- Que sont la Commission et la Cour Interaméricaine des droits de l’Homme ?
- Ce sont des organismes qui dépendent de l’Organisation des Etats Américains, organisme qui a ses installations à Washington et qui sert fondamentalement à valider les politiques des Etats-Unis, qui payent plus de la moitié de son budget
- La Commission et la Cour interaméricaine de l’OEA défendent les Droits de l’Homme ?
- Seulement s’ils sont violés par un Etat. S’ils sont violés par un entrepreneur, un propriétaire terrien, un banquier ou une transnationale, elles restent les bras croisés. Elles ne s’occupent pas non plus du droit au travail, à la terre, à l’eau, à l’éducation, à la santé, à la sécurité sociale, à la culture et à l’information : à tout ce qui rend la vie digne et possible.
- La cour interaméricaine est impartiale?
- Aucunement. Durant les horribles décennies de la Quatrième République, quand il y avait des massacres, des camps de concentration, la torture, des milliers de disparus et des suspensions de garanties qui duraient des années, la Commission a donné suite à seulement 6 demandes, dont une faite par le terroriste Orlando Bosch et une autre par le terroriste Posada Capriles. Durant la décennie du gouvernement bolivarien, quand toutes ces pratiques ont disparu, la Commission a donné suite à 66 demandes contre le Venezuela.
- La Commission et la Cour sont-elles efficaces ?
- Seulement pour défendre les droits du capital. Elle ne se sont jamais prononcé contre la dictature des Somoza, mais elles ont condamné la Révolution Sandiniste. Quand le président Chavez a été pris en otage par des putschistes fascistes la Commission n’a pas bougé le petit doigt pour prendre une mesure préventive en sa faveur, alors que l’organisation Colombienne Minga le lui avait exigé. Elle n’a rien fait non plus quand le président Manuel Zelaya a été enlevé. Quand le président Rafael Correa a été enlevé et blessé par balle par des putschistes fascistes, elle n’a rien dit non plus. Quand Correa a gagné légitimement un procès contre les monopoles du secteur des communications qui l’avaient calomnié, cette fois ci, la Commission est intervenu pour demander à Correa de pardonner.
- La Commission Interaméricaine reçoit des plaintes valides ?
- Dans son rapport de 2011, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme nous accuse dans 233 paragraphes. Dans 205 de ces 233 cas, les ressources internes n’ont pas été épuisées, et donc la Cour ne devrait même pas les connaitre car son Statut le lui interdit. Dans 225 de ces cas, elle oublie de mentionner des faits comme les noms, dates, lieux et autres, alors qu’elle est obligée de les préciser dans son Statut. Dans 182 cas, elle juge des suppositions de faits futurs et incertains, qui « pourraient » se passer. Dans la grande majorité des cas, elle se base sur des rumeurs ou des coupures de presse, qu’aucun tribunal digne de ce nom ne recevrait comme preuve. Elle donne même son avis sur des projets de lois, dont la sanction dépend de l’Assemblée Nationale, et non pas d’une officine à Washington.
- Les décisions de la Commission contre le Venezuela sont biaisées?
- Dans son rapport, la Commission nous place avec la Colombie, Honduras et Haïti, dans les pays qui présentent des “situations qui affectent sérieusement et gravement la jouissance des droits fondamentaux.” Nous assimiler à des pays occupés par les Etats-Unis ou à des gouvernements surgis de coups d’Etats ou de guerres civiles est une injure.
- Qui paye la Commission Interaméricaine et la Cour interaméricaine?
- La Commission interaméricaine et la Cour Interaméricaine dépendent de l’Organisation des Etats Américains (OEA), à laquelle les Etats-Unis apportent chaque année 44,2 millions de dollars, plus de la moitié de son budget. Le National Endowment for Democracy (NED) finance aussi, avec des quantités non précisées mais importantes, une myriade d’ONGs qui trament des accusations contre le Venezuela. Ces juteuses rétributions pourraient être réduites à l’initiative du Député Connie Mack, de Floride, selon qui « L’OEA est une organisation en Amérique Latine qui a échoué » (AFP, 3-5-2012). La Commission interaméricaine harcèle le Venezuela à coups de dollars.
- Peut-on éviter que le Venezuela soit jugé par des organismes qui ne reconnaissent pas sa souveraineté?
- Rien de plus simple. L’article 236 de la Constitution établit que “les relations extérieures de la République et la célébration et ratification de traités, conventions et accords internationaux sont des attributions et obligations du Président de la République ». s’il peut les célébrer, il peut aussi les dénoncer. L’article 187 dit que « Il correspond à l’Assemblée Nationale d’approuver par Loi les Traités et Conventions internationales célébrées par le Pouvoir Exécutif National, sauf exceptions mentionnées dans cette Constitution ».
- Le Venezuela est le seul pays à formuler des critiques contre les procédés illégaux de la Commission et la Cour Interaméricaine ?
- Dans le rapport du « Groupe de Travail spécial de Refléxion sur le fonctionnement de la Commission Interaméricaine” du 13 décembre 2011, les représentants du Brésil, de la Bolivie, de l’Equateur, du Mexique et du Pérou recommendent à la Commission de “a) Réfléchir sur l’efficacité du Chapitre IV du Rapport Annuel de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme sur la promotion des Droits de l’Homme dans l’hémisphere. B) Revoir les critères, méthodologies et procédés pour l’élaboration de ce Chapitre IV, y compris l’usage de sources publiques et privées. C) Amplifier le spectre de ce Chapitre IV pour que la situation des Droits de l’Homme dans tous les Etats de la région soit analysée de manière objective et intégrale, indépendamment du fait que ces Etats fassent ou non partie des instruments interaméricains des Droits de l’Homme. D) Considérer dans l’élaboration du Chapitre IV, non seulement les droits civils et politiques, mais aussi les droits économiques, sociaux et culturels. »
On ne peut mépriser le fait qu’autant de pays de cette importance ordonnent à un organisme de reconsidérer son efficacité, ses critères, ses méthodologies, ses limites et son étroitesse de vue. Ce sont des pays qui comprennent près de la moitié du territoire et de la population d’Amérique Latine et des Caraïbes.
- Si nous sortons de la Commission et de la Cour, nous nous retrouverons isolés ?
- Ni les Etats-Unis ni le Canada n’ont été soumis, jamais, à la Commission ou à la Cour. Mieux vaut les isoler eux.
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13 mai 2012
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Commission InterAméricaine de l'OEA (mais que vous n'osiez pas demander)
3 juil. 2011
L'Axe du Pacifique contre la Communauté d'Etats latino-américains et des Caraibes

1
Les analystes impériaux doivent étudier la Communauté des Etats Latino-Américains et des Caraïbes avec déplaisir, préoccupation et confusion. Cette union colossale de 38 pays, qui exclue les Etats-Unis et la Canada, comprend 550 018 000 habitants distribués sur 20 446 902 km2, et la majorité de ses présidents sont de gauche ou pour le moins progressistes : Cristina Kirchner en Argentine, Evo Morales en Bolivie, Dilma Roussef au Brésil, Raúl Castro á Cuba, Rafael Correa en Equateur, Leonel Fernández en République Dominicaine, Álvaro Colom au Guatemala, Daniel Ortega au Nicaragua, Fernando Lugo au Paraguay, Ollanta Humala au Pérou, José Mujica en Uruguay, Hugo Chávez Frías au Venezuela, beaucoup des pays antillais et de Guyane. Ils administrent l’immense majorité de la population, du territoire et du Produit Brut d’Amérique Latine et des Caraïbes.
2
Toute thèse génère une antithèse; toute action une réaction. Face à l’UNASUR se présente l’Alba, face á la Communauté les Etats-Unis opposent un Axe du Pacifique décharné, dont l’orientation des gouvernements n’est pas due à la volonté démocratique de ses peuples mais à des exterminations massives soutenues par les Marines. En 1973 Pinochet a annihilé l’Unité Populaire chilienne par un coup d’Etat sponsorisé par Kissinger. López Obrador soutient que l’actuel gouvernement mexicain a surgit d’une fraude électorale. Le président hondurien Lobo vient d’un putsch soutenu par la base de Palmasola. Dans la république sœur de Colombie l’invasion des bases yankees et le plan Colombia pèsent abominablement avec des chiffres record de violation des Droits de l’Homme qu’il serait long de détailler. Entre 1990 et 2000 le japonais-péruvien ou péruvien-japonais Alberto Fujimori a dissout le Congres et exterminé l’opposition socialiste lors d’un génocide massif sans commune mesure. Le souvenir de ce bain de sang a peut-être déterminé la défaite de sa fille Keiko par les survivants. Beaucoup de gouvernements caribéens ou d’Amérique Centrale alignés avec les Etats-Unis proviennent de coups d’Etats ou de génocides de même magnitude. Le néolibéralisme entre avec le sang.
3
550 millions de latino-américains et caribéens nourrissent des nuances et distillent des relativismes. Tout progressiste qu’il soit, Fernando Lugo ne peut pas grand-chose contre les forces conservatrices enkystées au Paraguay. Le pouvoir de Cristina Kirchner est très relatif contre les oligarchies argentines ; celui de Pepe Mujica est faible face á la ploutocratie uruguayenne, et celui de Dilma très ténu sur ce continent que l’on appelle Brésil. Une bataille encore plus difficile attend celui qui a rompu la colonne de l’Axe du Pacifique avec un avantage électorale de 3 points : Ollanta Humala. Il hérite d’un Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis similaire à celui qui a ruiné le Mexique. Le Pérou néolibéral du japonais Fujimori et d’Alan García a donné de grands dividendes aux transnationales aux dépens du peuple. En 2009, 34,8% de la population du Pérou est pauvre ; son indice de Gini de 49,6 reflète de grandes inégalités ; les 10% les moins favorisés de la population accède seulement à 1,5% des revenus nationaux alors que les 10% les plus favorisés accaparent 37,9%, les dépenses en éducation du pays sont d’ à peine 2,7% du PIB et la dette extérieure de 33,4 milliards de dollars US. C’est le second exportateur de cocaïne dans le monde ; son gouvernement néolibéral a reconnu que 17% de son PIB provient de cette source. Oscar Ugarteche souligne que les péruviens ont une participation salariale de 22% du PIB contre 45% au Chili et 40% au Brésil, et que le seul autre pays avec une participation salariale si basse est le Mexique où elle a chuté de 40% á 29% du PIB (El triunfo de Humala y el nuevo horizonte. Rebelión, 6-6-2011).
