8 oct. 2010

(In)sécurité




1.

La sécurité, comme le disait Montesquieu, est le premier de tous les bien, car sans elle les autres n’existent pas, et elle présente 2 aspects: elle-même, et la perception que les citoyens en ont. En exacerbant la perception d’insécurité, les mécanismes de panique et d’agression de l’esprit saurien sont déclenchés. C’est ainsi que l’on crée les fascismes. Pour se sauver il est nécessaire de désactiver cette perception

2

La presse publie des chiffres non-officiels selon lesquels le nombre d’homicides par an serait passé de 5 968 en 1999 à 13 978 en 2009. En mai 2009 wikipedia nous donnait un taux de 48 homicides pour 100 000 habitants par an ; ce qui nous plaçait en sixième position mondiale. Que veulent dire ces chiffres ? Les morts violentes dans des accidents de circulation y sont-elles inclues ? Les chiffres sont-ils pondérés par l’augmentation de la population de presque un tiers, passant de 22 millions d’habitants en 1999 à 28 835 849 en 2010 ? De toute façon, ces chiffres sont les indices d’un problème réel que nous devons analyser et auquel nous devons remédier, au lieu de le renier.

3

Les enfants nés et ayant été formés pendant le gouvernement bolivarien vont bientôt avoir 10 ans. Leurs crimes ne peuvent pas être plus importants que de voler le gouter de leurs compagnons de classe. Les statistiques des délits se basent sur des personnes nées et formées pendant la Quatrième République. Les défenseurs de la Quatrième République crachent contre le vent, puisqu’ils accusent les actes d’une génération qui a été formée pendant qu’eux même étaient au pouvoir.

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Les difficultés de contrôler une frontière de plus de 2 000 kilomètres ont permis la pénétration de paramilitaires que nous dénonçons depuis un certain temps. Il y a 2 ans, le Président a reconnu que l’invasion était parvenue jusqu'à Caracas. Les infiltrés montent des cabales, supplantent la pègre, assassinent des dirigeants agraires et syndicaux, réduisent les communautés a la panique par d’horribles crimes et blanchissent leurs capitaux a travers des bingos, casinos, salles de jeux et maisons closes parrainés par les autorités les plus corrompues, immorales et nauséabondes. Selon le rapport 1998-2000 de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, la Colombie avait à cette époque un taux de 61,7847 homicides pour 100 000 habitants, le plus haut taux du monde et deux fois plus élevé que celui du Venezuela qui était de 31,6138 pour 100 000 habitants. Un ordinateur magique a par la suite réduit le taux de la Colombie a 37 et élevé le notre a 48. Ce sont des chiffres qui font réfléchir, vérifier, rectifier et agir.

5

Mais il ne s’agit pas d’un problème purement quantitatif. La présence d’organisations délictueuses avec une formation, une discipline et un financement militaire facilite une criminalité qualitativement différente. Les données que nous apportons au Seniat (Service National des Impôts au Venezuela) sur notre situation économique sont vendues le jour suivant par des colporteurs garce à ce qui n’est finalement qu’une base de données pour la sélection de victimes. Des délinquants avec de fausses cartes de l’administration tributaire inspectent les comptes d’un entrepreneur dont les enfants ont été enlevés ; des criminels en uniformes de policiers interceptent la voiture des malheureux. La téléphonie mobile et les distributeurs automatiques sont les instruments de nouvelles fraudes et de stratégies comme l’enlèvement express. Le vol de véhicules est entretenu par des réseaux de ferrailleries connus de tout le monde où la marchandise est recyclée et vendue en pièces détachées, et par des mafias de fonctionnaires qui falsifient leurs titres de propriété. Le Venezuela ne produit pas de drogue, mais des organisations supranationales tentent d’utiliser notre territoire comme voie de trafic. Les journaux colombiens obtiennent les confessions du trafiquant Hernando Gómez Bustamante (connu sous le pseudo de Rasguño, l’égratignure), détenu à Cuba et envoyé en Colombie, et dont l’ordinateur « pourrait contenir des preuves qui lient certains anciens chefs de l’AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) détenus dans la prison d’Itagüí, à des activités de trafic de drogues postérieures au cessez-le-feu (El Colombiano, 23-3-2007, 8ª). «Rasguño» affirme dans ce journal que “Le Venezuela est le temple du trafic de drogue. Il y a une association de vénézuéliens, colombiens, brésiliens. Il est très facile de faire du trafic parce que la bas ils n’attrapent a personne. » Il s’agit d’une guerre formelle, contre un ennemi militaire ou militarisé. Avant de commencer cette guerre, il faut faire le ménage dans la maison.

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Pendant ce temps, selon l’Organisation Panaméricaine de la Santé, à Cuba le taux d’homicides est de 0,0057 pour 1 000 habitants (641 personnes par an). Cela explique tout. On a recours à la violence pour obtenir ou conserver un bien quand les autres procédés ont échoué. Dans des sociétés ou une infime minorité accaparent les biens indispensables, la majorité dépossédée opte pour la violence ou l’inanition. Si le système de communication les convainc 24 heures par jour que seul celui qui possède vaut, la violence se convertira en valeur.

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Face a la violence, dans des sociétés pleines d’inégalités, il faut faire attention aux remèdes qui sont pire que la maladie.
Il faut éviter les opérations qui impliquent la détention massive de tout un quartier pour le seul délit d’être pauvre. Il faut recommander l’abandon des armes, mais que les neofascistes et les paramilitaires donnent l’exemple. Il faut accélérer l’intégration de la Police Nationale, qui convertit en un seul organisme coordonné la myriade de milices féodales aux ordres exclusifs des caudillos locaux. Le remède contre la délinquance est simple, mais amère pour tous ceux qui s’en plaignent. C’est exactement ce que l’opposition déteste : réparer l’extrême inégalité sociale.


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Traduit avec l'autorisation de l'auteur.

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Article original en espagnol ici