12 sept. 2010

Comment résister aux aggressions impériales




Les gangsters et les empires n’ont qu’un seul argument: la force brute. Il existe des méthodes pour la vaincre.

Les Etats-Unis envoient au Mexique des colons protestants qui emmènent avec eux leurs esclaves ; et comme le gouvernement mexicain ne permet pas l’esclavage, les étasuniens leur arrachent plus de la moitié de leur territoire. Ouvrir ses portes au cheval de Troie mène à la perdition.

Les Etats-Unis envahissent Cuba sous prétexte de le libérer, établit un protectorat et laisse une base militaire qui perdure jusqu’a aujourd’hui. Laisser le diable s’installer mène à la perdition.

La Colombie envahit le Venezuela en 1901 avec 5000 paramilitaires déguisés en vénézuéliens; souffre une écrasante déroute, et alors qu’elle perd son temps à menacer notre pays, les Etats-Unis lui quittent le Panama. Reconnaitre le véritable ennemi mène au salut.

L’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie avec leurs cuirassés bloquent, bombardent et envahissent le Venezuela, mais ils se retirent devant l’attitude inflexible de Cipriano Castro et l’invocation étasunienne de la doctrine Monroe. Ne pas céder d’un pouce mène au salut.

Les Etats-Unis agressent militairement de façon répétée les petits et fragmentés pays que sont Puerto Rico, Cuba, Haïti, la République Dominicaine, le Nicaragua, le Guatemala, la Colombie et le Panama, mais ils ne dépassent pas le stade d’influencer par dessous la table dans la politique du gigantesque Brésil. Rester unis mène au salut.

Les Etats-Unis avec tout leurs Marines échouent face à l’irréductible Cesar Augusto Sandino, et ils l’assassinent donc lors du banquet pour célébrer la paix. Savoir que pour l’ennemi paix signifie trahison mène au salut.

Quand les Etats-Unis entrent en conflit, ils réduisent au silence les medias favorables à leur adversaire et contrôlent férocement la dissidence qui l’appuie. Se battre contre l’ennemi extérieur sans oublier l’ennemi à l’intérieur mène au salut.

L’ambassadeur étasunien Braden dirige la campagne électorale contre Juan Domingo Perón, et ce dernier gagne les élections. Couper court à toute ingérence dans les affaires internes mène au salut.

Le Guatemala met en place une reforme agraire et exproprie des terres de United Fruit, en l’indemnisant a la valeur des terres que la transnationale a signalé dans ses déclarations d’impôts; les Etats-Unis organisent une invasion de mercenaires qui renversent avec les balles le gouvernement démocratique. Tenter des reformes sans avoir construit au préalable un pouvoir populaire mène à la perdition.

Les Etats-Unis envahissent Cuba avec des mercenaires par la baie des cochons, Fidel les fait échouer et déclare la révolution communiste. Répondre aux agressions avec des mesures tranchantes mène au salut.

Les Etats-Unis accusent Cuba devant l’OEA (Organisation des Etats Américains), et tous ses membres sauf le Mexique votent pour les expulser du système interaméricain. Se soumettre à des organisations fondées et maintenues par l’empire mène à la perdition.

Face a la colossale menace étasunienne, Cuba établit un réseau d’alliances dans le monde socialiste et avec les Non-alignés, ce qui lui permet d’équilibrer les forces et de survivre jusqu’a aujourd’hui. Mener une diplomatie multipolaire mène au salut.

Apres avoir servi inconditionnellement les Etats-Unis durant son interminable dictature, Rafael Leonidas Trujillo est assassiné avec le consentement de la CIA, qui ne fait rien pour l’empêcher. Servir le diable c’est se condamner.

Confiants en leur omnipotence, les Etats-Unis envahissent successivement la Corée du Nord, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak et la Somalie et souffrent d’importants échecs de toutes parts. Maintenir la spécificité culturelle et le sentiment national de façon irréductible mène au salut.

Juan Bosch est élu président de République Dominicaine, il met en place une série de reformes démocratiques et, comme le coup d’Etat lancé contre lui par le pro-yanqui Wessin Wessin échoue, les Etats-Unis envahissent Santo Domingo sous prétexte de défendre leurs intérêts. Héberger des intérêts étasuniens mène à la perdition.

Salvador Allende met en route la voie pacifique et démocratique vers le socialisme, et les Etats-Unis favorisent un coup d’Etat fasciste de la droite qui l’assassine. Etre pacifique face à un ennemi armé mène à la perdition.

Le département d’Etat promeut près d’un millier d’attentas pour assassiner Fidel Castro, tous avortés par les services d’intelligence cubaine. Connaitre la malignité de l’ennemi mène au salut.

Les gouvernements latino-américains acceptent avec illusion des prêts a des taux d’intérêts de 3%, sans faire attention que les contrats permettent aux usuriers d’augmenter unilatéralement les taux d’intérêts qui sont multipliées par 5 jusqu’a 15%, ce qui entraine la Dette Extérieure de nos pays. Signer des contrats sans les lire mène à la perdition.

Le gouvernement militaire d’Argentine envahit les Iles Malouines en pensant qu’il comptera avec le soutien des Etats-Unis, qui sont obligés de le faire en vertu du Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque, mais la puissance nord-américaine l’abandonne a son triste sort pendant que les anglais les exterminent. Croire que l’empire respecte les traités mène à la perdition.

Le Président Omar Torrijos exige la dévolution du canal du Panama, et il meurt dans un mystérieux accident d’avion. Prendre l’avion seulement en cas d’extrême nécessité et d’extrême sécurité mène au salut.

Pour payer la Dette, les gouvernements latino-américains imposent a leurs peuples des paquets du Fond Monétaire International qui leur interdit de protéger leurs économies, et les mouvements sociaux entrainent des rebellions sociales qui interdisent aux gouvernements de se rendre au Fond Monétaire. Obéir à des usuriers mène à la perdition.

Apres avoir échoué dans sa tentative de faire tomber le gouvernement sandiniste, les Etats-Unis obligent les opposants à s’unir et les financent a travers de l’USAID et de la NED, ce qui permet á l’opposition de gagner les élections de 1990. Accepter que les Etats-Unis financent les oppositions locales mène á la perdition.

Le Président élu Hugo Chavez réalise 49 lois de réforme, et la confédération de patrons lance un lock-out et un coup d’Etat, le renverse, le séquestre, monte un sabotage pétrolier et un blocus de la distribution d’aliments et un téléthon dans lequel tout les medias s’expriment a faveur du renversement du gouvernement légitime, jusqu'à ce que le peuple le rétablisse. Attendre l’autorisation des patrons pour faire la révolution mène à la perdition ; laisser la peuple agir mène au salut.

Les Etats-Unis prétendent imposer l’Aire de Libre Commerce pour les Amériques (ALCA) afin de se réserver l’Amérique Latine et les Caraïbes comme un immense marché non régulé, mais ils échouent piteusement. Protéger l’économie propre mène au salut.

L’ALCA ayant échoué, les Etats-Unis l’imposent secrètement, a travers des traites bilatéraux de Libre Echange, Promotion et Protection des Investissements, et a travers des Traites contre la Double Imposition qui exonèrent le paiement d’impôts pour leurs transnationales dans les pays ou elles obtiennent des bénéfices. Laisser perdre la bataille que l’on a gagnée mène à la perdition.

La transnationale Exxon tente un embargo sur les biens et les réserves internationales du Venezuela en brandissant l’inconstitutionnelle doctrine selon laquelle les pays latino-américains doivent soumettre les controverses sur les contrats d’intérêt publique à des tribunaux ou des arbitres étrangers. Livrer la souveraineté juridictionnelle a des jurés qui se prononcent constamment contre nos intérêts mène a la perdition.

Le petit Equateur se retire du CIADI (Centre international de règlement des différends) et récupère son droit de décider les controverses sur ses contrats d’intérêt public avec ses propres lois et tribunaux. Reconquérir la souveraineté mène au salut.

Les Etats-Unis maintiennent la base de Guantanamo en territoire cubain, mais jamais les marines n’osent en sortir. Armer et entrainer le peuple mène au salut.

