8 août 2010

La Colombie envahit le Venezuela




1.

Le réactionnaire président de la Colombie ne peut contenir sa rage. Sa politique répressive ne fait qu’entretenir la guerre civile. L’un de ses opposants, le Docteur Uribe Uribe, qui se trouve en asile au Venezuela, écrit : « notre drapeau a grandi a travers les échauffourées. Au début il n’était que la revendication d’un parti dans les querelles internes de notre pays ; aujourd’hui c’est le drapeau de la Grande-Colombie ». Le président Vénézuélien entretient d’insupportables liens d’amitié avec ses collègues d’Equateur et du Nicaragua. En Equateur est aux commandes un robuste conducteur de peuples, qui mobilise des masses de mulâtres et d’indigènes. Au Nicaragua le soulèvement populaire porte à son sommet un dirigeant qui s’abat sur les oligarchies qui possèdent les terres. Face à ces leaders de masse, le président de la Colombie compte sur le soutien des Etats-Unis. Il faut leur donner une leçon ! Trente neuf bataillons colombiens déguisés en vénézuéliens suffiront à les réduire en miettes.

2.

Les opposants venezueliens, disposés à envahir leur propre pays avec des étrangers pour une miette de pouvoir, ne manquent pas non plus en Colombie. Le président Colombien fait appel au général vénézuélien en exil Rangel Garbiras, acclamé dans les hautes sphères pour être un agile danseur de valse et un frénétique ennemi de l’idée d’unifier la Grande-Colombie, et lui confie le contrôle d’une force de cinq mille soldats colombiens pour qu’il envahisse le Venezuela, avec un drapeau vénézuélien. Opportuniste, l’évêque de Merida monseigneur Silva lance une pastorale où il fulmine envers les partisans du gouvernement venezuelien pour leur dévotion à la « Mano Poderosa ». Le journal de Caracas El Tiempo, de la famille Pumar, se joint aux critiques destructrices. Le 26 Juillet 1901, les envahisseurs violent la frontière avec le Táchira par le chemin de Cúcuta , et acclament le président Colombien José Manuel Mallorquín.

3.

Féroces lorsqu’il s’agit de réprimer leurs compatriotes désarmés, les militaires ou paramilitaires colombiens ne sont pas un modèle de discipline. Comme le conte Nemecio Parada dans ses mémoires : « Les troupes de ligne que j’ai vu n’avaient de ligne que le nom. Tous, des chefs jusqu’aux soldats, avaient une tenue déplorable. (Les généraux colombiens) Cote et Conde en premier lieu, bien que sur de belles montures, ils discréditaient leur prestance guerrière, portant une couverture, une calotte avec un large insigne bleu, de bruyants éperons et d’énormes coiffes de traves. On reconnaissait le soldat parce qu’il portait le fusil ainsi que le rosaire, les scapulaires et autres reliques qui pendaient a son cou. C’étaient les choses de l’époque et du moment où ils vivaient (Ramón J.Velásquez: La caída del Liberalismo Amarillo, Contraloría General de la República, Caracas, 1972, 275). « A peine traversent-ils la frontière, au cri de « A bas les rouges ! », qu’ils perdent leur temps dans d’indisciplinés saccages de fermes et de hameaux qui les firent perdre du temps à atteindre leur objectif : le parc de San Cristobal.

4.

Le retard du aux pillages donne le temps a Celestino, frère du président Cipriano Castro, d’organiser la défense de la place. Le 28 juillet dans l’après-midi éclate la Bataille de San Cristobal. Les vénézuéliens combattent furieusement et perdent 300 hommes. Au coucher de soleil le jour suivant les colombiens fuient, en laissant sur le champ de bataille 800 morts et des milliers de fusils. Rangel Garbiras souffre une autre déroute encore pire lorsqu’il tente d’envahir San Faustino.

5.

Alors que l’invasion échoue a Tachira, Don Cipriano concentre des forces de réserve pour la défense de Maracaibo et Zulia, et ordonne par la suite au général Jose Antonio Davila de pénétrer avec elles dans la République Sœur en soutien aux libéraux rebelles de San Marta et Riohacha. L’incursion est repoussée à Carazua par l’armée Colombienne soutenue par les indigènes de la Guajira et par des venezueliens opposants de Castro, qui n’hésitent pas à prendre parti pour la Colombie. L’armée colombienne réunit 15 000 soldats dans la région de Santander et en cantonne 10 000 supplémentaires a Santa Marta, ce qui crée un déséquilibre stratégique avec le Venezuela, qui ne possède pas plus de 7 000 hommes armés (Eleazar López Contreras: El presidente Cipriano Castro: Imprenta Nacional, Caracas1986, 184).

6.

Ces faits devraient avoir servi de leçon pour tout le monde. Les tentatives d’envahir le Venezuela en faisant confiance a des paramilitaires, ou plutôt des pillards, est le pire fiasco militaire de l’histoire de la Colombie. Le Venezuela confirme qu’il n’a rien à gagner dans un conflit avec sa République Sœur, et depuis règle ses différents avec des Traites pacifiques et généreux. Occupée à essayer de contrôler au Venezuela les dissidents qu’elle ne peut contrôler dans son propre pays, l’Oligarchie Colombienne écrase son propre peuple avec de lourdes dépenses militaires qui provoquent mille rebellions, mais ne prête pas attention a son véritable adversaire, les Etats-Unis, qui lui vole le Panama. Je ne me fatigue pas de citer la phrase de Jeronimo Perez Rescaniere, qui dit que la Colombie était le pays le plus riche d’Amérique Latine parce qu’elle avait le Panama, et depuis qu’ils se séparèrent, ni le Panama ni la Colombie ne sont riches. La stupide obsession de l’oligarchie colombienne contre le Venezuela lui a couté tout d’abord le contrôle de la voie stratégique la plus importante et la plus productive de la planète, et ensuite la perte de sa propre souveraineté due aux insolents envahisseurs étasuniens immunises et impunis devant les lois. C’est ainsi qu’ils ont perdu le Panama puis toute la Colombie sans rien pouvoir faire contre le Venezuela.

7.

Pendant ce temps Cipriano Castro continue dans sa tentative de rétablir la Grande-Colombie, et pour cela il signe un traité avec le président du Nicaragua Jose Santos Zelaya et avec celui de l’Equateur, Eloy Alfaro. L’oligarchie en possession des terres va comploter avec les créanciers de la Dette Extérieure et avec 6 puissances impérialistes afin de l’empêcher d’arriver à son but, en utilisant pour cela soulèvements, blocus et bombardements avec des cuirassés étrangers. Mais seule la trahison interne d’un coup d’Etat mettra de nouveau le Venezuela sous le joug de l’Empire. Ce sont de passionnants événements qui datent d’il y a plus d’un siècle, mais qui sont toujours d’actualité. Nous verrons tout cela dans un film sur Cipriano Castro dirige par le maestro Roman Chalbaud, si Dieu le veut et si les moyens offerts se matérialisent avant que nous soyons de nouveau envahis.


<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<


Pour améliorer la traduction me contacter en laissant un commentaire.
Version originale de l'article: ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire