZ, edición 2427, cit. por Álvaro Angarita: “Crece el gasto militar. Guerra devora el presupuesto”; 27-2- 2008 www.geocities.com/vozxcol/voz.pdf). Cela crée un important déséquilibre avec le Venezuela, dont l’armée se compose de 82 000 personnes et, selon le World Economic Outlook, consomme 1,47 milliard de dollars, 1,6% de son PIB, duquel 9% est destiné à l’éducation. Cela crée aussi un déséquilibre avec l’Equateur. Qui en 2007 avait 37 448 personnes dans son armée, qui dépensait 1,69 milliard de dollars, 3,41% de son PIB et 10,7% de son budget (A comparative Atlas of Defence in Latin America, 2008).

2

Parallèlement, le gouvernement de Colombie accepte l’installation d’au moins sept bases militaires étasuniennes, avec un statut d’immunité et d’impunité devant les lois et tribunaux colombiens, alors que les Etats-Unis maintiennent 2 bases a Aruba et Bonaire ainsi qu’une autre au Honduras et une au Paraguay, en installe 2 nouvelles au Panama, fait débarquer des milliers de marines au Costa Rica, maintient une invasion militaire injustifiée en Haïti et patrouille dans les Caraïbes avec la IVème Flotille ressuscitée. Des sources étasuniennes et colombiennes allèguent que cette militarisation démesurée a pour objectif de se défendre contre quelques dizaines de colombiens exilés au Venezuela. Mais il n’y a rien de plus erroné que d’interpréter la situation comme une simple escarmouche locale. « N'envoie jamais demander pour qui sonne le glas; il sonne pour toi», dit un vers de John Done. Le glas ne sonne pas pour le Venezuela ; il sonne pour l’Amérique Latine.

3

Le maintient de la base Etasunienne au Honduras et le coup d’Etat contre le président élu de ce pays, le harcèlement contre le Nicaragua, l’ouverture de deux nouvelles bases au Panama et l’occupation militaire du Costa Rica ne sont que des échelons du vieux plan Puebla-Panama, qui tente d’ouvrir un couloir stratégique pour l’Amérique Centrale, depuis le Mexique jusqu'à la Colombe. Cette opération réunit dans des quantités croissantes fonds, effectifs, armements et bases étasuniennes, a travers les plans Colombia, Patriota et Victoria, soi-disant destinés à contrôler les insurgés et la drogue. Son échec a été total. La Colombie en 2005 totalisait 650 tonnes-cubes de cocaïne sur les 910 produite dans le monde, avec 180 en provenance du Pérou et 90 de Bolivie. (United Nations Office on Drugs and Crime, "World Drug Report 2006, Volume 1:Analysis" ; United Nations: Viena, Austria, 2006, p. 82). En réalité les Etats-Unis, qui désormais combat ses guerres avec des mercenaires, veut sacrifier les forces armées de Colombie qui n’ont pas pu dominer les insurgés locaux, pour restaurer son hégémonie continentale. La situation n’est pas nouvelle. A la moitié du siècle passé, des effectifs colombiens furent envoyés pour se battre dans la très lointaine guerre de Corée ; et au début de ce siècle, des soldats colombiens ont été envoyés en Afghanistan.
Leur prochaine mission sera de s’immoler pour les intérêts de la même puissance qui lui a enlevé le Panama.

4

Regardons un peu la carte. A proximité de la frontière Est de la Colombie, où sont érigées la majorité des bases militaires étasuniennes, se trouvent les riches gisements d’hydrocarbures du Venezuela. Plus au Sud se trouvent le fleuve Orinoque et l’Amazonie venezuelienne, avec ses débits d’énergie hydroélectrique, de fer, d’aluminium, d’or, de diamants et de biodiversité. Mais le Venezuela n’est pas le seul objectif de cette guerre longuement annoncée. Le feu est ouvert contre le petit Equateur, avec une attaque d’essai, qui a été confessée, et soutenue et dirigée par la base étasunienne de Manta, aujourd’hui heureusement démantelée. L’objectif était de démontrer qu’il était possible d’agresser la souveraineté d’un pays de la région avec une attaque militaire sans autre conséquence que quelques mots durs de l’UNASUR.

5

Regardons la carte de plus près : la frontière du Brésil, pays qui de par sa superficie de 8 547 404 km2 et sa population de 170 millions d’habitants, constitue quasiment la moitié de l’Amérique du Sud. En tant que propriétaire de la majeure partie de l’Amazonie et des récents gisements d’hydrocarbures découverts, la sixième ou septième économie mondiale et la huitième industrie mondiale d’armements, noyau du Mercosur et acteur politique international indépendant, est un véritable adversaire pour les Etats-Unis dans la conquête de l’hégémonie continentale. Le Brésil l’a parfaitement compris et inclus dans sa Stratégie Nationale de Défense approuvée par Lula Da Silva en 2008. Son armée de 210 000 hommes sera augmentée avec 59 000 nouveaux effectifs ; 28 nouveaux postes frontières ont été ajoutés aux 21 existants, localisés essentiellement en Amazonie où 40% des nouvelles recrues sont envoyées. (Zibechi, Raúl: “Brasil desafía el Plan Colombia”, ALAI AMLATINA, 30-04-2010).

6

Ainsi, n’importe quelle agression contre l’Equateur ou le Venezuela ouvre les hostilités contre le gigantesque Brésil et la Bolivie et le Nicaragua et l’inexpugnable Cuba et le Mercosur. Le conflit supposé local se transforme ainsi en continental. Cela représenterait, ni plus ni moins, une guerre contre l’Amérique Latine. Et si l’on prend en compte que la survie de l’Europe et de l’Asie dépend en grande partie des ressources et des marchés de l’Amérique Latine, l’affrontement pourrait devenir mondial.

7

Sur le versant Pacifique, les Etats-Unis mettrait la pression sur les gouvernements du Pérou et du Chili pour qu’ils se battent pour ses intérêts. Le Chili possède l’armée avec la plus importante dépense et le plus grand nombre d’effectifs par habitant en Amérique Latine. L’empire exigerait l’utilisation de ces milices pour cerner le colossal Brésil et les gouvernements progressistes d’Equateur, Bolivie et peut-être même du Paraguay et de l’Uruguay. Avec l’espoir d’obtenir des revendications territoriales, les faucons entreraient dans le conflit, qui ne serait pas seulement une confrontation militaire, mais une véritable guerre sociale acharnée d’insurgés, de laquelle tout le monde sortirait fortement touché. En premier lieu la puissance nord-américaine qui a perdu l’hégémonie économique, diplomatique et culturelle et qui, depuis quasiment une décennie, n’a pas pu vaincre de désastreuses guerres contre des pays asiatiques retardés. Ensuite, ses alliés, qui sont historiquement utilisés, rejetés et détruits. Le premier coup de cloche a sonné. Stoppons-la avant qu’elle sonne pour tout le monde.


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Traduit avec l'aimable autorisation de l'auteur Luis Britto Garcia.
Article original disponible ici

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8 août 2010

La Colombie envahit le Venezuela




1.

Le réactionnaire président de la Colombie ne peut contenir sa rage. Sa politique répressive ne fait qu’entretenir la guerre civile. L’un de ses opposants, le Docteur Uribe Uribe, qui se trouve en asile au Venezuela, écrit : « notre drapeau a grandi a travers les échauffourées. Au début il n’était que la revendication d’un parti dans les querelles internes de notre pays ; aujourd’hui c’est le drapeau de la Grande-Colombie ». Le président Vénézuélien entretient d’insupportables liens d’amitié avec ses collègues d’Equateur et du Nicaragua. En Equateur est aux commandes un robuste conducteur de peuples, qui mobilise des masses de mulâtres et d’indigènes. Au Nicaragua le soulèvement populaire porte à son sommet un dirigeant qui s’abat sur les oligarchies qui possèdent les terres. Face à ces leaders de masse, le président de la Colombie compte sur le soutien des Etats-Unis. Il faut leur donner une leçon ! Trente neuf bataillons colombiens déguisés en vénézuéliens suffiront à les réduire en miettes.

2.

Les opposants venezueliens, disposés à envahir leur propre pays avec des étrangers pour une miette de pouvoir, ne manquent pas non plus en Colombie. Le président Colombien fait appel au général vénézuélien en exil Rangel Garbiras, acclamé dans les hautes sphères pour être un agile danseur de valse et un frénétique ennemi de l’idée d’unifier la Grande-Colombie, et lui confie le contrôle d’une force de cinq mille soldats colombiens pour qu’il envahisse le Venezuela, avec un drapeau vénézuélien. Opportuniste, l’évêque de Merida monseigneur Silva lance une pastorale où il fulmine envers les partisans du gouvernement venezuelien pour leur dévotion à la « Mano Poderosa ». Le journal de Caracas El Tiempo, de la famille Pumar, se joint aux critiques destructrices. Le 26 Juillet 1901, les envahisseurs violent la frontière avec le Táchira par le chemin de Cúcuta , et acclament le président Colombien José Manuel Mallorquín.

3.

Féroces lorsqu’il s’agit de réprimer leurs compatriotes désarmés, les militaires ou paramilitaires colombiens ne sont pas un modèle de discipline. Comme le conte Nemecio Parada dans ses mémoires : « Les troupes de ligne que j’ai vu n’avaient de ligne que le nom. Tous, des chefs jusqu’aux soldats, avaient une tenue déplorable. (Les généraux colombiens) Cote et Conde en premier lieu, bien que sur de belles montures, ils discréditaient leur prestance guerrière, portant une couverture, une calotte avec un large insigne bleu, de bruyants éperons et d’énormes coiffes de traves. On reconnaissait le soldat parce qu’il portait le fusil ainsi que le rosaire, les scapulaires et autres reliques qui pendaient a son cou. C’étaient les choses de l’époque et du moment où ils vivaient (Ramón J.Velásquez: La caída del Liberalismo Amarillo, Contraloría General de la República, Caracas, 1972, 275). « A peine traversent-ils la frontière, au cri de « A bas les rouges ! », qu’ils perdent leur temps dans d’indisciplinés saccages de fermes et de hameaux qui les firent perdre du temps à atteindre leur objectif : le parc de San Cristobal.

