23 sept. 2011

Pillage ou Révolution Mondiale?




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Les pays hégémoniques ont-ils eu, ont-ils, auront-ils, d’autre méthode que l’intervention militaire pour lutter contre leur propre crise et contre les pays périphériques ?

La fabrication d’armements fait tourner l’industrie. Le recrutement de mercenaires occupe et éloigne les marginaux. La destruction de pays afin de se répartir leurs ressources encourage la bagarre financière.

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La guerre infinie suffira-t-elle à sauver l’impérialisme ?

Les dépenses en armement conduisent les économies vers la banqueroute. Le déficit est épongé grâce à des réductions des dépenses sociales qui entrainent des soulèvements internes. L’économie de casinos boursiers conduit d’une crise à l’autre. Les agressions externes répétées embourbent les empires dans des guerres qu’ils ne peuvent gagner contre des cultures qu’ils ne comprennent pas. Le pillage et le gaspillage d’hydrocarbures terminera seulement quand il n’y en aura plus. Le style actuel de nos civilisations ne survivrait pas à l’épuisement de la source de plus de 90% de la consommation énergétique. La bataille pour le pétrole, l’eau et la biodiversité entraine vers l’affrontement entre grandes puissances et vers la Guerre Mondiale.

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L’attentat contre la Libye modifie-t-il ce panorama?

Les bombardements philanthropiques de l’OTAN aplanissent le chemin vers une coalition humanitaire de pilleurs qui comprend des spéculateurs financiers de l’autocratie pétrolière du Qatar, d’ex-fonctionnaires de Kadhafi, des fondamentalistes sunnites, des djihadistes, des groupes tribaux berbères et des pions d’Al Qaeda. Cette bande de bénévoles a commencé par assassiner son premier chef, Younis. Cela ne ressemble pas aux bases nécessaires pour construire une paix durable ni une victoire plus rapide que celles infiniment repoussées en Afghanistan et en Iraq. Les Etats-Unis ont armé les talibans en Afghanistan, leurs pires ennemis désormais. Neuf années de démolition en Iraq ont été conclues par la conquête du gouvernement par des chiites partisans de l’Iran, le plus grand rival des Etats-Unis dans la région. à coups de bombes, l’Alliance de l’Atlantique ouvre le chemin de la Libye à une grande partie de ses ennemis. Tout allié des Etats-Unis devient sa victime ou son adversaire.


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Suffit-il de ne rien faire pour que l’Empire s’arrête?

Lors d’un entretien télévisé réalisé en Mars 2007, l’ex commandant de l’OTAN, le Général Wesley Clark, révélait que quelques semaines seulement après le 11 Septembre, alors que la guerre d’Afghanistan avait commencé, un général qui travaillait directement avec le Secretaire Rumsfeld et le sous-secrétaire Wolfowitz lui a montré des papiers disant : « ceci est une note qui décrit comment nous allons envahir 7 pays en 5 ans. En commençant par l’Iraq, la Syrie, le Liban, la Somalie et le Soudan, et pour finir l’Iran » (General Wesley Clark: « plan des Etats Unis en 2001 pour envahir 7 pays dont la Libye” www.forosperu.com 13-8-2011).

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Le larcin contre la Libye améliorera-t-il la situation des autocraties pétrolières de Bahreïn, d’Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar, des puissances qui ont oublié d’utiliser leur véto contre l’intervention, des consommateurs d’hydrocarbures ?

Les compagnies impériales maintiendront des prix hauts, car c’est de cela que dépendent leurs revenus exorbitants. Les autocraties pétrolières sont utiles en tant que pions contre les pays indépendants de l’OPEP. A mesure qu’elles seront soumises, les autocraties deviendront inutiles, on les payera de moins en moins pour l’or noir et leurs peuples affamés les renverseront. La Russie et la Chine ont déjà été exclues du partage du pétrole libyen. Bientôt elles seront exclues du pétrole mondial.



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Le pillage calmera-t-il l’agitation globale?

Si le butin n’est pas suffisant pour les grandes puissances, c’est encore moins le cas pour les peuples. La récession entrainera une augmentation du chômage ; celui-ci aggravera la discrimination contre les immigrés ; la crise alimentaire entrainera une forte hausse du coût de la vie ; la décision des gouvernements de transférer le poids de la crise sur le dos des travailleurs va créer de la famine ; ces derniers se regrouperont sous la bannière de l’Indignation, se libérant du néolibéralisme et renversant des autocraties conservatrices comme celles de Tunisie et d’Egypte.


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Une crise terminale du capitalisme et une vague de mutineries et d’agitations populaires seront-elles suffisantes pour détoner une révolution internationale ?