4
Repassons donc le pour et le contre qui pèsent sur Ollanta Humala: ce sont les mêmes qui gravitent autour de l’Amérique Latine. Son avantage électoral n’est pas tranchant, mais le précaire front tramé par Keiko Fujimori sous les auspices de l’ambassade étasunienne ne l’est pas non plus. Humala a contre lui le patronat, les médias de communication, une partie de la hiérarchie ecclésiastique et le Département d’Etat : ce fut aussi le cas du Venezuela pendant 11 ans et regardez où nous sommes aujourd’hui : Il se peut qu’une partie de l’Armée soit contre lui, mais la majeure partie a soutenu la nationalisation de l’industrie pétrolière du General Velasco. Il ne compte pas avec autant de réserves que le Venezuela, mais il a d’importantes exportations d’or, de cuivre, de molybdène, de fer, d’hydrocarbures, de produits végétaux et de poisson pour un total de 35,560 milliards de dollars en 2010 : mais une petite partie de ce produit seulement arrive jusqu’au peuple. La redistribution de ce revenu entre les masses peut cimenter un consensus imbattable. Humala n’a pas toutes les cartes, mais il en a plus que l’oligarchie péruvienne, et infiniment plus que l’Empire en Amérique Latine.
5
Car, alors que l’Axe du Pacifique se fragmente, l’Empire se noie sous une dette externe équivalente a son PIB, et s’est fait gronder il y a peu par la Chine, maussade, pour avoir proposé un « moratoire technique » sur ce passif. Il s’effondre sous le poids de quatre désastreuses guerres de pillage pétrolier et le rejet du peuple (« 56% des votants croient que les Etats-Unis vont dans la mauvaise direction et seulement 35% pensent que le pays va sur le bon chemin… ») (http://mexico.cnn.com/mundo/2010/07/19/encuesta-la-aprobacion-de-la-gestion-de-barack-obama-va-en-descenso).
6
Ce n’est pas le moment de faiblir, ni de se dissocier de l’accablante majorité latino-américaine et caribéenne en chemin vers le futur socialiste, pour s’attacher le cou à la roue du moulin de la collaboration avec le terrorisme d’Etat néolibéral et putschiste. Il est interdit de se suicider au printemps.
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Texte et photo de Luis Britto García
Traduit par R.V. avec l'accord de l'auteur
Texte orginal a cette adresse: http://luisbrittogarcia.blogspot.com/2011/06/eje-del-pacifico-contra-comunidad-de.html
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5 mai 2011
Le jour où les réserves internationales ont disparu

1
Quand l’atrocité devient quotidienne, plus rien n’étonne. Une coalition des plus voraces puissances impérialistes bombarde la Lybie, poursuivant l’opération de vol global de l’énergie fossile qui conduira à une Guerre Mondiale, et les prochaines victimes s’abstiennent d’y mettre leur veto. Les voleurs de pétrole pillent les réserves internationales du pays attaqué en annihilant au passage le système financier mondial, et les medias feignent que rien ne s’est passé
2
Quand le pillage viole la loi, il n’y a plus d’autre loi que le pillage. Par d’insignifiants gros titres, certains médias informent que 200 milliards de dollars de réserves internationales de la Lybie ainsi que 70 milliards de dollars de l’Office Libyenne d’investissement déposés à l’étranger ont été confisqués. Cette nouvelle explosive supère, de par son pouvoir de destruction, toutes les bombes lâchées sur le pays africain pour le délit de possession de pétrole. Cela signifie qu’il n’y a pas de différence entre déposer de l’argent dans des institutions financières internationales ou le laisser au milieu de la rue. Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, cela signifie que les institutions financières internationales ne sont pas seulement inutiles, mais aussi dangereuses.
3
A partir du moment où la fraude soutient les systèmes, il n’y a pas d’autre système que la fraude. En 1944 les Etats-Unis ont obligé les pays de l’orbite occidentale, en les menaçant avec leur armée de la 2eme Guerre Mondiale, à souscrire aux accords de BrettonWoods, selon lesquels toutes les monnaies doivent être rattachées au dollar, et le dollar n’est rattaché à aucune monnaie. Pour que les Etats et les personnes perdent le contrôle de ces sommes colossales, on a fait pression pour qu’ils utilisent le dollar et les déposent dans des institutions internationales. Parmi les raisons du déclenchement de la guerre contre l’Iraq se trouve le plan de ce pays de changer ses énormes réserves en d’autres monnaies. De son coté, Kadhafi avait l’idée d’utiliser les énormes réserves citées précédemment ainsi que ses 144 tonnes d’or afin de créer le « dinar-or libyen » comme une devises africaine qui servirait d’alternative au dollar et à l’euro. Le Venezuela est aussi dans la mire pour avoir diversifié ses réserves, et pour avoir proposé le Système Unifié de Compensation Régionale (Sucre) dans le même but. Il n’y a pas d’autre recette que l’extermination de tous ceux qui menacent le plus fabuleux de tous les business de l’empire : imprimer du papier non adossé et obliger les autres pays à l’accepter comme monnaie.
4
Deux colonnes maintiennent ce système financier international : 1) l’argent déposé par une personne peut seulement être retiré par cette même personne ou une personne ayant un pouvoir légitime de le faire, ou un héritier 2) les biens des Etats sont insaisissables, conformément a la Convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des Etats et leurs biens, approuvée par l’Assemblée Générale le 16 Décembre 2004. Tel le nouveau Samson, la crapule qui a mis en place la saisie colossale des réserves internationales de la Lybie a démoli ces 2 colonnes, sans voir que le temple financier international va lui tomber dessus. Ou, si tu n’as toujours pas compris, tout dollar déposé dans une institution financière internationale sera transféré a ton pire ennemi pour qu’il t’assassine.
5
De la même façon qu’une coalition impérialiste bombarde, incinère, pille et dépèce un pays sans comprendre que cela éveille une résistance invincible, ses mercenaires confisquent les réserves internationales et les comptes bancaires d’un pays sans se rendre compte qu’ils éliminent l’unique soutien d’un système financier : la confiance. Cela pourrait impliquer une corrida bancaire de magnitude colossale. Quelques 20 pays possèdent 60% des réserves internationales, des 3,45 billons de dollars de la Chine jusqu’aux 115 milliards du Royaume Uni. Quel Etat ou particulier laissera un centime sur des comptes qui peuvent être confisqués à faveur de ses ennemis ? Y a-t-il en ce moment un seul Etat qui ne soit pas en train de planifier la façon de retirer ses fonds et réserves du système financier ? Mis à part les amis des pouvoirs impérialistes, bien sur. Eux si peuvent se considérer a l’abri. Kadhafi, par exemple, comptait sur l’inconditionnelle amitié de Berlusconi, à qui il a payé les élections. Il avait aussi à sa faveur la loyauté de Sarkozy, à qui il a aussi payé la campagne électorale. Il avait aussi a son actif l’affection d’Aznar et la fraternité de Juan Carlos de Borbon et du premier ministre anglais et d’Obama, qui l’ont tous reçu avec les honneurs. Kadhafi se considérait avec raison comme un « important associé de l’Occident ». Cet exemple doit rassurer considérablement les importants titulaires de dépôts dans les organismes financiers internationaux. Ou, pour mieux l’expliquer : toute devise que tu ne retires pas sera investie pour creuser ta tombe.
6
Le Venezuela laisse ses juges céder a des arbitres étrangers du « Centre International du Règlement des Différends relatifs aux Investissements » (CIADI pour ses sigles en espagnol), succursale de la Banque Mondiale, la décision sur des plaintes à son encontre pour un montant équivalent à celui de ses réserves internationales, en faisant confiance au principe récemment défunt selon lequel les réserves des Etats ne sont pas saisissables. Kadhafi pensait exactement la même chose. Exxon a déjà essayé de saisir nos réserves. Maintenant elle n’a plus d’obstacles pour le faire. Nous ferions mieux de retirer nos réserves internationales des organismes financiers et de démettre de leurs fonctions les juges qui ne croient pas en la souveraineté de juridiction. Soit nous apprenons de la Libye, soit nous nous trompons
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traduit par RV avec l'autorisation de l'auteur.
Article original ici
19 févr. 2011
Le Venezuela et les objectifs du millénaire

Mieux vaut mesurer le bien-être des peuples avec des objectifs qu’avec des adjectifs. Lors du Sommet du Millénaire de l’an 2000, l’ONU a fixé les Objectifs de Développement du Millénaire, des objectifs concrets et quantifiables qui doivent être atteints par les gouvernements avant 2015. En 2008 le Venezuela avait déjà largement dépassé 6 d’entre eux. Vérifions-le.
1. ERRADIQUER LA PAUVRETE EXTREME ET LA FAIM
Le Produit Intérieur Brut de notre pays (PIB) en 1998 était l’équivalent de 42.066.487.000 bolivars actuels; en 2009 il a quasiment doublé en atteignant 56.022.729.000. Cela n’est pas arrivé par hasard: la lutte contre la privatisation de « Petróleos de Venezuela S.A » ainsi qu’une firme politique de défense des prix au sein de l’OPEP y ont contribué. Mais, encore plus important que le montant, voyons la façon dont il est appliqué. En 1998 seulement 8.4% du PIB était destiné aux dépenses sociales ; en 2008 ce chiffre est monté á 18.8%. Entre 2004 et 2010 PDVSA (Petróleos de Venezuela S.A) a apporté directement l’équivalent de 61 369 millions de dollars au développement social. En partie grâce a cela, la pauvreté extrême a diminué de 42,5% en 1995 à 9,4% en 2007, et la pauvreté relative de 50,5% à 33,7%. L’indice de Gini d’inégalités de revenus dans les foyers est descendu de 0,4865 en 1998 a 0,3928, ce qui fait du Venezuela le pays avec le plus bas indice d’inégalité de l’Amérique Latine capitaliste, et l’indice de Développement Humain des Nations Unies, qui en 1998 était de 0,691 est désormais de 0,878 ce qui nous situe dans le Rang des pays Hautement Développés. En 1998, chaque Vénézuélien consommait 400,56 kilos d’aliments par an ; en 2009 il en consomme 499,75, un cinquième supplémentaire. En 1998 chaque Vénézuélien disposait de 2 202 calories par jour ; en 2009 le chiffre est monté à 2 790, dépassant largement la moyenne de 2 200 calories qui sont consommées en Afrique, Asie et Amérique Latine. Le taux de chômage se situait à 11% en 1998 et il est descendu à 7,5% en 2009. Le salaire minimum en base 100 en 1998 a été quasiment multiplié par 12 pour arrivé a 1 224 en 2010, et si l’on ajoute les tickets de consommation on arrive a 2 199, soit 20 fois plus qu’en 1998. Malgré l’inflation persistante, ces améliorations sont des triomphes retentissants contre la pauvreté.
2. ATTEINDRE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE UNIVERSEL
A la fin du XXème siècle on projetait une privatisation du système éducatif qui l’aurait rendu inaccessible à la majorité des vénézuéliens. Mais les dépenses en éducation sont passé de 3% du PIB en cette époque a 5,4% en 2000 et 6,3% en 2008. Grace a la Mission Robinson, le Venezuela a alphabétisé 1 678 671 de personnes jusqu’en 2009 et a éradiqué l’analphabétisme. En 1990 seulement 39,96% des enfants allaient á l’école maternelle ; en 2008 c’est plus du double avec 84,8%. En 1998-1999 seulement 53,41% des enfants en âge d’aller á l’école recevaient une éducation initiale, en 2008 le chiffre atteint 84,8%. Non seulement l’éducation gratuite est garantie: en 2008 quelques 4 055 135 élèves du système d’Education Basique bénéficient du Programme d’Alimentation Scolaire, le doublé de 1999.
En 1988 seulement 18% des jeunes étaient inscrits dans le système éducatif, contre 42,37% en 2008. Lors de la dernière décennie le gouvernement a crée 15 nouvelles universités; le nombre d’inscrits a l’université a doublé passant de 894 418 en 2000 á 2 109 331 en 2009. Au Venezuela il y a 9 329 703 personnes qui étudient : 1 vénézuélien sur 3 ; l’immense majorité des établissements a tous les niveaux sont publics et donc gratuits ; l’accès a l’éducation est universellement garanti.
3. PROMOUVOIR L’EGALITE ENTRE LES GENRES ET L’AUTONOMIE DE LA FEMME
Entre 1990 et 1998 la moyenne d’élèves de sexe féminin dans le système éducatif était de 31.25%, en 1996-1998 il a atteint 47.56%. Il y a plus de femmes que d’hommes dans l’éducation supérieure. Parmi les 5 pouvoirs de l’Etat, 4 ont été dirigés par des femmes. A l’Assemblée Nationale la représentation féminine est passé de 10% à 16,5%. Approximativement 60% de la participation dans les Conseils Communaux et les Missions est féminine; cette tendance est progressive et impossible de stopper.
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Merci de me signaler toute amélioration de la traduction.
L'article original en espagnol se trouve ici
Traduit avec l'autorisation de l'auteur Luis Britto García
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16 janv. 2011
Des cadeaux extrêmement dangereux

• Des amplificateurs acoustiques qui nous permettent de savoir ce que pensent les autres de nous et ce que nous pensons des autres
• Des traitements de botox qui paralysent les langues
• Des documents d’identité qui, au lieu d’un numéro de série, indiquent le coefficient d’intelligence
• Des GPS qui suivent á la trace les billets et les pièces et découvrent où vont exactement nos impôts
• Des programmes informatiques qui permettent aux amoureux de se voir comme ils seront dans quarante ans
• Du papier pour octroyer des nominations qui se désintègre lorsqu’on y appose le nom d’un incompétent
• Des autorisations pour ré-ouvrir des casinos fermés par un gouverneur
• Un haut-parleur offert á un imbécile
• Une autorisation pour inventer des démarches administratives offerte á un bureaucrate
• Des programmes qui calculent de combien augmentera la corruption á chaque nouvelle formalité administrative
• Des programmes qui calculent de combien diminuera le taux de vote á chaque nouvelle formalité administrative
• Des montres qui indiquent le moment exact de notre mort avec la circonstance aggravante que nous ne savons pas si elles fonctionnent réellement
• Une lampe magique qui réalise seulement les vœux que nous avons arrêté de désirer
• Une imprimante qui marque sur les politiciens leur date d’expiration
• Un détecteur de Nullités Suffisantes et de Médiocrités Consacrées
• Un pacte avec le Diable dans lequel on laisse au Diable le droit de nommer le juge qui donnera la sentence sur les désaccords du pacte
• Des pactes avec des transnationales dans lesquels on laisse aux transnationales le droit de nommer le juge qui donnera la sentence sur les désaccords des pactes
• Des juges qui décident que nos procès avec le diable seront évalués par des juges nommés par le Diable
• Des juges qui augmentent eux-mêmes leurs salaires et décident qu’ils ne paieront pas d’impôts sur l’augmentation
• Des traités dans lesquels nous donnons le privilège aux étrangers et aux transnationales de ne pas payer d’impôts dans notre pays et nous promettons de remplir nous même le trou fiscal qu’ils laissent
• Des bureaucrates qui s’occupent seulement des citoyens a travers des sites internet qui ne sont jamais ouverts
• Un vote de citoyen après avoir tenté inutilement de se communiquer a un site web qui n’ouvre jamais
• Des motocyclettes qui au lieu d’un titre de propriété, viennent avec un permis de violer toutes les lois.
• Un bureau, chargé de faire appliquer la loi aux medias de communication, qui n’applique pas la loi
• Un spot publicitaire qui dénonce les spéculateurs sans se rappeler que le gouvernement a le pouvoir de contrôler les spéculateurs.
• Un carnet qui accrédite que l’on peut être militant de plusieurs partis à la fois
• Un carnet qui accrédite que l’on peut être citoyen de plusieurs pays à la fois
• Une frontière en papier qui laisse entrer et sortir tout le monde
• Un système éducatif qui n’enseigne pas l’Histoire, ni la Géographie, ni l’Éducation Civique
• Des partis politiques qui incorporent leurs ennemis politiques
• Des programmes informatiques qui nous permettent de savoir lorsque nous commençons à ressembler a nos ennemis
• Un stylo pour signer des accords de Dette Publique
• Un détecteur qui permet de savoir si les femmes qui disent Non en réalité disent Oui
• Un détecteur qui permet de savoir si les politiciens qui disent Oui en réalité disent Non
• Des billets avec de l’encre dynamique dont la dénomination diminue au fur et á mesure qu’ils se dévaluent
• Un système monétaire qui consiste d’unités tributaires et qui augmente automatiquement les revenus des citoyens au fur et a mesure que la monnaie perd de la valeur
• Des coffres de sécurité transparents qui permettent aux citoyens de lire les dossiers des corps de répression
• Des détecteurs de fausses excuses qui rendent l’existence impossible
• Un portrait de Dorian Gray dans lequel c’est le portrait qui ne vieillit pas
• Un réactionnaire déguisé en Révolutionnaire
• Un classificateur d’instants qui nous révèle combien de temps nous avons perdu en répétant des choses sans aucun sens
• Un analyseur statistique qui vérifie combien de votes tue chaque jour un bureaucrate
• Une calculatrice qui nous indique exactement combien de pétrole il reste dans le monde et combien de temps il durera au rythme de consommation actuel
• Un rayon qui permet de voir à travers les cosmétiques pour voir comment sont réellement les femmes
• Un miroir magique qui dit uniquement la vérité
• Des cadeaux qui consistent à offrir la même chose que ce qu’on nous a offert, de façon a être tous a égalité de jour des Rois Mages
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Traduction amateure et bénévole de R.V.
Pour toute erreur ou amélioration á apporter á la traduction, contacter R.V.
Article original en espagnol : ici
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8 oct. 2010
(In)sécurité

1.
La sécurité, comme le disait Montesquieu, est le premier de tous les bien, car sans elle les autres n’existent pas, et elle présente 2 aspects: elle-même, et la perception que les citoyens en ont. En exacerbant la perception d’insécurité, les mécanismes de panique et d’agression de l’esprit saurien sont déclenchés. C’est ainsi que l’on crée les fascismes. Pour se sauver il est nécessaire de désactiver cette perception
2
La presse publie des chiffres non-officiels selon lesquels le nombre d’homicides par an serait passé de 5 968 en 1999 à 13 978 en 2009. En mai 2009 wikipedia nous donnait un taux de 48 homicides pour 100 000 habitants par an ; ce qui nous plaçait en sixième position mondiale. Que veulent dire ces chiffres ? Les morts violentes dans des accidents de circulation y sont-elles inclues ? Les chiffres sont-ils pondérés par l’augmentation de la population de presque un tiers, passant de 22 millions d’habitants en 1999 à 28 835 849 en 2010 ? De toute façon, ces chiffres sont les indices d’un problème réel que nous devons analyser et auquel nous devons remédier, au lieu de le renier.
3
Les enfants nés et ayant été formés pendant le gouvernement bolivarien vont bientôt avoir 10 ans. Leurs crimes ne peuvent pas être plus importants que de voler le gouter de leurs compagnons de classe. Les statistiques des délits se basent sur des personnes nées et formées pendant la Quatrième République. Les défenseurs de la Quatrième République crachent contre le vent, puisqu’ils accusent les actes d’une génération qui a été formée pendant qu’eux même étaient au pouvoir.
4
Les difficultés de contrôler une frontière de plus de 2 000 kilomètres ont permis la pénétration de paramilitaires que nous dénonçons depuis un certain temps. Il y a 2 ans, le Président a reconnu que l’invasion était parvenue jusqu'à Caracas. Les infiltrés montent des cabales, supplantent la pègre, assassinent des dirigeants agraires et syndicaux, réduisent les communautés a la panique par d’horribles crimes et blanchissent leurs capitaux a travers des bingos, casinos, salles de jeux et maisons closes parrainés par les autorités les plus corrompues, immorales et nauséabondes. Selon le rapport 1998-2000 de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, la Colombie avait à cette époque un taux de 61,7847 homicides pour 100 000 habitants, le plus haut taux du monde et deux fois plus élevé que celui du Venezuela qui était de 31,6138 pour 100 000 habitants. Un ordinateur magique a par la suite réduit le taux de la Colombie a 37 et élevé le notre a 48. Ce sont des chiffres qui font réfléchir, vérifier, rectifier et agir.
5
Mais il ne s’agit pas d’un problème purement quantitatif. La présence d’organisations délictueuses avec une formation, une discipline et un financement militaire facilite une criminalité qualitativement différente. Les données que nous apportons au Seniat (Service National des Impôts au Venezuela) sur notre situation économique sont vendues le jour suivant par des colporteurs garce à ce qui n’est finalement qu’une base de données pour la sélection de victimes. Des délinquants avec de fausses cartes de l’administration tributaire inspectent les comptes d’un entrepreneur dont les enfants ont été enlevés ; des criminels en uniformes de policiers interceptent la voiture des malheureux. La téléphonie mobile et les distributeurs automatiques sont les instruments de nouvelles fraudes et de stratégies comme l’enlèvement express. Le vol de véhicules est entretenu par des réseaux de ferrailleries connus de tout le monde où la marchandise est recyclée et vendue en pièces détachées, et par des mafias de fonctionnaires qui falsifient leurs titres de propriété. Le Venezuela ne produit pas de drogue, mais des organisations supranationales tentent d’utiliser notre territoire comme voie de trafic. Les journaux colombiens obtiennent les confessions du trafiquant Hernando Gómez Bustamante (connu sous le pseudo de Rasguño, l’égratignure), détenu à Cuba et envoyé en Colombie, et dont l’ordinateur « pourrait contenir des preuves qui lient certains anciens chefs de l’AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) détenus dans la prison d’Itagüí, à des activités de trafic de drogues postérieures au cessez-le-feu (El Colombiano, 23-3-2007, 8ª). «Rasguño» affirme dans ce journal que “Le Venezuela est le temple du trafic de drogue. Il y a une association de vénézuéliens, colombiens, brésiliens. Il est très facile de faire du trafic parce que la bas ils n’attrapent a personne. » Il s’agit d’une guerre formelle, contre un ennemi militaire ou militarisé. Avant de commencer cette guerre, il faut faire le ménage dans la maison.
6
Pendant ce temps, selon l’Organisation Panaméricaine de la Santé, à Cuba le taux d’homicides est de 0,0057 pour 1 000 habitants (641 personnes par an). Cela explique tout. On a recours à la violence pour obtenir ou conserver un bien quand les autres procédés ont échoué. Dans des sociétés ou une infime minorité accaparent les biens indispensables, la majorité dépossédée opte pour la violence ou l’inanition. Si le système de communication les convainc 24 heures par jour que seul celui qui possède vaut, la violence se convertira en valeur.
7
Face a la violence, dans des sociétés pleines d’inégalités, il faut faire attention aux remèdes qui sont pire que la maladie.
Il faut éviter les opérations qui impliquent la détention massive de tout un quartier pour le seul délit d’être pauvre. Il faut recommander l’abandon des armes, mais que les neofascistes et les paramilitaires donnent l’exemple. Il faut accélérer l’intégration de la Police Nationale, qui convertit en un seul organisme coordonné la myriade de milices féodales aux ordres exclusifs des caudillos locaux. Le remède contre la délinquance est simple, mais amère pour tous ceux qui s’en plaignent. C’est exactement ce que l’opposition déteste : réparer l’extrême inégalité sociale.
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12 sept. 2010
Comment résister aux aggressions impériales

Les gangsters et les empires n’ont qu’un seul argument: la force brute. Il existe des méthodes pour la vaincre.
Les Etats-Unis envoient au Mexique des colons protestants qui emmènent avec eux leurs esclaves ; et comme le gouvernement mexicain ne permet pas l’esclavage, les étasuniens leur arrachent plus de la moitié de leur territoire. Ouvrir ses portes au cheval de Troie mène à la perdition.
Les Etats-Unis envahissent Cuba sous prétexte de le libérer, établit un protectorat et laisse une base militaire qui perdure jusqu’a aujourd’hui. Laisser le diable s’installer mène à la perdition.
La Colombie envahit le Venezuela en 1901 avec 5000 paramilitaires déguisés en vénézuéliens; souffre une écrasante déroute, et alors qu’elle perd son temps à menacer notre pays, les Etats-Unis lui quittent le Panama. Reconnaitre le véritable ennemi mène au salut.
L’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie avec leurs cuirassés bloquent, bombardent et envahissent le Venezuela, mais ils se retirent devant l’attitude inflexible de Cipriano Castro et l’invocation étasunienne de la doctrine Monroe. Ne pas céder d’un pouce mène au salut.
Les Etats-Unis agressent militairement de façon répétée les petits et fragmentés pays que sont Puerto Rico, Cuba, Haïti, la République Dominicaine, le Nicaragua, le Guatemala, la Colombie et le Panama, mais ils ne dépassent pas le stade d’influencer par dessous la table dans la politique du gigantesque Brésil. Rester unis mène au salut.
Les Etats-Unis avec tout leurs Marines échouent face à l’irréductible Cesar Augusto Sandino, et ils l’assassinent donc lors du banquet pour célébrer la paix. Savoir que pour l’ennemi paix signifie trahison mène au salut.
Quand les Etats-Unis entrent en conflit, ils réduisent au silence les medias favorables à leur adversaire et contrôlent férocement la dissidence qui l’appuie. Se battre contre l’ennemi extérieur sans oublier l’ennemi à l’intérieur mène au salut.
L’ambassadeur étasunien Braden dirige la campagne électorale contre Juan Domingo Perón, et ce dernier gagne les élections. Couper court à toute ingérence dans les affaires internes mène au salut.
Le Guatemala met en place une reforme agraire et exproprie des terres de United Fruit, en l’indemnisant a la valeur des terres que la transnationale a signalé dans ses déclarations d’impôts; les Etats-Unis organisent une invasion de mercenaires qui renversent avec les balles le gouvernement démocratique. Tenter des reformes sans avoir construit au préalable un pouvoir populaire mène à la perdition.
Les Etats-Unis envahissent Cuba avec des mercenaires par la baie des cochons, Fidel les fait échouer et déclare la révolution communiste. Répondre aux agressions avec des mesures tranchantes mène au salut.
Les Etats-Unis accusent Cuba devant l’OEA (Organisation des Etats Américains), et tous ses membres sauf le Mexique votent pour les expulser du système interaméricain. Se soumettre à des organisations fondées et maintenues par l’empire mène à la perdition.
Face a la colossale menace étasunienne, Cuba établit un réseau d’alliances dans le monde socialiste et avec les Non-alignés, ce qui lui permet d’équilibrer les forces et de survivre jusqu’a aujourd’hui. Mener une diplomatie multipolaire mène au salut.
Apres avoir servi inconditionnellement les Etats-Unis durant son interminable dictature, Rafael Leonidas Trujillo est assassiné avec le consentement de la CIA, qui ne fait rien pour l’empêcher. Servir le diable c’est se condamner.
Confiants en leur omnipotence, les Etats-Unis envahissent successivement la Corée du Nord, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak et la Somalie et souffrent d’importants échecs de toutes parts. Maintenir la spécificité culturelle et le sentiment national de façon irréductible mène au salut.
Juan Bosch est élu président de République Dominicaine, il met en place une série de reformes démocratiques et, comme le coup d’Etat lancé contre lui par le pro-yanqui Wessin Wessin échoue, les Etats-Unis envahissent Santo Domingo sous prétexte de défendre leurs intérêts. Héberger des intérêts étasuniens mène à la perdition.
Salvador Allende met en route la voie pacifique et démocratique vers le socialisme, et les Etats-Unis favorisent un coup d’Etat fasciste de la droite qui l’assassine. Etre pacifique face à un ennemi armé mène à la perdition.
Le département d’Etat promeut près d’un millier d’attentas pour assassiner Fidel Castro, tous avortés par les services d’intelligence cubaine. Connaitre la malignité de l’ennemi mène au salut.
Les gouvernements latino-américains acceptent avec illusion des prêts a des taux d’intérêts de 3%, sans faire attention que les contrats permettent aux usuriers d’augmenter unilatéralement les taux d’intérêts qui sont multipliées par 5 jusqu’a 15%, ce qui entraine la Dette Extérieure de nos pays. Signer des contrats sans les lire mène à la perdition.
Le gouvernement militaire d’Argentine envahit les Iles Malouines en pensant qu’il comptera avec le soutien des Etats-Unis, qui sont obligés de le faire en vertu du Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque, mais la puissance nord-américaine l’abandonne a son triste sort pendant que les anglais les exterminent. Croire que l’empire respecte les traités mène à la perdition.
Le Président Omar Torrijos exige la dévolution du canal du Panama, et il meurt dans un mystérieux accident d’avion. Prendre l’avion seulement en cas d’extrême nécessité et d’extrême sécurité mène au salut.
Pour payer la Dette, les gouvernements latino-américains imposent a leurs peuples des paquets du Fond Monétaire International qui leur interdit de protéger leurs économies, et les mouvements sociaux entrainent des rebellions sociales qui interdisent aux gouvernements de se rendre au Fond Monétaire. Obéir à des usuriers mène à la perdition.
Apres avoir échoué dans sa tentative de faire tomber le gouvernement sandiniste, les Etats-Unis obligent les opposants à s’unir et les financent a travers de l’USAID et de la NED, ce qui permet á l’opposition de gagner les élections de 1990. Accepter que les Etats-Unis financent les oppositions locales mène á la perdition.
Le Président élu Hugo Chavez réalise 49 lois de réforme, et la confédération de patrons lance un lock-out et un coup d’Etat, le renverse, le séquestre, monte un sabotage pétrolier et un blocus de la distribution d’aliments et un téléthon dans lequel tout les medias s’expriment a faveur du renversement du gouvernement légitime, jusqu'à ce que le peuple le rétablisse. Attendre l’autorisation des patrons pour faire la révolution mène à la perdition ; laisser la peuple agir mène au salut.
Les Etats-Unis prétendent imposer l’Aire de Libre Commerce pour les Amériques (ALCA) afin de se réserver l’Amérique Latine et les Caraïbes comme un immense marché non régulé, mais ils échouent piteusement. Protéger l’économie propre mène au salut.
L’ALCA ayant échoué, les Etats-Unis l’imposent secrètement, a travers des traites bilatéraux de Libre Echange, Promotion et Protection des Investissements, et a travers des Traites contre la Double Imposition qui exonèrent le paiement d’impôts pour leurs transnationales dans les pays ou elles obtiennent des bénéfices. Laisser perdre la bataille que l’on a gagnée mène à la perdition.
La transnationale Exxon tente un embargo sur les biens et les réserves internationales du Venezuela en brandissant l’inconstitutionnelle doctrine selon laquelle les pays latino-américains doivent soumettre les controverses sur les contrats d’intérêt publique à des tribunaux ou des arbitres étrangers. Livrer la souveraineté juridictionnelle a des jurés qui se prononcent constamment contre nos intérêts mène a la perdition.
Le petit Equateur se retire du CIADI (Centre international de règlement des différends) et récupère son droit de décider les controverses sur ses contrats d’intérêt public avec ses propres lois et tribunaux. Reconquérir la souveraineté mène au salut.
Les Etats-Unis maintiennent la base de Guantanamo en territoire cubain, mais jamais les marines n’osent en sortir. Armer et entrainer le peuple mène au salut.
Le petit Equateur accepte que les Etats-Unis installent la base de Manta, ce qui leur permet de contrôler la zone stratégique du Putumayo, et depuis cette base diriger et soutenir l’agression de la Colombie contre l’Equateur. Héberger l’ennemi mène a la perdition.
Le petit Equateur ordonne au gigantesque Etats-Unis de déloger la base de Manta, et le colosse abandonne cette tanière. Ne pas permettre que la botte de l’insolent étranger piétine la souveraineté mène au salut.
En prenant pour excuse que, soi disant, des colombiens armés seraient entrés dans un pays limitrophe, le gouvernement colombien permet que des étasuniens armés occupent totalement leur territoire. Regarder la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le notre mène a la perdition.
Si à ce moment précis, vous ne savez pas quel est le chemin de la salvation et quel est celui de la perdition, vous êtes perdu.
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Article original en espagnol ici
Traduit avec l'autorisation de l'auteur.
Aidez moi a améliorer la traduction en me contactant. Merci a T34 ainsi qu'a Pujo Jluc pour leurs corrections.
R.V.
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22 août 2010
La Guerre contre l'Amérique Latine

1.