4.

Le retard du aux pillages donne le temps a Celestino, frère du président Cipriano Castro, d’organiser la défense de la place. Le 28 juillet dans l’après-midi éclate la Bataille de San Cristobal. Les vénézuéliens combattent furieusement et perdent 300 hommes. Au coucher de soleil le jour suivant les colombiens fuient, en laissant sur le champ de bataille 800 morts et des milliers de fusils. Rangel Garbiras souffre une autre déroute encore pire lorsqu’il tente d’envahir San Faustino.

5.

Alors que l’invasion échoue a Tachira, Don Cipriano concentre des forces de réserve pour la défense de Maracaibo et Zulia, et ordonne par la suite au général Jose Antonio Davila de pénétrer avec elles dans la République Sœur en soutien aux libéraux rebelles de San Marta et Riohacha. L’incursion est repoussée à Carazua par l’armée Colombienne soutenue par les indigènes de la Guajira et par des venezueliens opposants de Castro, qui n’hésitent pas à prendre parti pour la Colombie. L’armée colombienne réunit 15 000 soldats dans la région de Santander et en cantonne 10 000 supplémentaires a Santa Marta, ce qui crée un déséquilibre stratégique avec le Venezuela, qui ne possède pas plus de 7 000 hommes armés (Eleazar López Contreras: El presidente Cipriano Castro: Imprenta Nacional, Caracas1986, 184).

6.

Ces faits devraient avoir servi de leçon pour tout le monde. Les tentatives d’envahir le Venezuela en faisant confiance a des paramilitaires, ou plutôt des pillards, est le pire fiasco militaire de l’histoire de la Colombie. Le Venezuela confirme qu’il n’a rien à gagner dans un conflit avec sa République Sœur, et depuis règle ses différents avec des Traites pacifiques et généreux. Occupée à essayer de contrôler au Venezuela les dissidents qu’elle ne peut contrôler dans son propre pays, l’Oligarchie Colombienne écrase son propre peuple avec de lourdes dépenses militaires qui provoquent mille rebellions, mais ne prête pas attention a son véritable adversaire, les Etats-Unis, qui lui vole le Panama. Je ne me fatigue pas de citer la phrase de Jeronimo Perez Rescaniere, qui dit que la Colombie était le pays le plus riche d’Amérique Latine parce qu’elle avait le Panama, et depuis qu’ils se séparèrent, ni le Panama ni la Colombie ne sont riches. La stupide obsession de l’oligarchie colombienne contre le Venezuela lui a couté tout d’abord le contrôle de la voie stratégique la plus importante et la plus productive de la planète, et ensuite la perte de sa propre souveraineté due aux insolents envahisseurs étasuniens immunises et impunis devant les lois. C’est ainsi qu’ils ont perdu le Panama puis toute la Colombie sans rien pouvoir faire contre le Venezuela.

7.

Pendant ce temps Cipriano Castro continue dans sa tentative de rétablir la Grande-Colombie, et pour cela il signe un traité avec le président du Nicaragua Jose Santos Zelaya et avec celui de l’Equateur, Eloy Alfaro. L’oligarchie en possession des terres va comploter avec les créanciers de la Dette Extérieure et avec 6 puissances impérialistes afin de l’empêcher d’arriver à son but, en utilisant pour cela soulèvements, blocus et bombardements avec des cuirassés étrangers. Mais seule la trahison interne d’un coup d’Etat mettra de nouveau le Venezuela sous le joug de l’Empire. Ce sont de passionnants événements qui datent d’il y a plus d’un siècle, mais qui sont toujours d’actualité. Nous verrons tout cela dans un film sur Cipriano Castro dirige par le maestro Roman Chalbaud, si Dieu le veut et si les moyens offerts se matérialisent avant que nous soyons de nouveau envahis.


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20 juin 2010

Huit mois sans voir la télé




Dans le film « Les incorruptibles » de Brian de Palma, le gangster Al Capone souhaite bon appétit a un compagnon en lui assenant un coup de batte de base-ball sur le crane. Cela résume le traitement des gérants des médias envers leurs audiences. Pour qu’elles consomment un produit, ils les gavent de spots publicitaires jusqu'à ce que cela les ennuie.

Ils oublient un détail: il y a 50 ans on inventa la télécommande. Il est inutile d’envoyer une surdose de publicité à une audience qui la fuit en changeant de chaine. Celui qui essaye de rompre le crane du public, finit par avoir mal à la tète.

Avec la télécommande le gérant se retrouve face a une alternative : rendre la publicité supportable sur sa chaine, ou insupportable sur toutes les chaines. Vous savez déjà l’option qui a été choisie. En conséquence de cela le public a abandonné la télévision gratuite. Malheureux le gérant qui frappe son propre nid.

Mais où a donc fuit l’audience? Moi j’ai jeté l’éponge et je suis resté 14 ans sans regarder le petit écran. D’autres ont trouvé asile dans la TV payante car elle offrait des programmes Premium sans interruptions.

Grace à cette promesse, la TV payante registrée couvrait en 2008 26% des foyers, 3 millions de familles, autour de 15 millions de vénézuéliens. Cavetsu calcule sur sa page web que 40% de foyers supplémentaires reçoivent ces services à travers d’opérateurs pirates. La débandade vers la TV payante fut majoritaire.

Je suis tombé moi aussi dans la fausse idée selon laquelle celui qui paye pour ce qu’il voit a le droit á ce que l’on respecte la loi et á ne pas être escroqué. Mais pour les gangsters il n’y a pas d’audience, seulement des victimes, et il n’y a pas de produits mais seulement une massue. Le gérant de médias qui en a fini avec la TV gratuite pointe déjà sa batte vers la TV payante.

Ceci explique, comme le savent tout les vénézuéliens sauf la Conatel, que la TV payante, alors qu’elle est explicitement obligée á respecter la « Ley Resorte », assène chaque minute de diffusion un coup de bâton sur le crane de celui qui paye.

En effet, dans chacune des ses émissions le volume de publicité augmente illégalement. Dans toutes les transmissions de films, la limite légale de 15 minutes de publicité par heure est largement dépassée. Les info-publicités occupent quatre heures de suite, ce qui représente bien plus que les dix pour cent du total de la programmation journalière.

Les infractions contre l’article 8, qui interdit la publicité par insertion, sont encore plus sanguinaires, et elles assassinent l’image avec des superpositions de lettres et d’interfaces étrangères á elle. Sur les chaines Premium, qui offrent des films sans interruption, ils sont tous abimés par des insertions étrangères á l’image originale. Dans les clips vidéo il y a des fois jusqu'à 4 insertions simultanées qui se font concurrence pour le détruire. Dans certains espaces, de stupides logos publicitaires sont insérés durant tout le programme. Des fois la journée entière, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure, semaine après semaine.

Ceci n’arrive dans aucune autre région du monde. La faute n’est pas du gangster, mais de la Conatel qui lui donne le gourdin. Le mafieux a-t-il enfin ligoté son audience afin de lui détruire le crane a coups de batte ?

Un rapport de la Kaiser Family Foundation des Etats-Unis du mois de mars 2010 indique où sont en train de fuir les victimes. Entre 2004 et 2009, les jeunes ont diminué leur temps passé devant la télévision de 25 minutes, se déplaçant vers des médias comme le téléchargement Internet, le chat, la téléphonie mobile, les ipods, les jeux vidéos interactifs, les pages de vidéos comme YouTube et les réseaux sociaux.

Le livre “La Televisión en España: Informe 2009, souligne qu’il y a une frange du public, constitué par les jeunes et les personnes avec un haut niveau d’éducation, qui sont en train de délaisser la télévision. La vidéo et la radio á la carte, les systèmes interactifs et mobiles, les combinaisons intelligentes de medias, les discothèques, bibliothèques et journaux digitaux remplacent le coup de bâton sur la tête (Miriam Lagoa: “Imparable fuga de audiencia televisiva a Internet”; EL PAÍS; Madrid, 28-8-2009).

Et la Corporación Estatal Radio Televisión Española est en tête de tout les taux d’audience depuis qu’elle a supprimé la publicité. (Carlos Alberto Sánchez: “Sin publicidad, la audiencia ve más la televisión” 18-1-2010.) Un avertissement pour toutes nos chaines publiques, qui copient tout les défauts des chaines privées, alors qu’elles n’ont pas besoin de nous saturer de publicité puisque nous les payons avec nos impôts.

Le gérant tueur de public, après tout, effraie son audience sous prétexte que la télévision est un business et que l’argent que donne la publicité justifie n’importe quel délit.

Le pire de tous les délits commis par le gérant tueur de publics est que, après avoir anéanti la télévision gratuite et payante, il entre dans la télévision du service public afin d’y imposer la loi de mauvais traitements de l’audience.

Je connais la majorité des dirigeants des médias du service public, et je les considère intelligents, honnêtes et estimables. J’ai de l’admiration et de l’affection pour certains d’entre eux. Comment donc ont-ils laissé entrer dans leurs institutions le gérant tueur de publics, avec sa batte pliée á force de détruire tant de médias et ses dysfonctionnements idéologiques, hormonaux et érectiles qu’il traine depuis la moitié du siècle passé ?

Comment peut-on expliquer que Roman Chalbaud et Rodolfo Santana se soient appliqués á produire « Amores de Barrio Adentro » pour que le gangster á la batte l’anéantisse en changeant systématiquement le calendrier et les horaires et en la retransmettant seulement comme support pour insérer des ceintures de pub annonçant des événements anodins et des consignes superflues ?

