9 févr. 2010

L'Equateur dans l'ALBA*




*Alliance Bolivarienne pour l'Amérique

1

L’historien Plutarque a écrit sur les Vies parallèles pour démontrer qu’il y a des coïncidences entres des personnages historiques distincts. Il faudrait un autre Plutarque pour narrer les ressemblances entre les pays de Notre Amérique : des histoires parallèles qui, contredisant la géométrie, ne font que se rencontrer.

2

L’Equateur, comme le Venezuela, fut libéré par les troupes de la Grande-Colombie. Après la libération, l’Equateur, comme le Venezuela, souffre le harcèlement des nouveaux conquistadors. Les Etats-Unis imposèrent la base navale de Manta, qui orienta surement l’agression de la Colombie. En faisant usage de sa souveraineté, L’Equateur exigea et obtint la désoccupation de Manta. Les Etats-Unis encerclent le Venezuela avec 9 bases militaires en Colombie et Curaçao et en installent 2 supplémentaires au Panama. Face aux bases à l’intérieur des frontières, la souveraineté ; face aux bases aux frontières, la cohésion souveraine.

3

L’Equateur et le Venezuela souffrent du poids écrasant de leurs dettes extérieures. Les 2 se ressemblent comme des gouttes d’eau : contractées sans respecter les conditions légales et constitutionnelles indispensables ; dilapidées en commissions, rapports techniques et intermédiations ; pactées de forme illégale entre préteurs et emprunteurs sans autre but que de s’enrichir ; avec des clauses immorales qui permettent au prêteur de changer les intérêts et les conditions du contrat selon ses caprices. Elles présentent toutes deux toutes les caractéristiques de la « dette infâme », en vertu de laquelle les Etats-Unis annulèrent la dette de Cuba envers l’Espagne en 1899. En 1984 je fis partie d’une Commission d’Étude et de Réforme Fiscale qui détermina que près de la moitié de la dette extérieure vénézuélienne fut contactée irrégulièrement. Par manque absolu de ressources pour payer, l’Equateur fut mis en demeure en 1999 et dut « dollariser » sa monnaie. En 2007 Correa a crée une Commission d’Audit intégral du Crédit Public, selon laquelle la dette fut contractée au détriment du droit national vu

« a. l’usurpation des affaires internes du pays qui résultèrent être un affront à la souveraineté

b. la remise de l’immunité souveraine du pays, de l’immunité de juridiction et du droit à la défense et à la réclamation

c. la violation des droits fondamentaux du peuple et des communautés et irrespect des traités sur les droits de l’homme

d. les clauses abusives qui violent les droits d’un pays souverain

e. la violation des régulations du FMI, de la Banque Mondiale et de l’IDB, ainsi que des lois des pays prêteurs et emprunteurs.

f. les relations asymétriques entre les parties

g. l’usure et les intérêts composés

L’Equateur appliqua la stratégie de rachat des titres à la baisse, pour un total de 10 124 millions de dollars, 19,8% du PIB, pour seulement 7 015 millions de dollars : 13,7% du PIB, avec une baisse proche du tiers du montant d’origine. Pour éviter que des tribunaux étrangers prennent les décisions sur les contrats d’intérêt public, l’Equateur se retira du centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le Venezuela appuya cette décision, sans la mettre en œuvre. Le résultat est que des fonctionnaires et des juges, qui de national n’ont que le surnom, continuent à soumettre notre souveraineté à des juges, des arbitres et des systèmes normatifs étrangers. Cette attitude contre notre pays de la part de fonctionnaires qui devraient le défendre a couté au Venezuela un blocus et un bombardement par 3 empires en 1902, et la tentative d’embargo de ses réserves internationales par Exxon l’an passé. De la même façon que l’Equateur, en révisant notre Dette et en nous retirant de l’infâme CIRDI, nous devons implémenter des politiques patriotes, immédiates, contendantes.

4

En Equateur, comme au Venezuela, le dévouement des partis traditionnels au néolibéralisme a ouvert la voie aux mouvements sociaux. En 10 ans, 7 présidents ont été répudiés par les masses. Au Venezuela comme en Equateur les mouvements sociaux ont ouvert le chemin vers le socialisme. Ici nous l’appelons le socialisme Bolivarien, en Equateur le Révolution Citoyenne, ou Sumak Kawsay, le bien vivre ou vivre en plénitude. Les 2 impliquent la démocratie, l’emphase sur les dépenses publiques, la socialisation progressive des moyens de production. J’assiste à une réunion de mouvements sociaux à Quito, où l’on discute longtemps, passionnément et avec tension sur la participation des bases. Après un long parcours à travers les Andes j’arrive à Ambato, où Rafael Correa rend les comptes de la troisième année de la Révolution Citoyenne, au milieu de gigantesques images de Bolívar, Montalvo et Alfaro, devant une concentration colossale pour cette petite ville. Ici il annonce la révocation de 4000 concessions sur des ressources naturelles données allègrement. Il affirme que 80% du prix de chaque baril de pétrole reste pour l’Equateur. Il affirme qu’il ne souscrira pas les accords de Yasuni sur l’abstention d’usage des ressources naturelles, dans lequel les européens ont inséré des clauses déprimantes et qui vont contre la souveraineté de l’Equateur. Ils exigeaient d’étendre l’accord sur plus du double du territoire originalement accordé, faire et défaire selon leur volonté. Les ressources de l’Equateur appartiennent à l’Equateur, de la même façon que celles du Venezuela appartiennent au Venezuela, de tout les vénézuéliens sans exception, et non de groupes minoritaires de l’extérieur ou de l’intérieur.

5

L’Equateur, comme le Venezuela, est un pays côtier, andin et amazonien. Le Venezuela, comme l’Equateur, conserve des ressources convoitables d’hydrocarbures, de biodiversité et d’eau douce.

L’Equateur, le Venezuela et l’Amérique Latine souffrons de généreux sauveurs européens ou étasuniens qui prennent le contrôle de nos ressources, en nous divisant et en nous faisant nous affronter entre américains. C’est à ce nom que 60 millions de personnes moururent et 190 millions de kilos d’argent furent extraits de notre sol pour enrichir l’Europe. En Equateur, la minoritaire CONAIE (Confédération des Nations Indigènes de l’Equateur) a exigé que Correa leur donne le pouvoir de prendre les décisions sur les concessions des ressources naturelles du pays, avec « CONSENTEMENT PREALABLE, LIBRE ET INFORMÉ, avec droit de véto et de caractère inaliénable ». Correa le leur refusa, la CONAIE s’est présenté aux élections et n’a obtenu qu’un seul député. La décision sur les ressources naturelles appartient toujours en Equateur à la majorité démocratique. Au Venezuela ils nous ont aussi demandé de donner le contrôle des ressources naturelles et du sous-sol aux minorités. Et bien Non. 60% de l’eau douce et 80% de la biodiversité de la planète, la jungle qui produit l’oxygène et la plus grande part des hydrocarbures, ainsi que le droit à les exploiter de manière souveraine, nous appartiennent de façon indivisible, intransférable et démocratique à nous, latino-américains et caribéens, qui l’avons gagné ensemble avec notre souveraineté. Que Dieu nous protège des conquistadors et des exploiteurs, je me charge des sauveurs. Au moment de défendre notre unité et notre souveraineté et le droit à disposer de nos ressources, nous sommes identiques, Equateur, Venezuela, Amérique Latine et Caraïbes.


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Traduit par R.V. avec l'autorisation de Luis Britto Garcia (me contacter pour d'éventuelles améliorations de la traduction)

Article d'origine en espagnol ici

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