Les forces sociales se dissipent sans machineries ou projets capables de les faire s’unir à une cause. Durant l’Hécatombe néolibérale, les partis et les intellectuels qui étaient révolutionnaires dans le passé se sont rendus face à la Pensée unique et ont abandonné la conduite de la puissante commotion qui secoue aujourd’hui la planète. La constitution ou reconstitution de projets révolutionnaires et de partis radicaux disposés à la mettre en œuvre est urgente. C’est la seule chose qui nous sépare de la Révolution Mondiale.


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traduit avec l'autorisation de l'auteur
me contacter pour toute amélioration de la traduction
article original en espagnol : ici

4 sept. 2011

Le monde brule-t-il?





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Un fantôme, appelé indignation, recourt le monde. Il annonce une énorme vague révolutionnaire qui pourrait libérer les pays hégémoniques et périphériques de la même façon. Les premiers cités sont en banqueroute a cause de la crise, absorbés dans de couteuses courses à l’armement, faisant face à l'épuisement des ressources qu’ils dilapident. Les seconds souffrent de la pénurie d’aliments, la dévastation de la nature et l’exploitation néocoloniale.

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L’accumulation de conditions objectives se convertit en révolution seulement quand la somme des changements quantitatifs entraine une transformation qualitative. Historiquement, comment a eu lieu ce saut ? Durant la Révolution Anglaise de 1645 et la Française de 1789, et la Bolchévique de 1917, des soulèvements populaires détonnés par l’extrême pénurie se sont ajoutés aux banqueroutes des Etats dues a des aventures guerrières.
Observons les pouvoirs hégémoniques d’aujourd’hui, et leurs alliés. Les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Italie, l’Islande s’effondrent sous le poids de dettes publiques proches ou supérieures à 100% de leur PIB annuel. De telles charges n’entrainent pas la débâcle instantanée car, á différence du Tiers-Monde, ils payent de commodes intérêts comme celui des Etats-Unis, de1, 5% annuel. Mais leurs gouvernements ont opté pour maintenir l’amnistie fiscale pour les riches et les banquiers arnaqueurs, et charger tout le poids du déficit et des sauvetages financiers sur les conditions de vie des travailleurs et, parfois, se ruiner dans de couteuses ingressions impériales.

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De telles politiques, identiques á celles qui ont entrainé les révolutions historiques, ont forcement comme conséquence la résistance sociale. Le peuple d’Islande a refusé de payer la datte des banquiers, fait pratiquement révolutionnaire. La Grèce, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Angleterre sont le théâtre de protestations massives. En Israël entre juillet et aout des multitudes de 300 000 citoyens protestent contre le cout de la vie et obligent Netanyahu à stopper la hausse des prix du pétrole et a augmenter l’importation d’aliments (BBCMundo: 27-8-2011). Le premier ministre Cameron disqualifie les manifestants de Londres en les traitants de pillards. Mais la Révolution Française avait pris ce même trait avec les jacqueries, pillages paysans qui ont obligé la noblesse à renoncer a ses privilèges et furent le prélude aux soulèvements parisiens. Le bipartisme a aussi qualifié les soulèvements populaires de Mérida en 1987 et de Caracas en 1989 de pillages, mais ils ont changé le cours du pays. Immanuel Wallesrstein déclarait pour ALAI le 15-08-2011 : « Je vois des guerres civiles dans de nombreux pays du Nord, surtout aux Etats-Unis où la situation est bien pire qu’en Europe Occidentale, même si là bas aussi il y a des possibilités de guerres car il y a une limite jusqu'à laquelle les gens ordinaires acceptent la dégradation de leurs possibilités. »

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Cette rébellion dans les centres hégémoniques s’équilibre-t-elle avec la soumission coloniale du Tiers-Monde ? La majorité des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes ont choisi des gouvernements de gauche ou de centre-gauche. Au Mexique la violence et la militarisation augmente : le 8-8-2011 le New York Times réitère que des agents du Pentagone, la CIA, la DEA et d’autres agences opèrent non seulement depuis le centre d’intelligence qui se trouve á Reforma 225, mais aussi depuis une base militaire en terre Mexicaine. Au Honduras les protestations contre le régime qui a surgi suite au coup d’Etat contre Zelaya augmentent. A Haïti, les citoyens s’insurgent contre les troupes de la Minustah qui jettent les excréments dans les rivières. Au Chili le gouvernement néolibéral fait face a la rébellion de 500 000 manifestants contre la privatisation totale de l’éducation. Et dans le monde islamique les passions se déchainent. Mais de l’indignation á la Révolution il y a beaucoup de distance. La tâche est de la raccourcir.

PHOTO: Puerta del Sol, Madrid, Luis Britto

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