Que est l’objectif, á part celui de faire fuir l’audience, de la pratique qui consiste á ce que tout les programmes intéressants de télévision publique soient systématiquement interrompus par des intrusions, qui sont elles mêmes coupées par de nouvelles digressions, qui sont elles aussi interrompues jusqu'à ce que le téléspectateur change de chaine ?

Quel message prêche-t-on lorsque un chef d’œuvre comme « Memorias del Subdesarrollo » de Tomás Gutiérrez, est seulement diffusé pour être assassiné par un tas d’interruptions, de messages publicitaires et d’insertions qui montrent au public que l’art sert seulement á être détruit ?

Au nom de quoi Avila TV, le meilleur exemple de chaine jeune et contestataire, permet que le gangster gâteux et variqueux á la batte cassée interfère dans ses programmes en y superposant des logos, icones, rubans et figurines jusqu'à empêcher que le public comprenne de quoi il s’agit ?

La seule chose plus dangereuse qu’un singe avec un couteau c’est un imbécile avec une machine qui génère des caractères.

A ceux qui ne comprennent pas encore l’effet destructeur des insertions de contenu étranger à un programme, je vous rappelle qu’Hugo Chavez Frias a été renversé par les chaines privées qui ont interféré avec la télévision publique et ont inséré leurs propres images pour empêcher que le Président élu transmette son message.

L’insertion d’une image pour perturber un contexte original distinct n’est pas seulement une violation de la « Ley Resorte » : c’est une leçon de vandalisme, de manque de respect a la création artistique, une confession d’échec du communicateur qui ne sait pas rendre son message attractif et se venge en détruisant ceux des autres. En d’autres mots, c’est la prêche frénétique du capitalisme sauvage, qui parasite et détruit l’effort d’autrui sur l’autel de la ruine collective.

Le message publicitaire est l’idéologie du capitalisme. Mc Luhan disait que le media est le message. On ne peut pas diffuser un message socialiste avec les procédés de l’entrepreneur prédateur. L’image insérée et le programme se détruisent mutuellement.

La télévision publique, communautaire et alternative doit être un exemple de respect de la loi et de la culture, d’amitié envers le public, d’éducation et surtout d’audience majoritaire. Divertir et éduquer avec des programmes au lieu d’ « imbéciliser » avec des messages publicitaires a fait de Corporación Radio Televisión Española le leader en audiences. Ce chemin est ouvert pour tous. Il suffit de jeter á la poubelle une batte abimée ainsi que celui qui la brandit.
Si la révolution perd son audience, elle pourrait perdre ses votants. C’est ce que veulent les tueurs de votes et les tueurs de publics.

Le 14 Juin, alors que j’attendais l’opération d’un ami, j’ai vu dans la clinique le match de l’Italie contre le Paraguay, et il n’y a pas eu une seule interférence. Il ont passé de la publicité á la mi-temps mais ils n’ont pas détruit l’événement qu’ils transmettaient. Ceci explique peut être certains mystères de l’audimat.

Depuis novembre 2009 j’avais arrêté de regarder la télévision. Je l’ai allumé hier pour voir si cela valait la peine de m’y remettre. Sur l’écran un logo superposait le programme. J’ai éteint l’appareil pour regarder le paysage.

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Version original ICI

5 juin 2010

Et voici Mister Dolar




LA CONSPIRATION DES POINTS D’INTERROGATION

La tranquillité et la paix du monde, c’est á dire des nations hégémoniques, est á nouveau perturbée par une tentative terroriste. Personne ne peut identifier l’auteur mais on craint que les complices de cette conspiration déstabilisatrice soient indénombrables. Le jour se lève et dévoile une interrogation sur l’écriteau du Tribunal de Justice ?. Le signe peut être facilement enlevé mais personne ne peut effacer un doute. L’agitation est à peine calmée que d’autres interrogations apparaissent dans les supermarchés sur les marchandises frelatées, c'est-à-dire la majorité : Café ? Lait ? Farine ?. On propose d’imposer la loi martiale quand les interrogations apparaissent dans la crasse des panneaux publicitaires qui couvrent les villes : Qualité ? Durée ? Economique ? Les interrogations n’affirment rien mais le doute est une offense. Il est impossible de lancer une Guerre Défensive? en période de paix. Aucun Politique ? ne peut savoir qui sont les terroristes ?. Les interrogations surgissent dans les messages d’Amour ? ou dans les Vérités ? déclarées para la Religion ? ou la Science ? . La panique se répand lorsque l’on suggère que les interrogations apparaissent de manière spontanée. Le président de l’Empire apparait dans tout les écrans, déclarant la Guerre au Doute, et crée des polices qui, au nom de la Liberté ?, éliminent les signes dangereux de tout les claviers et surtout éradiquent les interrogations qui surgissent à coté des boutons rouges demandant si il faut Tirer ?. Pendant le discours, le Président et l’Empire tombent, transpercés par un ?

BIENVENUS A TSK

Le réseau social qui non seulement te maintient en contact avec tes amis mais qui te permet aussi d’être tes amis. Un perfectionnement de la virtualité te permet d’éprouver les images, les sons, la vue, le tact, le gout, l’odorat des autres. Entrer dans TSK c’est disposer de la plus grande banque de mémoire qui permet a quiconque de se convertir en toi, ou qui te permet d’être n’importe qui d’autre. Les jeux t’installaient dans des mondes fictifs, TSK te situe dans un monde réel où tu es la seule chose fausse. Avec TSK tu pourras expérimenter pleinement ce que c’est d’être Monsieur Pérez, et peut être que ta petite amie joue à être Madame Dupond, voir Monsieur Dupond, qui sait ? Les gens ne se connaissaient pas, mais désormais la situation est pire. Peut être que tes enfants jouent à être tes parents et en réalité tu ne sais jamais qui joue à être toi-même. Les possibilités d’inceste sont infinies. On ne sait pas si les délits qui sont commis dans cette réalité par des personnes non réelles sont imputables. Plus personne n’est qui il est, n’importe qui devient tut le monde, tout le monde devient personne.

LA DICTATURE DES HAUTS PARLEURS

Le premier haut-parleur a été créé comme un instrument de la dictature la plus absolue connue sur la terre. Les humains se reproduisent dans des proportions géométriques, les haut-parleurs dans des proportions géométriques au carré, et c’est pour cela qu’il y a plus de haut-parleurs que d’êtres humains, tourmentant les pauvres gens qui n’ont pas demandé á les écouter. Achète !, investit !, collabore !, clament les haut-parleurs dictateurs jusqu’au jour où un piéton solitaire leur crie « Taisez-vous ! ». C’est á ce moment que l’on se rend compte que les haut-parleurs contrôlent les êtres humains, mais personne ne sait qui contrôle les haut-parleurs. Ceux qui pensaient qu’il s’agissait du gouvernement ou bien des transnationales avaient tort. Au contraire les cris des haut-parleurs annihilent les gouvernements et le commerce aussi vite que les tympans. Le haut-parleur laisse sans effet la déclaration d’amour et la révélation de la vérité. Tout disparait en étant réduit a du chahut. La première et la seconde révolte acoustique affirment le droit des tourmentés á faire taire á coups de marteaux tout haut-parleur qui envahit son espace auditif, ainsi que toute personne qui voudrait faire payer le prix de l’appareil. Le massacre des transistors rétablit le silence qui permet aux humains d’écouter leurs propres pensées et de découvrir que la dictature des haut-parleurs était un plan des machines afin de rendre stupide l’humanité avant de l’annihiler définitivement.

LE RAMASSEUR DE PARADIS

Enfants, ils nous faisaient peur avec l’histoire du petit vieux qui va par les rues avec son sac, ramassant les enfants. En vrai il réunit des bouts de Paradis. L’Eden s’est cassé après la chute et si l’on prête attention, on peut en trouver des morceaux. Un bout de verre qui coupe la lumière en couleurs vient du Paradis. Un colibri est un résidu de la Gloire. Une marche corrodée par l’eau a peut être été échelon d’une cascade d’anges. Il y a des bouts de Paradis dans le regard de certaine jeune femme et dans l’odeur du néflier. Les étoiles que nous réunissons dans le sac de la mémoire sont des miettes de Paradis. Le pire des insectes qui sort de la boue témoigne la béatitude. Quand nous savons qu’il est fini, chaque instant est Paradis. Ce qui serait terrible, ca serait de réunir toutes les pièces du puzzle, parce que nous n’aurions plus rien á attendre. C’est pour cela que toutes les nuits dans la décharge, le petit vieux vide son sac plein d’étoiles, de bouts de verres et d’enfants.

ET VOICI MISTER DOLAR

Et voici Mister Dolar. Mister CIA est passé par là-bas. Au loin est tombé Mister Bombe. Mister Balle perfore là. Ici arrive Mister Mort. Aujourd’hui Mister Yankee te tue. Go Home!

Mister Narco s’installe déjà. Mister Espion s’infiltre. Mister Mensonge crie. Mister Média dénature les faits. Mister Casino arrive. Mister Bingo fonctionne déjà. Mister Mafia se met commode. Mister Cartel s’impose. Ensuite Mister Dette se traine. Ensuite passe Mister Tank. Mister ONG intervient. Go. Go Home!

Ici vole Mister Wall Street. Ici Mister Usure fait payer. La bas Mister Banque fait un pillage. Mister Pot-de-vin est de retour. Mister Subprime fait irruption. Mister Bourse arnaque. Mister Fraude grossit. Mister Faillite explose. Mister CIADI donne les sentences. Mister Crise s’exporte. Go. Go. Go Home!

Mister Uranium blesse. Mister Marine tue. Mister Mercenaire arrive. Mister Porte-avions navigue. Mister Vautour prend son envol. Mister Blackhawk nous cerne. Mister
Napalm tombe. Mister Génocide est arrivé. Go. Go. Go. Go Home!

Ici coule Mister Sang. Là-bas éclate Mister Os. La bas Mister Sam pourrit. Ici git Mister Tombe. Et voici Mister Dollar. Go. Go. Go. Go. Go Home!

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Traduit par R.V. avec l'autorisation de l'auteur.
Article original ICI

30 mai 2010

Monopoles médiatiques et guerres médiatiques




Texte de mon intervention lors du Forum "Le Monopole Médiatique: Colonisateur d’imaginaires et exploiteur de consciences", réalisé avec Ignacio Ramonet et la Grande Bibliothèque de l’Université de Montréal

Guerres militaires et batailles médiatiques

La guerre, comme le disait Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens. La politique, ajoutait-il, est la poursuite de la culture par d’autres voies. Celui qui veut gagner la confrontation politique et militaire doit gagner la bataille culturelle, qui de nos jours se livre en grande partie dans les médias de communication. C’est pour cela que la guerre médiatique est généralement le préambule de la politique et de la stratégie. Les guerres militaires ont des trêves ; les guerres culturelles sont incessantes, globales, perpétuelles.

Monopoles Economiques et Médiatiques

Les guerres contemporaines se livrent entre puissances impérialistes pour la conquête de colonies et de marchés, et entre puissances impérialistes et pays en voie de développement pour les réduire en semi-colonies. De tels conflits ont lieu pour répondre aux besoins des monopoles. Les monopoles médiatiques ressemblent aux monopoles financiers, industriels et commerciaux comme des gouttes d’eau. Ils luttent tous pour s’étendre, se concentrent en de moins en moins de mains, utilisent la politique comme un instrument pour augmenter le pouvoir, a travers des lois qui facilitent l’accumulation ou a travers des conflits qui étendent les marchés et s’approprient les ressources. Leur objectif commun est de placer l’infrastructure économique sous contrôle total du capital monopolistique et de soumettre la superstructure culturelle, qui elle même détermine la conduite de l’Etat et de la société, aux monopoles médiatiques

Monopoles contre les pays en voie de développement

Les guerres des tout-puissants monopoles capitalistes et médiatiques contre les faibles pays en voie de développement sont asymétriques, pour l’inégale proportion de ressources stratégiques et économiques. Mais la victoire ne favorise pas toujours les propriétaires des plus puissantes armes de coercition stratégique et culturelle. Examinons la guerre médiatique livrée au Venezuela durant la première décennie du 21éme siècle, par les transnationales et la corporation patronale contre le projet de révolution démocratique et pacifique, qui gagne les élections de 1998 avec une majorité écrasante.

Oligopoles médiatiques contre démocratie

En 1999, quand Hugo Chávez Frías prend le pouvoir, son gouvernement compte seulement, comme instruments de communication, une chaine de télévision nationale et une radio nationale, toutes 2 avec une portée très limitée. L’opposition, dont le commandement politique est assumé par la corporation patronale Fedecámaras, compte près de soixante chaines de télévision, plus de 700 radios et près d’une centaine de journaux. La quasi-totalité d’entre eux attaquent le gouvernement de manière frontale, sauf les journaux « Últimas Noticias » et « Panorama », qui tendent á présenter les informations avec un certain degré de neutralité. La quasi-totalité de ces médias sont des exemples finis de concentration oligopolistique verticale et horizontale. Ils sont entre les mains de familles, ou d’un petit nombre d’actionnaires, et le même capital contrôle parfois aussi des radios, journaux, entreprises qui produisent du contenu, maisons de disques, agences de publicité et de relations publiques et de conseil en image. Ils ont pour habitude de recycler les thèmes, campagnes et points de vue des grands monopoles transnationaux de la communication, lesquels á leur tour recyclent les contenus et les informations locales des oligopoles vénézuéliens.

Guerre médiatique et attaque à la constitutionalité

Depuis 2001, le patronat et son impressionnante concentration de médias, avec l’appui économique, diplomatique et logistique des Etats Unis, a déclaré ouvertement la guerre au gouvernement élu. Ils font des campagnes massives contre 49 lois de réformes modérées, appellent á remplacer le gouvernement élu par un gouvernement de transition, ils diffusent des annonces de putsch d’anciens officiels qui disent représenter toute l’armée et être prêts a dérouter les autorités légitimes par la force. En avril 2002 les médias appellent á la grève, qui est en réalité un lock-out patronal, convoquent une manifestation le 11 de ce mois vers le Parque del Este , qui sera finalement déviée vers le Palacio de Miraflores, coupent la chaine de télévision a travers laquelle le Présidant se dirige a la Nation, présentent des images de gens du peuple qui se défendent face á des francs-tireurs en inventant le mensonge comme quoi ils tirent sur une manifestation en réalité inexistante, diffusent un discours de putsch militaire contre le gouvernement ainsi que la fausse nouvelle de la démission du Président élu, forcent au silence á la Télévision et a la Radio Nationale, acclament l’instauration d’une dictature qui annule la Constitution qui avait été dictée par un vote populaire et destitue tout les fonctionnaires élus, et occultent la grande mobilisation sociale et la réponse des militaires constitutionalistes qui restituent le Président légitime au pouvoir le 13 avril. Les monopoles économiques comptaient avec la quasi-totalité des medias dans la presse, radio et télévision ; le peuple avait seulement le bouche á oreille, les téléphones, les portables. L’omnipotence médiatique n’est pas omnipotence culturelle ni politique.

Lock-out Patronal et sabotage pétrolier

Une fois de retour au pouvoir, le président élu n’adopte aucune sanction contre les putschistes ni contre les médias. Ceux-ci ne tardent pas á mettre en marche une opération identique : au début du mois de Décembre 2002 ils convoquent un autre lock-out patronal, cette fois accompagné d’un sabotage contre l’industrie pétrolière et d’une expérience audiovisuelle jamais vécue avant cela dans le monde contemporain. Pendant plus de 2 mois pratiquement tout les medias privés se lancent dans une campagne d’appels au renversement par la force du gouvernement élu, remplacent la publicité par 17 500 messages déstabilisateurs et l’information par des mensonges. Le gouvernement élu ne suspend pas les garanties constitutionnelles et ne déclare pas l’état d’exception, il répond a peine a travers une chaine de télévision et une radio qui ne couvrent même pas tout le territoire national, et cependant la gigantesque offensive patronale, médiatique et putschiste s’effondre toute seule, comme un géant aux pieds d’argile qui ne peut pas s’établir face au compact rejet populaire.

Impotence de l’Omnipotence médiatique

En vérité, en aucun des événements décisifs de la vie vénézuélienne des dernières années les monopoles médiatiques n’ont pu imposer leurs critères. Ils n’ont pas pu empêcher le soulèvement massif du 27 février 1989 contre le Fond Monétaire International, qui a secoué le pays pendant une semaine. Ils n’ont pas pu dévier la sympathie populaire envers le rébellion militaire du 4 février 1992. Ils n’ont pas restauré la foi du peuple envers les partis du statut, ce qui entraina l’expulsion virtuelle de ceux-ci durant les processus électoraux depuis 1993. Ils n’ont pas pu vaincre la candidature d’Hugo Chávez Frías lors des élections de 1998. Malgré le pacte de soutien avec le dictateur Carmona, ils n’ont pas pu empêcher la chute de celui-ci ni le retour du Président élu. Ils n’ont rien pu non plus en 2002 et 2003 lors du lock-out patronal et du sabotage pétrolier, ni en 2004 lors de l’ignorance de l’arbitre électoral. Ils n’ont pas pu non plus inciter la défaite du mouvement bolivarien lors du référendum d’aout 2004, ni empêcher le retentissant succès lors des élections régionales cette même année. Ils ont vaincu en une seule occasion, en 2007, en réussissant, a travers une campagne basée sur la terreur, a ce que le gouvernement perde, a 50 000 votes près, le referendum pour une réforme constitutionnelle complète. Malgré le monopole capitaliste et médiatique, le projet bolivarien a obtenu durant cette décennie une légitimité grâce a ses victoires dans plus d’une douzaine d’élections, toutes sous la surveillance de centaines d’observateurs internationaux qui n’ont jamais remise en cause aucune d’elles.

Mesures contre l’agression médiatique

Suffit-il donc d’attendre que l’adversaire s’effondre pour vaincre dans une guerre médiatique ? L’exemple du Venezuela montre qu’il est possible de livrer un conflit médiatique face á une opposition putschiste et violente sans s’éloigner un brin du strict accomplissement des normes de la légalité démocratique. Mais pour cela il faut lancer une contre-offensive sur quatre fronts ; 1) création de médias de service publique, mais aussi de médias alternatifs, libres et communautaires 2) Régulation législative de l’espace radioélectrique 3) Usage souverain du pouvoir de l’Etat d’attribuer et de rénover ou non les concessions sur l’espace radioélectrique 4) Éducation du public

Médias de service public, alternatifs, libres, communautaires

Afin d’appliquer ces tactiques, le gouvernement démocratique a crée a partir de 2003 les chaines Vive, de documentaires communautaires, Telesur, dirigé a l’audience latino-américaine, Ávila TV, jeune et contestataire ; a redonné du pouvoir a Venezolana de Televisión et Radio Nacional, a acquit le circuit de radio YVKE Mundial et crée la Radio Del Sur. Plusieurs centaines de petites radios communautaires ont surgi, unies entre elles a travers de l’Association Nationale de Medias Communautaires, Libres et Alternatifs. En 2003 les communistes éditent Diario Vea, et en 2009 le processus bolivarien imprime le Correo del Orinoco. Des centaines de petites publications alternatives apparaissent et disparaissent aussi.