La Colombie en 2007 possède des effectifs de 459 687 personnes destinées a la Défense et Sécurité ; et elle dépense cette même année 6,5% de son PIB, soit 22 milliards de dollars dans sa guerre (Semanario VOZ, edición 2427, cit. por Álvaro Angarita: “Crece el gasto militar. Guerra devora el presupuesto”; 27-2- 2008 www.geocities.com/vozxcol/voz.pdf). Cela crée un important déséquilibre avec le Venezuela, dont l’armée se compose de 82 000 personnes et, selon le World Economic Outlook, consomme 1,47 milliard de dollars, 1,6% de son PIB, duquel 9% est destiné à l’éducation. Cela crée aussi un déséquilibre avec l’Equateur. Qui en 2007 avait 37 448 personnes dans son armée, qui dépensait 1,69 milliard de dollars, 3,41% de son PIB et 10,7% de son budget (A comparative Atlas of Defence in Latin America, 2008).
2
Parallèlement, le gouvernement de Colombie accepte l’installation d’au moins sept bases militaires étasuniennes, avec un statut d’immunité et d’impunité devant les lois et tribunaux colombiens, alors que les Etats-Unis maintiennent 2 bases a Aruba et Bonaire ainsi qu’une autre au Honduras et une au Paraguay, en installe 2 nouvelles au Panama, fait débarquer des milliers de marines au Costa Rica, maintient une invasion militaire injustifiée en Haïti et patrouille dans les Caraïbes avec la IVème Flotille ressuscitée. Des sources étasuniennes et colombiennes allèguent que cette militarisation démesurée a pour objectif de se défendre contre quelques dizaines de colombiens exilés au Venezuela. Mais il n’y a rien de plus erroné que d’interpréter la situation comme une simple escarmouche locale. « N'envoie jamais demander pour qui sonne le glas; il sonne pour toi», dit un vers de John Done. Le glas ne sonne pas pour le Venezuela ; il sonne pour l’Amérique Latine.
3
Le maintient de la base Etasunienne au Honduras et le coup d’Etat contre le président élu de ce pays, le harcèlement contre le Nicaragua, l’ouverture de deux nouvelles bases au Panama et l’occupation militaire du Costa Rica ne sont que des échelons du vieux plan Puebla-Panama, qui tente d’ouvrir un couloir stratégique pour l’Amérique Centrale, depuis le Mexique jusqu'à la Colombe. Cette opération réunit dans des quantités croissantes fonds, effectifs, armements et bases étasuniennes, a travers les plans Colombia, Patriota et Victoria, soi-disant destinés à contrôler les insurgés et la drogue. Son échec a été total. La Colombie en 2005 totalisait 650 tonnes-cubes de cocaïne sur les 910 produite dans le monde, avec 180 en provenance du Pérou et 90 de Bolivie. (United Nations Office on Drugs and Crime, "World Drug Report 2006, Volume 1:Analysis" ; United Nations: Viena, Austria, 2006, p. 82). En réalité les Etats-Unis, qui désormais combat ses guerres avec des mercenaires, veut sacrifier les forces armées de Colombie qui n’ont pas pu dominer les insurgés locaux, pour restaurer son hégémonie continentale. La situation n’est pas nouvelle. A la moitié du siècle passé, des effectifs colombiens furent envoyés pour se battre dans la très lointaine guerre de Corée ; et au début de ce siècle, des soldats colombiens ont été envoyés en Afghanistan.
Leur prochaine mission sera de s’immoler pour les intérêts de la même puissance qui lui a enlevé le Panama.
4
Regardons un peu la carte. A proximité de la frontière Est de la Colombie, où sont érigées la majorité des bases militaires étasuniennes, se trouvent les riches gisements d’hydrocarbures du Venezuela. Plus au Sud se trouvent le fleuve Orinoque et l’Amazonie venezuelienne, avec ses débits d’énergie hydroélectrique, de fer, d’aluminium, d’or, de diamants et de biodiversité. Mais le Venezuela n’est pas le seul objectif de cette guerre longuement annoncée. Le feu est ouvert contre le petit Equateur, avec une attaque d’essai, qui a été confessée, et soutenue et dirigée par la base étasunienne de Manta, aujourd’hui heureusement démantelée. L’objectif était de démontrer qu’il était possible d’agresser la souveraineté d’un pays de la région avec une attaque militaire sans autre conséquence que quelques mots durs de l’UNASUR.
5
Regardons la carte de plus près : la frontière du Brésil, pays qui de par sa superficie de 8 547 404 km2 et sa population de 170 millions d’habitants, constitue quasiment la moitié de l’Amérique du Sud. En tant que propriétaire de la majeure partie de l’Amazonie et des récents gisements d’hydrocarbures découverts, la sixième ou septième économie mondiale et la huitième industrie mondiale d’armements, noyau du Mercosur et acteur politique international indépendant, est un véritable adversaire pour les Etats-Unis dans la conquête de l’hégémonie continentale. Le Brésil l’a parfaitement compris et inclus dans sa Stratégie Nationale de Défense approuvée par Lula Da Silva en 2008. Son armée de 210 000 hommes sera augmentée avec 59 000 nouveaux effectifs ; 28 nouveaux postes frontières ont été ajoutés aux 21 existants, localisés essentiellement en Amazonie où 40% des nouvelles recrues sont envoyées. (Zibechi, Raúl: “Brasil desafía el Plan Colombia”, ALAI AMLATINA, 30-04-2010).
6
Ainsi, n’importe quelle agression contre l’Equateur ou le Venezuela ouvre les hostilités contre le gigantesque Brésil et la Bolivie et le Nicaragua et l’inexpugnable Cuba et le Mercosur. Le conflit supposé local se transforme ainsi en continental. Cela représenterait, ni plus ni moins, une guerre contre l’Amérique Latine. Et si l’on prend en compte que la survie de l’Europe et de l’Asie dépend en grande partie des ressources et des marchés de l’Amérique Latine, l’affrontement pourrait devenir mondial.
7
Sur le versant Pacifique, les Etats-Unis mettrait la pression sur les gouvernements du Pérou et du Chili pour qu’ils se battent pour ses intérêts. Le Chili possède l’armée avec la plus importante dépense et le plus grand nombre d’effectifs par habitant en Amérique Latine. L’empire exigerait l’utilisation de ces milices pour cerner le colossal Brésil et les gouvernements progressistes d’Equateur, Bolivie et peut-être même du Paraguay et de l’Uruguay. Avec l’espoir d’obtenir des revendications territoriales, les faucons entreraient dans le conflit, qui ne serait pas seulement une confrontation militaire, mais une véritable guerre sociale acharnée d’insurgés, de laquelle tout le monde sortirait fortement touché. En premier lieu la puissance nord-américaine qui a perdu l’hégémonie économique, diplomatique et culturelle et qui, depuis quasiment une décennie, n’a pas pu vaincre de désastreuses guerres contre des pays asiatiques retardés. Ensuite, ses alliés, qui sont historiquement utilisés, rejetés et détruits. Le premier coup de cloche a sonné. Stoppons-la avant qu’elle sonne pour tout le monde.
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Traduit avec l'aimable autorisation de l'auteur Luis Britto Garcia.
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8 août 2010
La Colombie envahit le Venezuela

1.
Le réactionnaire président de la Colombie ne peut contenir sa rage. Sa politique répressive ne fait qu’entretenir la guerre civile. L’un de ses opposants, le Docteur Uribe Uribe, qui se trouve en asile au Venezuela, écrit : « notre drapeau a grandi a travers les échauffourées. Au début il n’était que la revendication d’un parti dans les querelles internes de notre pays ; aujourd’hui c’est le drapeau de la Grande-Colombie ». Le président Vénézuélien entretient d’insupportables liens d’amitié avec ses collègues d’Equateur et du Nicaragua. En Equateur est aux commandes un robuste conducteur de peuples, qui mobilise des masses de mulâtres et d’indigènes. Au Nicaragua le soulèvement populaire porte à son sommet un dirigeant qui s’abat sur les oligarchies qui possèdent les terres. Face à ces leaders de masse, le président de la Colombie compte sur le soutien des Etats-Unis. Il faut leur donner une leçon ! Trente neuf bataillons colombiens déguisés en vénézuéliens suffiront à les réduire en miettes.
2.
Les opposants venezueliens, disposés à envahir leur propre pays avec des étrangers pour une miette de pouvoir, ne manquent pas non plus en Colombie. Le président Colombien fait appel au général vénézuélien en exil Rangel Garbiras, acclamé dans les hautes sphères pour être un agile danseur de valse et un frénétique ennemi de l’idée d’unifier la Grande-Colombie, et lui confie le contrôle d’une force de cinq mille soldats colombiens pour qu’il envahisse le Venezuela, avec un drapeau vénézuélien. Opportuniste, l’évêque de Merida monseigneur Silva lance une pastorale où il fulmine envers les partisans du gouvernement venezuelien pour leur dévotion à la « Mano Poderosa ». Le journal de Caracas El Tiempo, de la famille Pumar, se joint aux critiques destructrices. Le 26 Juillet 1901, les envahisseurs violent la frontière avec le Táchira par le chemin de Cúcuta , et acclament le président Colombien José Manuel Mallorquín.
3.
Féroces lorsqu’il s’agit de réprimer leurs compatriotes désarmés, les militaires ou paramilitaires colombiens ne sont pas un modèle de discipline. Comme le conte Nemecio Parada dans ses mémoires : « Les troupes de ligne que j’ai vu n’avaient de ligne que le nom. Tous, des chefs jusqu’aux soldats, avaient une tenue déplorable. (Les généraux colombiens) Cote et Conde en premier lieu, bien que sur de belles montures, ils discréditaient leur prestance guerrière, portant une couverture, une calotte avec un large insigne bleu, de bruyants éperons et d’énormes coiffes de traves. On reconnaissait le soldat parce qu’il portait le fusil ainsi que le rosaire, les scapulaires et autres reliques qui pendaient a son cou. C’étaient les choses de l’époque et du moment où ils vivaient (Ramón J.Velásquez: La caída del Liberalismo Amarillo, Contraloría General de la República, Caracas, 1972, 275). « A peine traversent-ils la frontière, au cri de « A bas les rouges ! », qu’ils perdent leur temps dans d’indisciplinés saccages de fermes et de hameaux qui les firent perdre du temps à atteindre leur objectif : le parc de San Cristobal.
4.
Le retard du aux pillages donne le temps a Celestino, frère du président Cipriano Castro, d’organiser la défense de la place. Le 28 juillet dans l’après-midi éclate la Bataille de San Cristobal. Les vénézuéliens combattent furieusement et perdent 300 hommes. Au coucher de soleil le jour suivant les colombiens fuient, en laissant sur le champ de bataille 800 morts et des milliers de fusils. Rangel Garbiras souffre une autre déroute encore pire lorsqu’il tente d’envahir San Faustino.
5.
Alors que l’invasion échoue a Tachira, Don Cipriano concentre des forces de réserve pour la défense de Maracaibo et Zulia, et ordonne par la suite au général Jose Antonio Davila de pénétrer avec elles dans la République Sœur en soutien aux libéraux rebelles de San Marta et Riohacha. L’incursion est repoussée à Carazua par l’armée Colombienne soutenue par les indigènes de la Guajira et par des venezueliens opposants de Castro, qui n’hésitent pas à prendre parti pour la Colombie. L’armée colombienne réunit 15 000 soldats dans la région de Santander et en cantonne 10 000 supplémentaires a Santa Marta, ce qui crée un déséquilibre stratégique avec le Venezuela, qui ne possède pas plus de 7 000 hommes armés (Eleazar López Contreras: El presidente Cipriano Castro: Imprenta Nacional, Caracas1986, 184).
6.
Ces faits devraient avoir servi de leçon pour tout le monde. Les tentatives d’envahir le Venezuela en faisant confiance a des paramilitaires, ou plutôt des pillards, est le pire fiasco militaire de l’histoire de la Colombie. Le Venezuela confirme qu’il n’a rien à gagner dans un conflit avec sa République Sœur, et depuis règle ses différents avec des Traites pacifiques et généreux. Occupée à essayer de contrôler au Venezuela les dissidents qu’elle ne peut contrôler dans son propre pays, l’Oligarchie Colombienne écrase son propre peuple avec de lourdes dépenses militaires qui provoquent mille rebellions, mais ne prête pas attention a son véritable adversaire, les Etats-Unis, qui lui vole le Panama. Je ne me fatigue pas de citer la phrase de Jeronimo Perez Rescaniere, qui dit que la Colombie était le pays le plus riche d’Amérique Latine parce qu’elle avait le Panama, et depuis qu’ils se séparèrent, ni le Panama ni la Colombie ne sont riches. La stupide obsession de l’oligarchie colombienne contre le Venezuela lui a couté tout d’abord le contrôle de la voie stratégique la plus importante et la plus productive de la planète, et ensuite la perte de sa propre souveraineté due aux insolents envahisseurs étasuniens immunises et impunis devant les lois. C’est ainsi qu’ils ont perdu le Panama puis toute la Colombie sans rien pouvoir faire contre le Venezuela.
7.
Pendant ce temps Cipriano Castro continue dans sa tentative de rétablir la Grande-Colombie, et pour cela il signe un traité avec le président du Nicaragua Jose Santos Zelaya et avec celui de l’Equateur, Eloy Alfaro. L’oligarchie en possession des terres va comploter avec les créanciers de la Dette Extérieure et avec 6 puissances impérialistes afin de l’empêcher d’arriver à son but, en utilisant pour cela soulèvements, blocus et bombardements avec des cuirassés étrangers. Mais seule la trahison interne d’un coup d’Etat mettra de nouveau le Venezuela sous le joug de l’Empire. Ce sont de passionnants événements qui datent d’il y a plus d’un siècle, mais qui sont toujours d’actualité. Nous verrons tout cela dans un film sur Cipriano Castro dirige par le maestro Roman Chalbaud, si Dieu le veut et si les moyens offerts se matérialisent avant que nous soyons de nouveau envahis.
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20 juin 2010
Huit mois sans voir la télé

Dans le film « Les incorruptibles » de Brian de Palma, le gangster Al Capone souhaite bon appétit a un compagnon en lui assenant un coup de batte de base-ball sur le crane. Cela résume le traitement des gérants des médias envers leurs audiences. Pour qu’elles consomment un produit, ils les gavent de spots publicitaires jusqu'à ce que cela les ennuie.
Ils oublient un détail: il y a 50 ans on inventa la télécommande. Il est inutile d’envoyer une surdose de publicité à une audience qui la fuit en changeant de chaine. Celui qui essaye de rompre le crane du public, finit par avoir mal à la tète.
Avec la télécommande le gérant se retrouve face a une alternative : rendre la publicité supportable sur sa chaine, ou insupportable sur toutes les chaines. Vous savez déjà l’option qui a été choisie. En conséquence de cela le public a abandonné la télévision gratuite. Malheureux le gérant qui frappe son propre nid.
Mais où a donc fuit l’audience? Moi j’ai jeté l’éponge et je suis resté 14 ans sans regarder le petit écran. D’autres ont trouvé asile dans la TV payante car elle offrait des programmes Premium sans interruptions.
Grace à cette promesse, la TV payante registrée couvrait en 2008 26% des foyers, 3 millions de familles, autour de 15 millions de vénézuéliens. Cavetsu calcule sur sa page web que 40% de foyers supplémentaires reçoivent ces services à travers d’opérateurs pirates. La débandade vers la TV payante fut majoritaire.
Je suis tombé moi aussi dans la fausse idée selon laquelle celui qui paye pour ce qu’il voit a le droit á ce que l’on respecte la loi et á ne pas être escroqué. Mais pour les gangsters il n’y a pas d’audience, seulement des victimes, et il n’y a pas de produits mais seulement une massue. Le gérant de médias qui en a fini avec la TV gratuite pointe déjà sa batte vers la TV payante.
Ceci explique, comme le savent tout les vénézuéliens sauf la Conatel, que la TV payante, alors qu’elle est explicitement obligée á respecter la « Ley Resorte », assène chaque minute de diffusion un coup de bâton sur le crane de celui qui paye.
En effet, dans chacune des ses émissions le volume de publicité augmente illégalement. Dans toutes les transmissions de films, la limite légale de 15 minutes de publicité par heure est largement dépassée. Les info-publicités occupent quatre heures de suite, ce qui représente bien plus que les dix pour cent du total de la programmation journalière.
Les infractions contre l’article 8, qui interdit la publicité par insertion, sont encore plus sanguinaires, et elles assassinent l’image avec des superpositions de lettres et d’interfaces étrangères á elle. Sur les chaines Premium, qui offrent des films sans interruption, ils sont tous abimés par des insertions étrangères á l’image originale. Dans les clips vidéo il y a des fois jusqu'à 4 insertions simultanées qui se font concurrence pour le détruire. Dans certains espaces, de stupides logos publicitaires sont insérés durant tout le programme. Des fois la journée entière, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure, semaine après semaine.
Ceci n’arrive dans aucune autre région du monde. La faute n’est pas du gangster, mais de la Conatel qui lui donne le gourdin. Le mafieux a-t-il enfin ligoté son audience afin de lui détruire le crane a coups de batte ?
Un rapport de la Kaiser Family Foundation des Etats-Unis du mois de mars 2010 indique où sont en train de fuir les victimes. Entre 2004 et 2009, les jeunes ont diminué leur temps passé devant la télévision de 25 minutes, se déplaçant vers des médias comme le téléchargement Internet, le chat, la téléphonie mobile, les ipods, les jeux vidéos interactifs, les pages de vidéos comme YouTube et les réseaux sociaux.
Le livre “La Televisión en España: Informe 2009, souligne qu’il y a une frange du public, constitué par les jeunes et les personnes avec un haut niveau d’éducation, qui sont en train de délaisser la télévision. La vidéo et la radio á la carte, les systèmes interactifs et mobiles, les combinaisons intelligentes de medias, les discothèques, bibliothèques et journaux digitaux remplacent le coup de bâton sur la tête (Miriam Lagoa: “Imparable fuga de audiencia televisiva a Internet”; EL PAÍS; Madrid, 28-8-2009).
Et la Corporación Estatal Radio Televisión Española est en tête de tout les taux d’audience depuis qu’elle a supprimé la publicité. (Carlos Alberto Sánchez: “Sin publicidad, la audiencia ve más la televisión” 18-1-2010.) Un avertissement pour toutes nos chaines publiques, qui copient tout les défauts des chaines privées, alors qu’elles n’ont pas besoin de nous saturer de publicité puisque nous les payons avec nos impôts.
Le gérant tueur de public, après tout, effraie son audience sous prétexte que la télévision est un business et que l’argent que donne la publicité justifie n’importe quel délit.
Le pire de tous les délits commis par le gérant tueur de publics est que, après avoir anéanti la télévision gratuite et payante, il entre dans la télévision du service public afin d’y imposer la loi de mauvais traitements de l’audience.
Je connais la majorité des dirigeants des médias du service public, et je les considère intelligents, honnêtes et estimables. J’ai de l’admiration et de l’affection pour certains d’entre eux. Comment donc ont-ils laissé entrer dans leurs institutions le gérant tueur de publics, avec sa batte pliée á force de détruire tant de médias et ses dysfonctionnements idéologiques, hormonaux et érectiles qu’il traine depuis la moitié du siècle passé ?
Comment peut-on expliquer que Roman Chalbaud et Rodolfo Santana se soient appliqués á produire « Amores de Barrio Adentro » pour que le gangster á la batte l’anéantisse en changeant systématiquement le calendrier et les horaires et en la retransmettant seulement comme support pour insérer des ceintures de pub annonçant des événements anodins et des consignes superflues ?
Que est l’objectif, á part celui de faire fuir l’audience, de la pratique qui consiste á ce que tout les programmes intéressants de télévision publique soient systématiquement interrompus par des intrusions, qui sont elles mêmes coupées par de nouvelles digressions, qui sont elles aussi interrompues jusqu'à ce que le téléspectateur change de chaine ?
Quel message prêche-t-on lorsque un chef d’œuvre comme « Memorias del Subdesarrollo » de Tomás Gutiérrez, est seulement diffusé pour être assassiné par un tas d’interruptions, de messages publicitaires et d’insertions qui montrent au public que l’art sert seulement á être détruit ?
Au nom de quoi Avila TV, le meilleur exemple de chaine jeune et contestataire, permet que le gangster gâteux et variqueux á la batte cassée interfère dans ses programmes en y superposant des logos, icones, rubans et figurines jusqu'à empêcher que le public comprenne de quoi il s’agit ?
La seule chose plus dangereuse qu’un singe avec un couteau c’est un imbécile avec une machine qui génère des caractères.
A ceux qui ne comprennent pas encore l’effet destructeur des insertions de contenu étranger à un programme, je vous rappelle qu’Hugo Chavez Frias a été renversé par les chaines privées qui ont interféré avec la télévision publique et ont inséré leurs propres images pour empêcher que le Président élu transmette son message.
L’insertion d’une image pour perturber un contexte original distinct n’est pas seulement une violation de la « Ley Resorte » : c’est une leçon de vandalisme, de manque de respect a la création artistique, une confession d’échec du communicateur qui ne sait pas rendre son message attractif et se venge en détruisant ceux des autres. En d’autres mots, c’est la prêche frénétique du capitalisme sauvage, qui parasite et détruit l’effort d’autrui sur l’autel de la ruine collective.
Le message publicitaire est l’idéologie du capitalisme. Mc Luhan disait que le media est le message. On ne peut pas diffuser un message socialiste avec les procédés de l’entrepreneur prédateur. L’image insérée et le programme se détruisent mutuellement.