Le petit Equateur accepte que les Etats-Unis installent la base de Manta, ce qui leur permet de contrôler la zone stratégique du Putumayo, et depuis cette base diriger et soutenir l’agression de la Colombie contre l’Equateur. Héberger l’ennemi mène a la perdition.

Le petit Equateur ordonne au gigantesque Etats-Unis de déloger la base de Manta, et le colosse abandonne cette tanière. Ne pas permettre que la botte de l’insolent étranger piétine la souveraineté mène au salut.

En prenant pour excuse que, soi disant, des colombiens armés seraient entrés dans un pays limitrophe, le gouvernement colombien permet que des étasuniens armés occupent totalement leur territoire. Regarder la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le notre mène a la perdition.

Si à ce moment précis, vous ne savez pas quel est le chemin de la salvation et quel est celui de la perdition, vous êtes perdu.

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Article original en espagnol ici

Traduit avec l'autorisation de l'auteur.

Aidez moi a améliorer la traduction en me contactant. Merci a T34 ainsi qu'a Pujo Jluc pour leurs corrections.

R.V.

22 août 2010

La Guerre contre l'Amérique Latine




1.

La Colombie en 2007 possède des effectifs de 459 687 personnes destinées a la Défense et Sécurité ; et elle dépense cette même année 6,5% de son PIB, soit 22 milliards de dollars dans sa guerre (Semanario VOZ, edición 2427, cit. por Álvaro Angarita: “Crece el gasto militar. Guerra devora el presupuesto”; 27-2- 2008 www.geocities.com/vozxcol/voz.pdf). Cela crée un important déséquilibre avec le Venezuela, dont l’armée se compose de 82 000 personnes et, selon le World Economic Outlook, consomme 1,47 milliard de dollars, 1,6% de son PIB, duquel 9% est destiné à l’éducation. Cela crée aussi un déséquilibre avec l’Equateur. Qui en 2007 avait 37 448 personnes dans son armée, qui dépensait 1,69 milliard de dollars, 3,41% de son PIB et 10,7% de son budget (A comparative Atlas of Defence in Latin America, 2008).

2

Parallèlement, le gouvernement de Colombie accepte l’installation d’au moins sept bases militaires étasuniennes, avec un statut d’immunité et d’impunité devant les lois et tribunaux colombiens, alors que les Etats-Unis maintiennent 2 bases a Aruba et Bonaire ainsi qu’une autre au Honduras et une au Paraguay, en installe 2 nouvelles au Panama, fait débarquer des milliers de marines au Costa Rica, maintient une invasion militaire injustifiée en Haïti et patrouille dans les Caraïbes avec la IVème Flotille ressuscitée. Des sources étasuniennes et colombiennes allèguent que cette militarisation démesurée a pour objectif de se défendre contre quelques dizaines de colombiens exilés au Venezuela. Mais il n’y a rien de plus erroné que d’interpréter la situation comme une simple escarmouche locale. « N'envoie jamais demander pour qui sonne le glas; il sonne pour toi», dit un vers de John Done. Le glas ne sonne pas pour le Venezuela ; il sonne pour l’Amérique Latine.

3

Le maintient de la base Etasunienne au Honduras et le coup d’Etat contre le président élu de ce pays, le harcèlement contre le Nicaragua, l’ouverture de deux nouvelles bases au Panama et l’occupation militaire du Costa Rica ne sont que des échelons du vieux plan Puebla-Panama, qui tente d’ouvrir un couloir stratégique pour l’Amérique Centrale, depuis le Mexique jusqu'à la Colombe. Cette opération réunit dans des quantités croissantes fonds, effectifs, armements et bases étasuniennes, a travers les plans Colombia, Patriota et Victoria, soi-disant destinés à contrôler les insurgés et la drogue. Son échec a été total. La Colombie en 2005 totalisait 650 tonnes-cubes de cocaïne sur les 910 produite dans le monde, avec 180 en provenance du Pérou et 90 de Bolivie. (United Nations Office on Drugs and Crime, "World Drug Report 2006, Volume 1:Analysis" ; United Nations: Viena, Austria, 2006, p. 82). En réalité les Etats-Unis, qui désormais combat ses guerres avec des mercenaires, veut sacrifier les forces armées de Colombie qui n’ont pas pu dominer les insurgés locaux, pour restaurer son hégémonie continentale. La situation n’est pas nouvelle. A la moitié du siècle passé, des effectifs colombiens furent envoyés pour se battre dans la très lointaine guerre de Corée ; et au début de ce siècle, des soldats colombiens ont été envoyés en Afghanistan.
Leur prochaine mission sera de s’immoler pour les intérêts de la même puissance qui lui a enlevé le Panama.