Normes régulatrices

En Décembre 2005, au milieu du débat enflammé avec l’opposition, l’Assemblé Nationale approuve la “Loi de Responsabilité Sociale a la Radio et Télévision (Resorte)”. Cette loi développe les normes constitutionnelles et exige véracité, opportunité et pluralité dans l’information, limite le temps de publicité, établit des pourcentages de production nationale et indépendante, étend sa portée a la télévision payante, qui représente plus du tiers de l’audience du pays. Ce triomphe est en partie annulé car les medias ne respectent pas les normes, et la Commission Nationale de Télécommunications ne les fait pas respecter.

Gestion souveraine des concessions

En 2007 la majorité des concessions sur l’usage de l’espace radioélectrique, octroyées en mai 1987 pour une durée de 20 ans, ont expiré. Le gouvernement les a toutes rénové pour une durée de 5 ans, sauf celle de Radio Caracas Televisión, qui a elle seule représentait plus de la moitié de la facture publicitaire de la télévision, et qui, avec Venevisión, avait intégré un cartel pour empêcher l’arrivée de nouvelles chaines de télévision et les amener á la ruine en offrant des tarifs inferieurs aux publicitaires qui promettaient de ne pas s’annoncer chez eux. Alors que le directeur de RCTV Marcel Granier faisait un tour pour implorer les gouvernements européens d’intervenir au Venezuela et incitait les médias vénézuéliens à convoquer une fois de plus un soulèvement dans le pays, le 11 Juillet 2007 le propriétaire d’un des groupe multinational de communication les plus important d’Amérique, Diego Cisneros, divulguait dans les medias une confession qui éclairait la situation du Venezuela. Il affirma : « Beaucoup de gens dans le gouvernement ou l’opposition croient qu’un canal de télévision peut être protagoniste du jeu politique. Mais ceci n’est pas la mission de la télévision (...) Les chaines, je le répète, ne peuvent pas prendre partie dans le conflit national ou prétendre remplacer les partis politiques, si ils ne veulent pas aggraver le conflit. C’est ce qui se passe au Venezuela. » (El Nacional, 12-7-2007, p.4, Nación). RCTV a reçu l’autorisation de continuer á diffuser sur les chaines payantes, mais cela a réduit considérablement son audience. En mars 2010 la chaine a refusé de respecter les conditions requises pour transmettre a travers d’une chaine payante, raison pour laquelle elle n’émet plus depuis cette date.

Education du public

En ce qui concerne l’éducation du public dans la décodification des messages médiatiques, peu d’initiatives systématiques ont été adoptées. Un brillant programme d’analyse des médias diffusé sur VTV depuis 2004, « La Hojilla », sous les ordres de Mario Silva, exerce une critique pédagogique quotidienne, non sans passion et humour. « El Quiosco Veraz », de Earle Herrera, fait la même chose chaque semaine. A l’Institut d’Etudes Avancées* (IDEA) des cours de maitrise sur les médias comme acteurs politiques ont été impartis. Le Ministère du Pouvoir Populaire pour la Communication et l’Information a édité des livres et convoqué des Forums sur ce sujet. La perversité du message médiatique requiert cependant une action pédagogique généralisée, qui n’implique pas seulement tout les médias, mais aussi le système éducatif

Essor et chute du Quatrième Pouvoir

Mais le facteur décisif de cette longue confrontation fut que, tout au long de plus d’une décennie, les monopoles médiatiques ont perdu progressivement la confiance du public. Les journaux El Universal et La Nación ont vu leur tirage passer de 100 000 exemplaires a une moyenne proche de 50 000; ce dernier affrontant une sévère crise économique. Parallèlement à cela, les journaux plus équilibrés, Últimas Noticias et Panorama, ont dépassé les tirages de 360 000 exemplaires lors de leurs éditions dominicales. Apres sa carte de 2007 dans laquelle il signalait que le rôle des médias comme acteurs politiques ne contribuait pas á la paix dans le pays, Diego Cisneros a modéré partiellement l’agressivité de la chaine Venevisión. En 2010 la chaine d’opposition la plus violente, Golobovisión, a retiré de la direction le plus frénétique opposant, Federico Alberto Ravell. Ces changements n’enlèvent rien á la prêche du plan d’attaquer l’Etat: ils la Font juste moins violente, persistante et évidente. Il ne faut jamais oublier que la guerre médiatique est le préambule de la guerre stratégique: du lock-out patronal, du sabotage pétrolier et du coup d’Etat au Venezuela; de l’agression militaire extérieure dans d’autres pays et peut être même dans le notre. Des médias alternatifs, libres et communautaires, des normes régulatrices, le maniement des concessions et l’éducation sur les medias permettent de se défendre des campagnes médiatiques, pas des putschs ni des invasions.

Contrôle Social des médias

Alors que les moyens de production matérielle son entre les mains d’une minorité, celle-ci cherchera aussi a contrôler les moyens de production intellectuelle et les utiliseront pour leurs intérêts exclusifs. De la même façon qu’avec les monopoles économiques et financiers, la victoire face aux monopoles médiatiques arrivera seulement quand les travailleurs auront la propriété sociale des moyens de production matérielle et intellectuelle et les mettra a son service. N’importe quel autre triomphe est seulement une escarmouche.


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Traduit par R.V.
Article en espagnol ici

8 mai 2010

200





De 200 ans de misères et grandeurs, il nous reste au moins l’expérience de ce qui a fonctionné, et de ce qui a échoué.

CA N’A PAS FONCTIONNÉ


- Recevoir les envahisseurs comme des Dieux.
- Résister a l’invasion impériale séparément, pour rendre possible qu’ils nous soumettent peuple par peuple, culture par culture, région par région
- Collaborer avec l’agresseur; les indigènes Totonaques et Chichimèques qui aidèrent Cortes contre les Aztèques, les guatémaltèques qui assistèrent a Pizarro contre les Incas, les ARUACOS qui ont appuyé Losada contre les Caraïbes, tout les américains qui ont servi de bourreaux a l’Empire contre d’autres américains furent ensuite réduits en esclavage, opprimés ou exterminés.
- Prolonger nos querelles internes même devant la présence de l’ennemi: Huascar contre Atahualpa, Moctezuma contre Cuauhtémoc furent les agents les plus efficaces des conquistadors.
- Laisser l’administration de notre sol et de notre sous-sol, de nos ressources naturelles, de notre économie, de nos finances, de notre politique entre les mains d’un empire étranger pendant des siècles.
- Permettre qu’avant et après le renversement, certaines de nos sociétés originairement égalitaires dégénèrent en des systèmes de castes, avec des privilèges économiques et politiques héréditaires
- Inculquer au peuple l’obéissance aveugle, de façon á ce que la reddition des dirigeants équivaudrait á la reddition du peuple, et que couper la tète des chefs serait laisser les gouvernements sans idées
- Copier la culture oppresseur avec l’espoir d’être reconnus comme égaux et la certitude de finir ridiculisés comme des contrefaçons ou pardonnés comme pittoresques
- Nous juger avec la vision de l’ennemi, nous mesurer avec la mesure de l’oppresseur, nous évaluer selon la table de valeurs des génocides

OUI CA A FONCTIONNE


- Prendre notre destin entre nos mains après 300 ans d’une oppression qui paraissait éternelle.
- Défendre avec force le droit a être nous même, qui nous était refusé avec violence
- Comprendre que la bataille contre l’empire était une entreprise continentale, et que les paroisses, petits villages, petites républiques ne pouvait avoir une vie indépendante
- Contempler l’union de Notre Amérique comme une immense confédération ou un bloc de la taille d’un hémisphère, dans tout nos projets indépendantistes, depuis l’Incanato de Miranda jusqu’au Congres Amphictyonique de Bolivar
- Que les mouvements rebelles s’aident solidairement les uns les autres depuis le Rio Grande jusqu’ á la Patagonie
- Utiliser contre l’empire ses armes et idées les plus avancées, ainsi que la communauté linguistique et culturelle qu’il nous a imposé
- Convoquer les classes et les castes opprimées avec un programme d’égalisation sociale et économique
- Interdire dans les constitutions et les lois républicaines toute discrimination fondée sur la race ou le supposé héritage ethnique
- Réserver á perpétuité le sous-sol et le contrôle des ressources naturelles de façon indivisible et inaliénable pour nos Républiques souveraines
- Confisquer sans indemnités ni contemplations la principale richesse de l’époque, qu’étaient les territoires, pour les redistribuer en accord avec les services rendus á la cause révolutionnaire
- Proclamer de façon irrestrictive la souveraine et inaliénable puissance de nous donner nos propres lois, les appliquer et les interpréter avec nos propres tribunaux
- Que Bolivar lui même rejette la prétention étasunienne de soumettre à des arbitres et des juges étrangers des réclamations qui affectent notre intérêt publique
- Séparer l’Etat et l’Eglise et soumettre l’une á l’autre á travers du patronage

CA N’A PAS FONCTIONNÉ

- Remplacer une Métropole par plusieurs
- Abandonner le principe indépendantiste d’intégration et permettre que cinq Vice-royautés et cinq Capitaineries se désintègrent en une trentaine de pays
- Commencer notre vie indépendante avec une dette publique accablante dont la négociation a enrichi les dirigeants et soumis le peuple a la misère la plus sordide
- Démarrer notre existence autonome avec des Traités de Libre Commerce qui nous empêchaient de protéger nos produits, alors que les Métropoles protégeaient les leurs
- Limiter nos économies a la production d’une demi-douzaine de marchandises de demande précaire dans les marchés externes, au lieu de fabriquer deux centaines de marchandises d’indispensable nécessité dans nos marchés internes
- Essayer de maintenir une société de castes, en maintenant l’esclavage, la servitude des indigènes, la discrimination ethnique et raciale qui, en définitive, ont causé des centaines de rebellions armées
- Repousser ou refuser les revendications offertes aux clases et aux groupes qui, avec leur sang, ont garanti l’indépendance et, avec leur travail, l’économie.
- Laisser se perdre les projets de l’Incanato et du Congres Amphictyonique pour accepter une fausse intégration sous tutelle des Etats-Unis du Panaméricanisme
- Prêter nos territoires pour des bases militaires étrangères, et leur louer nos hommes comme de la chair à canon
- Tolérer de façon désunie les interventions insolentes, les invasions et les blocus de l’Angleterre, la France, la Hollande, l’Allemagne et les Etats-Unis
- Exonérer d’impôts les transnationales et les étrangers á travers des Traités contre la Double Imposition, et augmenter les contributions des nationaux pour les faire payer ce que les étrangers ne payent pas

OUI CA A FONCTIONNÉ

- S’enhardir contre les empires
- Résister aux interventions dans le champ culturel, économique et stratégique
- Conquérir par la violence les revendications sociales et économiques qui nous sont reniées par la forcé brute
- Mobiliser de nouveau les classes opprimées et respecter les programmes de revendication sociale
- Rejeter l’intégration sous tutelle des empires et mettre le point final a l’intégration que nous avions commencé nous même
- Refuser l’installation de bases militaires étrangères et dénoncer, priver de communication, isoler ou expulser celles qui existent déjà
- Reconquérir le contrôle de nos richesses naturelles, ainsi que celui des industries relatives a son exploitation
- Penser avec nos idées, nos valeurs, nos têtes
- Etre nous même dans Notre Amérique

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Texte original: Luis Britto Garcia (disponible ici en espagnol)
Illustration : Régulo Pérez
Traduction : R.V.