La télévision publique, communautaire et alternative doit être un exemple de respect de la loi et de la culture, d’amitié envers le public, d’éducation et surtout d’audience majoritaire. Divertir et éduquer avec des programmes au lieu d’ « imbéciliser » avec des messages publicitaires a fait de Corporación Radio Televisión Española le leader en audiences. Ce chemin est ouvert pour tous. Il suffit de jeter á la poubelle une batte abimée ainsi que celui qui la brandit.
Si la révolution perd son audience, elle pourrait perdre ses votants. C’est ce que veulent les tueurs de votes et les tueurs de publics.
Le 14 Juin, alors que j’attendais l’opération d’un ami, j’ai vu dans la clinique le match de l’Italie contre le Paraguay, et il n’y a pas eu une seule interférence. Il ont passé de la publicité á la mi-temps mais ils n’ont pas détruit l’événement qu’ils transmettaient. Ceci explique peut être certains mystères de l’audimat.
Depuis novembre 2009 j’avais arrêté de regarder la télévision. Je l’ai allumé hier pour voir si cela valait la peine de m’y remettre. Sur l’écran un logo superposait le programme. J’ai éteint l’appareil pour regarder le paysage.
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Version original ICI
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30 mai 2010
Monopoles médiatiques et guerres médiatiques
Texte de mon intervention lors du Forum "Le Monopole Médiatique: Colonisateur d’imaginaires et exploiteur de consciences", réalisé avec Ignacio Ramonet et la Grande Bibliothèque de l’Université de Montréal
Guerres militaires et batailles médiatiques
La guerre, comme le disait Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens. La politique, ajoutait-il, est la poursuite de la culture par d’autres voies. Celui qui veut gagner la confrontation politique et militaire doit gagner la bataille culturelle, qui de nos jours se livre en grande partie dans les médias de communication. C’est pour cela que la guerre médiatique est généralement le préambule de la politique et de la stratégie. Les guerres militaires ont des trêves ; les guerres culturelles sont incessantes, globales, perpétuelles.
Monopoles Economiques et Médiatiques
Les guerres contemporaines se livrent entre puissances impérialistes pour la conquête de colonies et de marchés, et entre puissances impérialistes et pays en voie de développement pour les réduire en semi-colonies. De tels conflits ont lieu pour répondre aux besoins des monopoles. Les monopoles médiatiques ressemblent aux monopoles financiers, industriels et commerciaux comme des gouttes d’eau. Ils luttent tous pour s’étendre, se concentrent en de moins en moins de mains, utilisent la politique comme un instrument pour augmenter le pouvoir, a travers des lois qui facilitent l’accumulation ou a travers des conflits qui étendent les marchés et s’approprient les ressources. Leur objectif commun est de placer l’infrastructure économique sous contrôle total du capital monopolistique et de soumettre la superstructure culturelle, qui elle même détermine la conduite de l’Etat et de la société, aux monopoles médiatiques
Monopoles contre les pays en voie de développement
Les guerres des tout-puissants monopoles capitalistes et médiatiques contre les faibles pays en voie de développement sont asymétriques, pour l’inégale proportion de ressources stratégiques et économiques. Mais la victoire ne favorise pas toujours les propriétaires des plus puissantes armes de coercition stratégique et culturelle. Examinons la guerre médiatique livrée au Venezuela durant la première décennie du 21éme siècle, par les transnationales et la corporation patronale contre le projet de révolution démocratique et pacifique, qui gagne les élections de 1998 avec une majorité écrasante.
Oligopoles médiatiques contre démocratie
En 1999, quand Hugo Chávez Frías prend le pouvoir, son gouvernement compte seulement, comme instruments de communication, une chaine de télévision nationale et une radio nationale, toutes 2 avec une portée très limitée. L’opposition, dont le commandement politique est assumé par la corporation patronale Fedecámaras, compte près de soixante chaines de télévision, plus de 700 radios et près d’une centaine de journaux. La quasi-totalité d’entre eux attaquent le gouvernement de manière frontale, sauf les journaux « Últimas Noticias » et « Panorama », qui tendent á présenter les informations avec un certain degré de neutralité. La quasi-totalité de ces médias sont des exemples finis de concentration oligopolistique verticale et horizontale. Ils sont entre les mains de familles, ou d’un petit nombre d’actionnaires, et le même capital contrôle parfois aussi des radios, journaux, entreprises qui produisent du contenu, maisons de disques, agences de publicité et de relations publiques et de conseil en image. Ils ont pour habitude de recycler les thèmes, campagnes et points de vue des grands monopoles transnationaux de la communication, lesquels á leur tour recyclent les contenus et les informations locales des oligopoles vénézuéliens.
Guerre médiatique et attaque à la constitutionalité
Depuis 2001, le patronat et son impressionnante concentration de médias, avec l’appui économique, diplomatique et logistique des Etats Unis, a déclaré ouvertement la guerre au gouvernement élu. Ils font des campagnes massives contre 49 lois de réformes modérées, appellent á remplacer le gouvernement élu par un gouvernement de transition, ils diffusent des annonces de putsch d’anciens officiels qui disent représenter toute l’armée et être prêts a dérouter les autorités légitimes par la force. En avril 2002 les médias appellent á la grève, qui est en réalité un lock-out patronal, convoquent une manifestation le 11 de ce mois vers le Parque del Este , qui sera finalement déviée vers le Palacio de Miraflores, coupent la chaine de télévision a travers laquelle le Présidant se dirige a la Nation, présentent des images de gens du peuple qui se défendent face á des francs-tireurs en inventant le mensonge comme quoi ils tirent sur une manifestation en réalité inexistante, diffusent un discours de putsch militaire contre le gouvernement ainsi que la fausse nouvelle de la démission du Président élu, forcent au silence á la Télévision et a la Radio Nationale, acclament l’instauration d’une dictature qui annule la Constitution qui avait été dictée par un vote populaire et destitue tout les fonctionnaires élus, et occultent la grande mobilisation sociale et la réponse des militaires constitutionalistes qui restituent le Président légitime au pouvoir le 13 avril. Les monopoles économiques comptaient avec la quasi-totalité des medias dans la presse, radio et télévision ; le peuple avait seulement le bouche á oreille, les téléphones, les portables. L’omnipotence médiatique n’est pas omnipotence culturelle ni politique.
Lock-out Patronal et sabotage pétrolier
Une fois de retour au pouvoir, le président élu n’adopte aucune sanction contre les putschistes ni contre les médias. Ceux-ci ne tardent pas á mettre en marche une opération identique : au début du mois de Décembre 2002 ils convoquent un autre lock-out patronal, cette fois accompagné d’un sabotage contre l’industrie pétrolière et d’une expérience audiovisuelle jamais vécue avant cela dans le monde contemporain. Pendant plus de 2 mois pratiquement tout les medias privés se lancent dans une campagne d’appels au renversement par la force du gouvernement élu, remplacent la publicité par 17 500 messages déstabilisateurs et l’information par des mensonges. Le gouvernement élu ne suspend pas les garanties constitutionnelles et ne déclare pas l’état d’exception, il répond a peine a travers une chaine de télévision et une radio qui ne couvrent même pas tout le territoire national, et cependant la gigantesque offensive patronale, médiatique et putschiste s’effondre toute seule, comme un géant aux pieds d’argile qui ne peut pas s’établir face au compact rejet populaire.
Impotence de l’Omnipotence médiatique
En vérité, en aucun des événements décisifs de la vie vénézuélienne des dernières années les monopoles médiatiques n’ont pu imposer leurs critères. Ils n’ont pas pu empêcher le soulèvement massif du 27 février 1989 contre le Fond Monétaire International, qui a secoué le pays pendant une semaine. Ils n’ont pas pu dévier la sympathie populaire envers le rébellion militaire du 4 février 1992. Ils n’ont pas restauré la foi du peuple envers les partis du statut, ce qui entraina l’expulsion virtuelle de ceux-ci durant les processus électoraux depuis 1993. Ils n’ont pas pu vaincre la candidature d’Hugo Chávez Frías lors des élections de 1998. Malgré le pacte de soutien avec le dictateur Carmona, ils n’ont pas pu empêcher la chute de celui-ci ni le retour du Président élu. Ils n’ont rien pu non plus en 2002 et 2003 lors du lock-out patronal et du sabotage pétrolier, ni en 2004 lors de l’ignorance de l’arbitre électoral. Ils n’ont pas pu non plus inciter la défaite du mouvement bolivarien lors du référendum d’aout 2004, ni empêcher le retentissant succès lors des élections régionales cette même année. Ils ont vaincu en une seule occasion, en 2007, en réussissant, a travers une campagne basée sur la terreur, a ce que le gouvernement perde, a 50 000 votes près, le referendum pour une réforme constitutionnelle complète. Malgré le monopole capitaliste et médiatique, le projet bolivarien a obtenu durant cette décennie une légitimité grâce a ses victoires dans plus d’une douzaine d’élections, toutes sous la surveillance de centaines d’observateurs internationaux qui n’ont jamais remise en cause aucune d’elles.
Mesures contre l’agression médiatique
Suffit-il donc d’attendre que l’adversaire s’effondre pour vaincre dans une guerre médiatique ? L’exemple du Venezuela montre qu’il est possible de livrer un conflit médiatique face á une opposition putschiste et violente sans s’éloigner un brin du strict accomplissement des normes de la légalité démocratique. Mais pour cela il faut lancer une contre-offensive sur quatre fronts ; 1) création de médias de service publique, mais aussi de médias alternatifs, libres et communautaires 2) Régulation législative de l’espace radioélectrique 3) Usage souverain du pouvoir de l’Etat d’attribuer et de rénover ou non les concessions sur l’espace radioélectrique 4) Éducation du public
Médias de service public, alternatifs, libres, communautaires
Afin d’appliquer ces tactiques, le gouvernement démocratique a crée a partir de 2003 les chaines Vive, de documentaires communautaires, Telesur, dirigé a l’audience latino-américaine, Ávila TV, jeune et contestataire ; a redonné du pouvoir a Venezolana de Televisión et Radio Nacional, a acquit le circuit de radio YVKE Mundial et crée la Radio Del Sur. Plusieurs centaines de petites radios communautaires ont surgi, unies entre elles a travers de l’Association Nationale de Medias Communautaires, Libres et Alternatifs. En 2003 les communistes éditent Diario Vea, et en 2009 le processus bolivarien imprime le Correo del Orinoco. Des centaines de petites publications alternatives apparaissent et disparaissent aussi.
Normes régulatrices
En Décembre 2005, au milieu du débat enflammé avec l’opposition, l’Assemblé Nationale approuve la “Loi de Responsabilité Sociale a la Radio et Télévision (Resorte)”. Cette loi développe les normes constitutionnelles et exige véracité, opportunité et pluralité dans l’information, limite le temps de publicité, établit des pourcentages de production nationale et indépendante, étend sa portée a la télévision payante, qui représente plus du tiers de l’audience du pays. Ce triomphe est en partie annulé car les medias ne respectent pas les normes, et la Commission Nationale de Télécommunications ne les fait pas respecter.
Gestion souveraine des concessions
En 2007 la majorité des concessions sur l’usage de l’espace radioélectrique, octroyées en mai 1987 pour une durée de 20 ans, ont expiré. Le gouvernement les a toutes rénové pour une durée de 5 ans, sauf celle de Radio Caracas Televisión, qui a elle seule représentait plus de la moitié de la facture publicitaire de la télévision, et qui, avec Venevisión, avait intégré un cartel pour empêcher l’arrivée de nouvelles chaines de télévision et les amener á la ruine en offrant des tarifs inferieurs aux publicitaires qui promettaient de ne pas s’annoncer chez eux. Alors que le directeur de RCTV Marcel Granier faisait un tour pour implorer les gouvernements européens d’intervenir au Venezuela et incitait les médias vénézuéliens à convoquer une fois de plus un soulèvement dans le pays, le 11 Juillet 2007 le propriétaire d’un des groupe multinational de communication les plus important d’Amérique, Diego Cisneros, divulguait dans les medias une confession qui éclairait la situation du Venezuela. Il affirma : « Beaucoup de gens dans le gouvernement ou l’opposition croient qu’un canal de télévision peut être protagoniste du jeu politique. Mais ceci n’est pas la mission de la télévision (...) Les chaines, je le répète, ne peuvent pas prendre partie dans le conflit national ou prétendre remplacer les partis politiques, si ils ne veulent pas aggraver le conflit. C’est ce qui se passe au Venezuela. » (El Nacional, 12-7-2007, p.4, Nación). RCTV a reçu l’autorisation de continuer á diffuser sur les chaines payantes, mais cela a réduit considérablement son audience. En mars 2010 la chaine a refusé de respecter les conditions requises pour transmettre a travers d’une chaine payante, raison pour laquelle elle n’émet plus depuis cette date.
Education du public
En ce qui concerne l’éducation du public dans la décodification des messages médiatiques, peu d’initiatives systématiques ont été adoptées. Un brillant programme d’analyse des médias diffusé sur VTV depuis 2004, « La Hojilla », sous les ordres de Mario Silva, exerce une critique pédagogique quotidienne, non sans passion et humour. « El Quiosco Veraz », de Earle Herrera, fait la même chose chaque semaine. A l’Institut d’Etudes Avancées* (IDEA) des cours de maitrise sur les médias comme acteurs politiques ont été impartis. Le Ministère du Pouvoir Populaire pour la Communication et l’Information a édité des livres et convoqué des Forums sur ce sujet. La perversité du message médiatique requiert cependant une action pédagogique généralisée, qui n’implique pas seulement tout les médias, mais aussi le système éducatif
Essor et chute du Quatrième Pouvoir
Mais le facteur décisif de cette longue confrontation fut que, tout au long de plus d’une décennie, les monopoles médiatiques ont perdu progressivement la confiance du public. Les journaux El Universal et La Nación ont vu leur tirage passer de 100 000 exemplaires a une moyenne proche de 50 000; ce dernier affrontant une sévère crise économique. Parallèlement à cela, les journaux plus équilibrés, Últimas Noticias et Panorama, ont dépassé les tirages de 360 000 exemplaires lors de leurs éditions dominicales. Apres sa carte de 2007 dans laquelle il signalait que le rôle des médias comme acteurs politiques ne contribuait pas á la paix dans le pays, Diego Cisneros a modéré partiellement l’agressivité de la chaine Venevisión. En 2010 la chaine d’opposition la plus violente, Golobovisión, a retiré de la direction le plus frénétique opposant, Federico Alberto Ravell. Ces changements n’enlèvent rien á la prêche du plan d’attaquer l’Etat: ils la Font juste moins violente, persistante et évidente. Il ne faut jamais oublier que la guerre médiatique est le préambule de la guerre stratégique: du lock-out patronal, du sabotage pétrolier et du coup d’Etat au Venezuela; de l’agression militaire extérieure dans d’autres pays et peut être même dans le notre. Des médias alternatifs, libres et communautaires, des normes régulatrices, le maniement des concessions et l’éducation sur les medias permettent de se défendre des campagnes médiatiques, pas des putschs ni des invasions.
Contrôle Social des médias
Alors que les moyens de production matérielle son entre les mains d’une minorité, celle-ci cherchera aussi a contrôler les moyens de production intellectuelle et les utiliseront pour leurs intérêts exclusifs. De la même façon qu’avec les monopoles économiques et financiers, la victoire face aux monopoles médiatiques arrivera seulement quand les travailleurs auront la propriété sociale des moyens de production matérielle et intellectuelle et les mettra a son service. N’importe quel autre triomphe est seulement une escarmouche.
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Traduit par R.V.
Article en espagnol ici
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8 mai 2010
200

De 200 ans de misères et grandeurs, il nous reste au moins l’expérience de ce qui a fonctionné, et de ce qui a échoué.
CA N’A PAS FONCTIONNÉ
- Recevoir les envahisseurs comme des Dieux.
- Résister a l’invasion impériale séparément, pour rendre possible qu’ils nous soumettent peuple par peuple, culture par culture, région par région
- Collaborer avec l’agresseur; les indigènes Totonaques et Chichimèques qui aidèrent Cortes contre les Aztèques, les guatémaltèques qui assistèrent a Pizarro contre les Incas, les ARUACOS qui ont appuyé Losada contre les Caraïbes, tout les américains qui ont servi de bourreaux a l’Empire contre d’autres américains furent ensuite réduits en esclavage, opprimés ou exterminés.
- Prolonger nos querelles internes même devant la présence de l’ennemi: Huascar contre Atahualpa, Moctezuma contre Cuauhtémoc furent les agents les plus efficaces des conquistadors.
- Laisser l’administration de notre sol et de notre sous-sol, de nos ressources naturelles, de notre économie, de nos finances, de notre politique entre les mains d’un empire étranger pendant des siècles.
- Permettre qu’avant et après le renversement, certaines de nos sociétés originairement égalitaires dégénèrent en des systèmes de castes, avec des privilèges économiques et politiques héréditaires
- Inculquer au peuple l’obéissance aveugle, de façon á ce que la reddition des dirigeants équivaudrait á la reddition du peuple, et que couper la tète des chefs serait laisser les gouvernements sans idées
- Copier la culture oppresseur avec l’espoir d’être reconnus comme égaux et la certitude de finir ridiculisés comme des contrefaçons ou pardonnés comme pittoresques
- Nous juger avec la vision de l’ennemi, nous mesurer avec la mesure de l’oppresseur, nous évaluer selon la table de valeurs des génocides
OUI CA A FONCTIONNE
- Prendre notre destin entre nos mains après 300 ans d’une oppression qui paraissait éternelle.
- Défendre avec force le droit a être nous même, qui nous était refusé avec violence
- Comprendre que la bataille contre l’empire était une entreprise continentale, et que les paroisses, petits villages, petites républiques ne pouvait avoir une vie indépendante
- Contempler l’union de Notre Amérique comme une immense confédération ou un bloc de la taille d’un hémisphère, dans tout nos projets indépendantistes, depuis l’Incanato de Miranda jusqu’au Congres Amphictyonique de Bolivar
- Que les mouvements rebelles s’aident solidairement les uns les autres depuis le Rio Grande jusqu’ á la Patagonie
- Utiliser contre l’empire ses armes et idées les plus avancées, ainsi que la communauté linguistique et culturelle qu’il nous a imposé
- Convoquer les classes et les castes opprimées avec un programme d’égalisation sociale et économique
- Interdire dans les constitutions et les lois républicaines toute discrimination fondée sur la race ou le supposé héritage ethnique
- Réserver á perpétuité le sous-sol et le contrôle des ressources naturelles de façon indivisible et inaliénable pour nos Républiques souveraines
- Confisquer sans indemnités ni contemplations la principale richesse de l’époque, qu’étaient les territoires, pour les redistribuer en accord avec les services rendus á la cause révolutionnaire
- Proclamer de façon irrestrictive la souveraine et inaliénable puissance de nous donner nos propres lois, les appliquer et les interpréter avec nos propres tribunaux
- Que Bolivar lui même rejette la prétention étasunienne de soumettre à des arbitres et des juges étrangers des réclamations qui affectent notre intérêt publique
- Séparer l’Etat et l’Eglise et soumettre l’une á l’autre á travers du patronage
CA N’A PAS FONCTIONNÉ
- Remplacer une Métropole par plusieurs
- Abandonner le principe indépendantiste d’intégration et permettre que cinq Vice-royautés et cinq Capitaineries se désintègrent en une trentaine de pays
- Commencer notre vie indépendante avec une dette publique accablante dont la négociation a enrichi les dirigeants et soumis le peuple a la misère la plus sordide
- Démarrer notre existence autonome avec des Traités de Libre Commerce qui nous empêchaient de protéger nos produits, alors que les Métropoles protégeaient les leurs
- Limiter nos économies a la production d’une demi-douzaine de marchandises de demande précaire dans les marchés externes, au lieu de fabriquer deux centaines de marchandises d’indispensable nécessité dans nos marchés internes
- Essayer de maintenir une société de castes, en maintenant l’esclavage, la servitude des indigènes, la discrimination ethnique et raciale qui, en définitive, ont causé des centaines de rebellions armées
- Repousser ou refuser les revendications offertes aux clases et aux groupes qui, avec leur sang, ont garanti l’indépendance et, avec leur travail, l’économie.
- Laisser se perdre les projets de l’Incanato et du Congres Amphictyonique pour accepter une fausse intégration sous tutelle des Etats-Unis du Panaméricanisme
- Prêter nos territoires pour des bases militaires étrangères, et leur louer nos hommes comme de la chair à canon
- Tolérer de façon désunie les interventions insolentes, les invasions et les blocus de l’Angleterre, la France, la Hollande, l’Allemagne et les Etats-Unis
- Exonérer d’impôts les transnationales et les étrangers á travers des Traités contre la Double Imposition, et augmenter les contributions des nationaux pour les faire payer ce que les étrangers ne payent pas
OUI CA A FONCTIONNÉ
- S’enhardir contre les empires
- Résister aux interventions dans le champ culturel, économique et stratégique
- Conquérir par la violence les revendications sociales et économiques qui nous sont reniées par la forcé brute
- Mobiliser de nouveau les classes opprimées et respecter les programmes de revendication sociale
- Rejeter l’intégration sous tutelle des empires et mettre le point final a l’intégration que nous avions commencé nous même
- Refuser l’installation de bases militaires étrangères et dénoncer, priver de communication, isoler ou expulser celles qui existent déjà
- Reconquérir le contrôle de nos richesses naturelles, ainsi que celui des industries relatives a son exploitation
- Penser avec nos idées, nos valeurs, nos têtes
- Etre nous même dans Notre Amérique
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Texte original: Luis Britto Garcia (disponible ici en espagnol)
Illustration : Régulo Pérez
Traduction : R.V.
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