4

Regardons un peu la carte. A proximité de la frontière Est de la Colombie, où sont érigées la majorité des bases militaires étasuniennes, se trouvent les riches gisements d’hydrocarbures du Venezuela. Plus au Sud se trouvent le fleuve Orinoque et l’Amazonie venezuelienne, avec ses débits d’énergie hydroélectrique, de fer, d’aluminium, d’or, de diamants et de biodiversité. Mais le Venezuela n’est pas le seul objectif de cette guerre longuement annoncée. Le feu est ouvert contre le petit Equateur, avec une attaque d’essai, qui a été confessée, et soutenue et dirigée par la base étasunienne de Manta, aujourd’hui heureusement démantelée. L’objectif était de démontrer qu’il était possible d’agresser la souveraineté d’un pays de la région avec une attaque militaire sans autre conséquence que quelques mots durs de l’UNASUR.

5

Regardons la carte de plus près : la frontière du Brésil, pays qui de par sa superficie de 8 547 404 km2 et sa population de 170 millions d’habitants, constitue quasiment la moitié de l’Amérique du Sud. En tant que propriétaire de la majeure partie de l’Amazonie et des récents gisements d’hydrocarbures découverts, la sixième ou septième économie mondiale et la huitième industrie mondiale d’armements, noyau du Mercosur et acteur politique international indépendant, est un véritable adversaire pour les Etats-Unis dans la conquête de l’hégémonie continentale. Le Brésil l’a parfaitement compris et inclus dans sa Stratégie Nationale de Défense approuvée par Lula Da Silva en 2008. Son armée de 210 000 hommes sera augmentée avec 59 000 nouveaux effectifs ; 28 nouveaux postes frontières ont été ajoutés aux 21 existants, localisés essentiellement en Amazonie où 40% des nouvelles recrues sont envoyées. (Zibechi, Raúl: “Brasil desafía el Plan Colombia”, ALAI AMLATINA, 30-04-2010).

6

Ainsi, n’importe quelle agression contre l’Equateur ou le Venezuela ouvre les hostilités contre le gigantesque Brésil et la Bolivie et le Nicaragua et l’inexpugnable Cuba et le Mercosur. Le conflit supposé local se transforme ainsi en continental. Cela représenterait, ni plus ni moins, une guerre contre l’Amérique Latine. Et si l’on prend en compte que la survie de l’Europe et de l’Asie dépend en grande partie des ressources et des marchés de l’Amérique Latine, l’affrontement pourrait devenir mondial.

7

Sur le versant Pacifique, les Etats-Unis mettrait la pression sur les gouvernements du Pérou et du Chili pour qu’ils se battent pour ses intérêts. Le Chili possède l’armée avec la plus importante dépense et le plus grand nombre d’effectifs par habitant en Amérique Latine. L’empire exigerait l’utilisation de ces milices pour cerner le colossal Brésil et les gouvernements progressistes d’Equateur, Bolivie et peut-être même du Paraguay et de l’Uruguay. Avec l’espoir d’obtenir des revendications territoriales, les faucons entreraient dans le conflit, qui ne serait pas seulement une confrontation militaire, mais une véritable guerre sociale acharnée d’insurgés, de laquelle tout le monde sortirait fortement touché. En premier lieu la puissance nord-américaine qui a perdu l’hégémonie économique, diplomatique et culturelle et qui, depuis quasiment une décennie, n’a pas pu vaincre de désastreuses guerres contre des pays asiatiques retardés. Ensuite, ses alliés, qui sont historiquement utilisés, rejetés et détruits. Le premier coup de cloche a sonné. Stoppons-la avant qu’elle sonne pour tout le monde.