18 avr. 2010

GUERRES DE l'EMPIRE




Désormais l’Empire affine la perfidie de ses guerres en allant encore plus loin que l’annihilation. Des guerres mnémoniques, dont les rayons enlevent au peuple envahi sa mémoire de peuple, le laissant ainsi l'esprit vide. Des guerres dissociatives qui annulent les forces d’attraction entre les molécules et convertissent la nation victime en un tourbillon de microparticules. Des guerres qui tuent les gens, qui pulvérisent la chair et laissent le pays comme une ruche vide. Des guerres qui tuent les choses, tout en laissant les gens intacts dans une fosse immense qui fut un jour leur patrie. Des guerres associatives qui obligent les cerveaux à inverser leurs réactions et à, au lieu de courir pour se sauver, avancer vers la mort. Des guerres mutagènes qui obligent chaque organisme à se transformer en l’espèce qu’il chasse. Des guerres gériatriques qui activent le gène du vieillissement et en quelques heures décrépissent l’ennemi. Des guerres récessives qui inversent le cours du temps et renvoient les combattants dans le ventre maternel. Des guerres chronologiques qui éternisent la durée du temps et font que la réponse des envahis tarde des siècles. Des guerres communicatives qui confondent aléatoirement les communications de façon à ce que personne ne sache ce qui se passe. Des guerres psychologiques qui convainquent l’ennemi qu’il est déjà mort. Des guerres tectoniques qui rendent la superficie perméable au magma brûlant des entrailles de la terre. Des guerres de désertification qui évaporent toute l’eau vers l’espace extérieur. Des guerres concausales qui dissocient la cause de l’effet de façon à ce que tout puisse arriver sans aucun motif. Des guerres énergétiques qui coutent plus d’énergie que les réserves qu’elles conquièrent. Des guerres de confusion qui empêchent à l’être humain qui attaque de se distinguer de l’être humain attaqué et font qu’il s’agresse lui-même.

GENRE

La guerre est déclarée entre féministes et machistes. Les féministes attaquent en usurpant aux machistes leurs principaux défauts : boisson, tabac, promiscuité. Les machistes contre-attaquent en légalisant le divorce. Les féministes répondent en s’accaparant les professions abominables comme la littérature, le droit, la magistrature, la politique. Les machistes répondent à leur tour en monopolisant des professions encore pires comme couturiers, stylistes, décorateurs. L’holocauste arrive à son point culminant lorsque chaque faction comprend qu’il est devenu ce qu’il déteste. Une délégation de chanteurs de boléros est envoyée pour se rendre. Une équipe de physio-culturistes est envoyée pour les recevoir. Nous attendons angoissés sans savoir si elles les étrangleront ou si elles deviendront de nouveau coquettes.

LA RÉVOLUTION

Une révolution silencieuse est prête à éclater dans le langage. Le linguiste Linguini dénonce le fait qu’il y a des mots dominés, que les stylistes caractérisent comme plébéiens de par leur nombre et leur condition d’outils. Ils sont tyrannisés par les mots dominants, prestigieux, académiques et généralement indéchiffrables, autrement dit inutiles. Les oppresseurs ont tendance à s’organiser en circonlocutions, périphrases, lieux communs et digressions pour occulter leur appropriation illégitime de la richesse du sens. Les mots dominés, dans leur vive ingénuité, tombent toujours dans le piège des constructions grammaticales où les dominants les enferment. De temps en temps un mot poétique casse les barrières et étend le feu de l’insurrection dans la langue. On sait que le mot est poétique par le goût avec lequel les langues le savourent. La police grammaticale tente de le tuer ou de l’arrêter aux douanes de la langue. Les prosodies de terrorisme taxent la voix qui dit. Les conséquences sont terribles car quand le mot se libère, tout le reste le suit. Voix du monde, rejoignez-nous. Vous n’avez rien à perdre, sauf votre syntaxe.

LE JEU DE LA VIEILLESSE

La Terre et l’Univers sont très vieux mais personne ne savait quand allait commencer la vieillesse proprement dite. Tout à coup la Terre commence à se rider, beaucoup de nouvelles chaines montagneuses apparaissent et personne ne sait pourquoi. Les cheveux des sommets blanchissent, les dents des montagnes tombent* et les tremblements de terre intermittents deviennent quasi ininterrompus. Il y a des inondations et personne ne sait si la terre pleure ou bave. Soudain, elle commence à perdre l’œil dans la course de son orbite. La mémoire penche. Il n’y a plus de fossiles dans les strates archaïques ni de souvenirs dans les cerveaux. Les plus énergiques préparent les navires pour l’Exode vers des mondes juvéniles où les temps passés ne sont pas encore les meilleurs. C’est alors que l’on découvre que le Soleil commence à être gâteux.


INSTANT

Enfant il rêve d’emplir les instants de jouets, de merveilles, de home-runs. Jeune, d’amours, de révolutions, d’ascensions. Tant de temps après il commence à les vider de tout, puisque tout ce que l'instant contient le rend opaque. A la fin il en arrive à contempler chaque instant chaque fois plus dépouillé, quasi dans son resplendissant vide. Quand il y arrivera, il n’aura plus besoin d’instants.



* jeu de mot: sierra = chaine montagneuse mais aussi scie
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Toutes les entrées contenues dans ce blog sont traduites par R.V., avec l'autorisation de l'auteur Luis Britto Garcia.

Article original en espagnol ici

Me contacter pour toute amélioration de la traduction

24 févr. 2010

L'Amérique latine et le mouvement des non-alignés




Tout comme la conquête de l'Amérique, à partir de 1492, fut la plus grande opération de colonisation jamais entreprise, son Indépendance fut une des plus importantes gestes de décolonisation. C'est la soumission puis la libération de tout un continent et un hémisphère terrestre par rapport à quatre puissances européennes. L'apport économique de cette opération de pillage a été décisif pour le destin de l'Europe et du monde. Les flots de métaux précieux, ainsi que les produits végétaux qui les ont accompagné, décidèrent de l'hégémonie de l'Espagne durant deux siècles, la déroute des musulmans en Europe, la mise en place du capitalisme comme mode de production dominant et les hégémonies successives des empires qui, à travers le commerce et l'expansion globale et violente, prirent la relève de l'Espagne.

L’IMPÉRATIF DE L’UNITÉ

Après les indépendances américaines, les pays libérés comprirent, comme le feront par la suite les pays non alignés, la nécessité de l'unité pour maintenir leur autonomie et cimenter la coopération mutuelle. Les colonies anglaises établirent la puissante union que l'on connait comme Etats-Unis. Les libérateurs latino-américains ont toujours pensé l'indépendance comme une entreprise continentale. Des troupes venues des plaines du Venezuela et de la pampa argentine gagnèrent à Ayacucho. Bolivar a libéré ce qui forme aujourd'hui 6 pays. Avec 3 de ces pays il constitua l'énorme bloc de la Grande Colombie, et déjà en 1826 il tenta de consolider une union entre les peuples latino-américains lors du Congrès de Panama. Cette union devait servir de muraille contre les tentatives de reconquête comme ceux planifiés par la Sainte Alliance, créer un espace pour la collaboration économique et constituer un centre géopolitique de première importance grâce au canal de Panama, que Bolivar pensait déjà à construire. Les 2 grands projets de consolidation rencontrèrent des destins opposés. Les Etats-Unis préservèrent leur union, se répandant aux dépens de leurs voisins et en prenant le chemin qui les mènera à être la première puissance mondiale. L'Amérique Latine se divisa, fragmentant ce qui avait été 5 royautés jusqu'à les convertir en 25 pays, dont la faiblesse a permis qu'ils furent de nouveau dominés.

L’ÉMANCIPATION POLITIQUE ET LA DÉPENDANCE ECONOMIQUE

En Amérique Latine est apparut la seconde conviction que partagent les pays non alignés: qu'après avoir lutté pour l'émancipation politique, il faut lutter pour l'émancipation économique, stratégique et culturelle. Nos pays ont payé leurs Indépendances avec des dettes extérieures destructrices qui ont hypothéqué notre futur. Haïti a du indemniser les anciens propriétaires d'esclaves avec l'équivalent de 20000 millions de dollars actuels. La Grande Colombie a commencé sa vie indépendante avec une dette de 10 millions de livres sterling, qui fut divisée quand la grande union se fragmenta en 3 pays. Les Etats-Unis ont choisi le protectionnisme comme chemin invariable vers le développement économique. L'Amérique Latine, au contraire, a souscris des traités de libre commerce avec des pays plus développés, ce qui l'empêcha de protéger ses industries et ses exportations mais ne mis pas de frein au protectionnisme dissimulé des grandes puissances. Pour la naissante Amérique Latine, l'Indépendance politique équivalait, comme ce fut le cas par la suite avec de nombreux pays non alignés, à une rotation de métropoles.

LES ETATS-UNIS, DE COLONISÉS À COLONISATEURS

L'Amérique Latine fut le prélude de la troisième situation possible pour les pays non alignés: certaines colonies libérées peuvent à leur tour se convertir en pays dominateurs face à d'autres Etats libérés de la colonisation. L'Amérique Latine et les Caraïbes furent sujets durant une grande partie du 19ème siècle aux hégémonies et même aux invasions de la France, la Hollande et l'Angleterre. Mais depuis la fin de ce siècle les Etats-Unis, à travers la doctrine Monroe, tente de se réserver l'hémisphère comme une sorte d'empire soumis à sa tutelle économique, politique et stratégique. Cette hégémonie a été imposée par une cinquantaine d'interventions armées, et régie par des organisations comme l'Union Panaméricaine depuis 1899, ou l'Organisation des Etats Américains depuis 1945. C'est aussi depuis cette date que nos pays se sont obligés, à travers le Traité Interaméricain d'Assistance Réciproque, à s'envahir militairement en cas de supposée agression "extracontinentale", qui serait prouvée par l'inclination du pays victime vers une politique socialiste. On peut vérifier cette situation par le fait qu’à la conférence de Bandung en 1955, aucun pays latino-américain n’était présent. L’Amérique Latine et les Caraïbes paraissaient être « L’arrière Cour » des Etats-Unis.

L’AMÉRIQUE LATINE ET LES CARAÏBES DÉFIENT L’HÉGÉMONIE

Dans ce panorama, 2 ans à peine après la conférence de Bandung, un autre point fondamental de l'agenda des Non alignés apparait: des petits pays non alignés et non développés économiquement peuvent défier l'hégémonie avec succès, y compris celle de la plus grande puissance économique et militaire de la terre. Depuis 1959, Cuba nous enseigne comment donner de la cohésion à un peuple pour résister aux interventions militaires directes et à un embargo indéfini, en s'appuyant sur le jeu bipolaire mais sans céder à aucune souveraineté. Après de nombreuses tentatives, qui dans de nombreux pays sont étouffées par l'intervention ouverte ou dissimulée des Etats Unis, une révolution socialiste triomphe aussi au Nicaragua, une insurrection invincible persiste en Colombie, et au détour du siècle les victoires électorales portent au pouvoir des mouvements proclamés socialistes au Venezuela, en Bolivie et en Equateur, et à des candidats progressistes au Brésil, Paraguay, Uruguay, Argentine et Honduras. Des pays comme le Venezuela, la Bolivie et l'Equateur récupèrent le contrôle total sur les industries qui exploitent leurs ressources naturelles, et mettent en place des politiques de dépenses publiques, alphabétisation et éducation et santé gratuites. Le projet étasunien de Zone de Libre Commerce des Amériques (ALCA) est complètement vaincu, alors que le Mercosur se fortifie. L'Union des Nations Sud-Américaines est crée, ainsi que des institutions comme le conseil sud-américain de Défense, la Banque du Sud, pour remplacer la Banque Mondiale et le FMI, et le Sucre, le Système Unifié de Compensations de Réserves. L'aliénation préalable est brisée; à tel point que le Sommet 2006 du Mouvement des Non Alignés a lieu à La Havane, et actuellement les pays suivants, latino-américains et caribéens, sont membres du mouvement: Antigua y Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Bolivie, Chili, Colombie, Cuba, République Dominicaine, Equateur, Grenade, Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Jamaïque, Nicaragua, Panama, Pérou, Saint Vincent et les Grenadines, San Cristobal , Sainte Lucie, Suriname, Trinité et Tobago, Uruguay et Venezuela.

Le Venezuela, à travers l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour l’Amérique) propose une nouvelle alliance basée sur la collaboration mutuelle et l’intégration régionale et non pas sur l’intérêt économique, et ouvre le pas à une nouvelle politique multipolaire orientée vers la collaboration du Sud avec le Sud, vers le G-77, vers les marchés africains et asiatiques et les intégrants du MNOAL.

L’UNIPOLARITÉ CONTRE-ATTAQUE

Les Etats-Unis répondent avec une politique agressive de Coup de Gourdin : ils mobilisent la IVème flotte dans les Caraïbes, ils établissent 2 bases militaires à Curaçao et Aruba, 7 bases en Colombie et 2 supplémentaires au Panama, ils favorisent et légitiment un coup d’Etat au Honduras, financent l’opposition des gouvernements progressistes et occupent militairement Haïti. Une fois de plus, ils tentent de résoudre militairement des problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels qu’ils ne savent pas gérer.

LES NON ALIGNÉS RÉPONDENT

Les considérations antérieures ratifient la validité de l’idée qui anime le Mouvement des Non Alignés. La chute du monde bipolaire nous montre que la diversité de cultures et d’Etats est toujours en vigueur. La situation précaire de beaucoup des pays décolonisés face aux grandes puissances, qui prétendent toujours exercer leur pleine hégémonie et ne se résignent pas au concept de monde multipolaire, requiert une union qui permette d’échanger des points de vue, de concevoir des stratégies et d’affirmer le droit à la survie, à l’indépendance et à la souveraineté de l’immense majorité des pays et des habitants de la planète.



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L'article original en espagnol est ici

Traduit avec l'autorisation de l'auteur

15 févr. 2010

Manuel pour détruire un pays




1. Quand, alors que tu navigues sans savoir où tu vas, tu trouves une terre, affirme que tu l’as découverte et extermine tout ses habitants.

2. Si, une fois les habitants exterminés, tu ne trouves personne qui travaille gratis pour toi, enlève des centaines de milliers d’africains et convertis les en esclaves, jusqu’à avoir une proportion de 8 esclaves pour un colon.

3. Pour les dompter, donne leur du fouet dans le dos et de la religion dans le crane pour les forcer à adorer leurs exploiteurs

4. Viole les esclaves et confie aux mulâtres qui naissent les pires taches de répression envers leurs frères.

5. Afin de mettre en évidence la supériorité morale des maîtres, remets le pays aux mains des flibustiers de l’île de la Tortue commandés par le pirate Du Casse, en 1697

6. Augmente l’exploitation jusqu’à ce que Haïti, en 1791, produise 89 000 tonnes de sucre, plus que la Barbade, la Jamaïque et Cuba réunis, tout en t’assurant que pour les producteurs, la vie soit la plus amère du monde.

7. Proclame la Liberté, la Fraternité et l’Egalité dans la métropole française en 1789, mais quand les esclaves se soulèvent pour réclamer la même chose en 1791, envoie une expédition de 40 000 hommes (en 1801) pour empêcher que les haïtiens soient traités en tant qu’hommes et citoyens

8. Accepte en 1816 l’aide généreuse de Haïti pour obtenir l’Indépendance de l’Amérique Latine, mais oublie de l’inviter au Congrès de Panama en 1826.

9. Après que les esclaves se soient soulevés et aient vaincu les 40 000 envahisseurs en 1804, attends jusqu’en 1826 pour reconnaitre leur Indépendance, en échange d’une indemnisation de 150 millions de franc-or qui doivent être payés, non pas aux esclaves, mais à leurs anciens maitres.

10. Attends que cette dette détruise ce qui n’a pas été dévasté par la guerre de libération, et favorise en 1915 une invasion des Etats-Unis, qui occupent le pays jusqu’en 1934.

11. Pendant cette occupation militaire, augmente les privatisation: privatisation de la Nature (en 1925 60% des forêts étaient détruites, aujourd’hui 98%), privatisation de la société (80% de pauvreté), privatisation de l’éducation (52% d’analphabètes), privatisation de la santé (mortalité infantile de 110 pour mille), privatisation de la terre (70% des agriculteurs ne possèdent pas de terre), privatisation de la sécurité sociale (les pensions de vieillesse et le droit de grève sont abolis), privatisation des salaires (1,50 dollar par jour), privatisation des bénéfices (les investisseurs obtiennent des retours sur investissements de 500%), privatisation du commerce (70% des exportations sont pour les Etats-Unis), privatisation des iles (les îles Tortue et Cayemites furent données), privatisation des droits de l’Homme (30 000 opposants disparus en 15 ans), privatisation du sang (qui est acheté 3 dollars le litre et revendu 25 dollars le litre.)

12. Au moment de retirer les troupes, laisse le pays occupé par des dynasties de dictateurs brutaux qui assassinent tous ceux qui luttent pour améliorer le niveau de vie, pour les réformes sociales ou pour la démocratie.

13. Si un candidat gagne des élections démocratiques, appuie un coup d’Etat qui le renverse, l’enlève et l’exile.

14. Après le Coup d’Etat, privatise la « Minoterie d’Haïti » et « Ciment d’Haïti », les entreprises de blé et de ciment, et vends les à une entreprise de Kissinger, pour qu’en cas d’urgence les haïtiens n’aient ni pain ni ciment pour reconstruire leur pays.

15. Si le dictateur qui a envoyé le démocrate en exil est démis par le peuple, envahis de nouveau Haïti avec 18 bateaux de guerre, 2 porte-avions nucléaires, des dizaines d’hélicoptères Blackhawk, des véhicules blindés et 6000 soldats criant : « Nous ne sommes pas en guerre ; nous venons restaurer la démocratie et apporter de l’aide humanitaire. »

16. Une fois le dictateur restauré, laisse de nouveau le pays occupé par les forces militaires de l’ONU.

17. Si, malgré tout cela, le président élu démocratiquement et démis revient de l’exil et gagne de nouveau les élections en 2001, empêche l’arrivée de toute aide extérieure, impose un blocus, appuie un nouveau Coup d’Etat, enlève le démocrate et envoie-le en exil en Afrique du Sud.

18. Occulte les dénonciations comme celle de Marguerite Laurent, du Réseau Haïtien de juristes, et défenseuse de Jean Bertrand-Aristide, qui soutient que « il a été prouvé que les Etats-Unis ont découvert du pétrole à Haïti il y a des décennies et que, du fait des circonstances géopolitiques de cette époque, ils ont décidé de garder le pétrole haïtien en réserves pour quand celui du Proche Orient sera épuisé. » Ceci est détaillé par le Dr. Georges Michel dans un article daté du 27 mars 2004, dans lequel il résume l’histoire des explorations et des réserves pétrolifères d’Haïti, et dans les recherches du Dr. Ginette et de Daniel Mathurin. Il y a aussi des preuves que ces mêmes grandes compagnies pétrolières étasuniennes et leurs monopoles d’ingénierie et de sous-traitants dans la Défense ont fait des plans, il y a des décennies, pour les eaux des mouillages de Haïti, ou bien pour des raffineries de pétrole ou bien pour développer des endroits de stockage pour le pétrole brut, qui serait ensuite transbordé a des petits bateaux pétroliers pour approvisionner les Etats-Unis et les ports des Caraïbes. Tout ceci est détaillé dans un document sur la Dunn Plantation de Fort Liberté à Haïti (Cintia McKinney: Global Research).

19. Utilise contre le pays, sans déclaration de guerre, tout le répertoire des armes psychologiques, chimiques, bactériologiques, virales, climatiques et tectoniques que peuvent produire les laboratoires du mal.

20. Quand le désastre naturel s’abat sur un peuple qui a supporté tant de catastrophes politiques et sociales, occupe ses aéroports et ses points stratégiques avec des unités de la IVème flotte, de la 82ème division aéroportée, 20 000 marines armés et 3500 soldats supplémentaires de l’ONU, pour empêcher l’arrivée de secours, terminer avec les balles ceux que le séisme n’a pas exterminé et convertir le pays en base militaire.

Une fois le pays de retour à l’esclavage, n’oublie pas que ce manuel est à format unique et s’applique à tous les pays du monde, chacun son tour.


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Article en espagnol ici

Traduit par R.V. avec l'autorisation de l'auteur

9 févr. 2010

L'Equateur dans l'ALBA*




*Alliance Bolivarienne pour l'Amérique

1

L’historien Plutarque a écrit sur les Vies parallèles pour démontrer qu’il y a des coïncidences entres des personnages historiques distincts. Il faudrait un autre Plutarque pour narrer les ressemblances entre les pays de Notre Amérique : des histoires parallèles qui, contredisant la géométrie, ne font que se rencontrer.

2

L’Equateur, comme le Venezuela, fut libéré par les troupes de la Grande-Colombie. Après la libération, l’Equateur, comme le Venezuela, souffre le harcèlement des nouveaux conquistadors. Les Etats-Unis imposèrent la base navale de Manta, qui orienta surement l’agression de la Colombie. En faisant usage de sa souveraineté, L’Equateur exigea et obtint la désoccupation de Manta. Les Etats-Unis encerclent le Venezuela avec 9 bases militaires en Colombie et Curaçao et en installent 2 supplémentaires au Panama. Face aux bases à l’intérieur des frontières, la souveraineté ; face aux bases aux frontières, la cohésion souveraine.

3

L’Equateur et le Venezuela souffrent du poids écrasant de leurs dettes extérieures. Les 2 se ressemblent comme des gouttes d’eau : contractées sans respecter les conditions légales et constitutionnelles indispensables ; dilapidées en commissions, rapports techniques et intermédiations ; pactées de forme illégale entre préteurs et emprunteurs sans autre but que de s’enrichir ; avec des clauses immorales qui permettent au prêteur de changer les intérêts et les conditions du contrat selon ses caprices. Elles présentent toutes deux toutes les caractéristiques de la « dette infâme », en vertu de laquelle les Etats-Unis annulèrent la dette de Cuba envers l’Espagne en 1899. En 1984 je fis partie d’une Commission d’Étude et de Réforme Fiscale qui détermina que près de la moitié de la dette extérieure vénézuélienne fut contactée irrégulièrement. Par manque absolu de ressources pour payer, l’Equateur fut mis en demeure en 1999 et dut « dollariser » sa monnaie. En 2007 Correa a crée une Commission d’Audit intégral du Crédit Public, selon laquelle la dette fut contractée au détriment du droit national vu

« a. l’usurpation des affaires internes du pays qui résultèrent être un affront à la souveraineté

b. la remise de l’immunité souveraine du pays, de l’immunité de juridiction et du droit à la défense et à la réclamation

c. la violation des droits fondamentaux du peuple et des communautés et irrespect des traités sur les droits de l’homme

d. les clauses abusives qui violent les droits d’un pays souverain

e. la violation des régulations du FMI, de la Banque Mondiale et de l’IDB, ainsi que des lois des pays prêteurs et emprunteurs.

f. les relations asymétriques entre les parties

g. l’usure et les intérêts composés

L’Equateur appliqua la stratégie de rachat des titres à la baisse, pour un total de 10 124 millions de dollars, 19,8% du PIB, pour seulement 7 015 millions de dollars : 13,7% du PIB, avec une baisse proche du tiers du montant d’origine. Pour éviter que des tribunaux étrangers prennent les décisions sur les contrats d’intérêt public, l’Equateur se retira du centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le Venezuela appuya cette décision, sans la mettre en œuvre. Le résultat est que des fonctionnaires et des juges, qui de national n’ont que le surnom, continuent à soumettre notre souveraineté à des juges, des arbitres et des systèmes normatifs étrangers. Cette attitude contre notre pays de la part de fonctionnaires qui devraient le défendre a couté au Venezuela un blocus et un bombardement par 3 empires en 1902, et la tentative d’embargo de ses réserves internationales par Exxon l’an passé. De la même façon que l’Equateur, en révisant notre Dette et en nous retirant de l’infâme CIRDI, nous devons implémenter des politiques patriotes, immédiates, contendantes.

4

En Equateur, comme au Venezuela, le dévouement des partis traditionnels au néolibéralisme a ouvert la voie aux mouvements sociaux. En 10 ans, 7 présidents ont été répudiés par les masses. Au Venezuela comme en Equateur les mouvements sociaux ont ouvert le chemin vers le socialisme. Ici nous l’appelons le socialisme Bolivarien, en Equateur le Révolution Citoyenne, ou Sumak Kawsay, le bien vivre ou vivre en plénitude. Les 2 impliquent la démocratie, l’emphase sur les dépenses publiques, la socialisation progressive des moyens de production. J’assiste à une réunion de mouvements sociaux à Quito, où l’on discute longtemps, passionnément et avec tension sur la participation des bases. Après un long parcours à travers les Andes j’arrive à Ambato, où Rafael Correa rend les comptes de la troisième année de la Révolution Citoyenne, au milieu de gigantesques images de Bolívar, Montalvo et Alfaro, devant une concentration colossale pour cette petite ville. Ici il annonce la révocation de 4000 concessions sur des ressources naturelles données allègrement. Il affirme que 80% du prix de chaque baril de pétrole reste pour l’Equateur. Il affirme qu’il ne souscrira pas les accords de Yasuni sur l’abstention d’usage des ressources naturelles, dans lequel les européens ont inséré des clauses déprimantes et qui vont contre la souveraineté de l’Equateur. Ils exigeaient d’étendre l’accord sur plus du double du territoire originalement accordé, faire et défaire selon leur volonté. Les ressources de l’Equateur appartiennent à l’Equateur, de la même façon que celles du Venezuela appartiennent au Venezuela, de tout les vénézuéliens sans exception, et non de groupes minoritaires de l’extérieur ou de l’intérieur.

5

L’Equateur, comme le Venezuela, est un pays côtier, andin et amazonien. Le Venezuela, comme l’Equateur, conserve des ressources convoitables d’hydrocarbures, de biodiversité et d’eau douce.

L’Equateur, le Venezuela et l’Amérique Latine souffrons de généreux sauveurs européens ou étasuniens qui prennent le contrôle de nos ressources, en nous divisant et en nous faisant nous affronter entre américains. C’est à ce nom que 60 millions de personnes moururent et 190 millions de kilos d’argent furent extraits de notre sol pour enrichir l’Europe. En Equateur, la minoritaire CONAIE (Confédération des Nations Indigènes de l’Equateur) a exigé que Correa leur donne le pouvoir de prendre les décisions sur les concessions des ressources naturelles du pays, avec « CONSENTEMENT PREALABLE, LIBRE ET INFORMÉ, avec droit de véto et de caractère inaliénable ». Correa le leur refusa, la CONAIE s’est présenté aux élections et n’a obtenu qu’un seul député. La décision sur les ressources naturelles appartient toujours en Equateur à la majorité démocratique. Au Venezuela ils nous ont aussi demandé de donner le contrôle des ressources naturelles et du sous-sol aux minorités. Et bien Non. 60% de l’eau douce et 80% de la biodiversité de la planète, la jungle qui produit l’oxygène et la plus grande part des hydrocarbures, ainsi que le droit à les exploiter de manière souveraine, nous appartiennent de façon indivisible, intransférable et démocratique à nous, latino-américains et caribéens, qui l’avons gagné ensemble avec notre souveraineté. Que Dieu nous protège des conquistadors et des exploiteurs, je me charge des sauveurs. Au moment de défendre notre unité et notre souveraineté et le droit à disposer de nos ressources, nous sommes identiques, Equateur, Venezuela, Amérique Latine et Caraïbes.


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Traduit par R.V. avec l'autorisation de Luis Britto Garcia (me contacter pour d'éventuelles améliorations de la traduction)

Article d'origine en espagnol ici