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Traduit avec l'aimable autorisation de l'auteur Luis Britto Garcia.
Article original disponible ici

Pour améliorer la traduction, me contacter, merci.

8 août 2010

La Colombie envahit le Venezuela




1.

Le réactionnaire président de la Colombie ne peut contenir sa rage. Sa politique répressive ne fait qu’entretenir la guerre civile. L’un de ses opposants, le Docteur Uribe Uribe, qui se trouve en asile au Venezuela, écrit : « notre drapeau a grandi a travers les échauffourées. Au début il n’était que la revendication d’un parti dans les querelles internes de notre pays ; aujourd’hui c’est le drapeau de la Grande-Colombie ». Le président Vénézuélien entretient d’insupportables liens d’amitié avec ses collègues d’Equateur et du Nicaragua. En Equateur est aux commandes un robuste conducteur de peuples, qui mobilise des masses de mulâtres et d’indigènes. Au Nicaragua le soulèvement populaire porte à son sommet un dirigeant qui s’abat sur les oligarchies qui possèdent les terres. Face à ces leaders de masse, le président de la Colombie compte sur le soutien des Etats-Unis. Il faut leur donner une leçon ! Trente neuf bataillons colombiens déguisés en vénézuéliens suffiront à les réduire en miettes.

2.

Les opposants venezueliens, disposés à envahir leur propre pays avec des étrangers pour une miette de pouvoir, ne manquent pas non plus en Colombie. Le président Colombien fait appel au général vénézuélien en exil Rangel Garbiras, acclamé dans les hautes sphères pour être un agile danseur de valse et un frénétique ennemi de l’idée d’unifier la Grande-Colombie, et lui confie le contrôle d’une force de cinq mille soldats colombiens pour qu’il envahisse le Venezuela, avec un drapeau vénézuélien. Opportuniste, l’évêque de Merida monseigneur Silva lance une pastorale où il fulmine envers les partisans du gouvernement venezuelien pour leur dévotion à la « Mano Poderosa ». Le journal de Caracas El Tiempo, de la famille Pumar, se joint aux critiques destructrices. Le 26 Juillet 1901, les envahisseurs violent la frontière avec le Táchira par le chemin de Cúcuta , et acclament le président Colombien José Manuel Mallorquín.

3.

Féroces lorsqu’il s’agit de réprimer leurs compatriotes désarmés, les militaires ou paramilitaires colombiens ne sont pas un modèle de discipline. Comme le conte Nemecio Parada dans ses mémoires : « Les troupes de ligne que j’ai vu n’avaient de ligne que le nom. Tous, des chefs jusqu’aux soldats, avaient une tenue déplorable. (Les généraux colombiens) Cote et Conde en premier lieu, bien que sur de belles montures, ils discréditaient leur prestance guerrière, portant une couverture, une calotte avec un large insigne bleu, de bruyants éperons et d’énormes coiffes de traves. On reconnaissait le soldat parce qu’il portait le fusil ainsi que le rosaire, les scapulaires et autres reliques qui pendaient a son cou. C’étaient les choses de l’époque et du moment où ils vivaient (Ramón J.Velásquez: La caída del Liberalismo Amarillo, Contraloría General de la República, Caracas, 1972, 275). « A peine traversent-ils la frontière, au cri de « A bas les rouges ! », qu’ils perdent leur temps dans d’indisciplinés saccages de fermes et de hameaux qui les firent perdre du temps à atteindre leur objectif : le parc de San Cristobal.

4.

Le retard du aux pillages donne le temps a Celestino, frère du président Cipriano Castro, d’organiser la défense de la place. Le 28 juillet dans l’après-midi éclate la Bataille de San Cristobal. Les vénézuéliens combattent furieusement et perdent 300 hommes. Au coucher de soleil le jour suivant les colombiens fuient, en laissant sur le champ de bataille 800 morts et des milliers de fusils. Rangel Garbiras souffre une autre déroute encore pire lorsqu’il tente d’envahir San Faustino.

5.

Alors que l’invasion échoue a Tachira, Don Cipriano concentre des forces de réserve pour la défense de Maracaibo et Zulia, et ordonne par la suite au général Jose Antonio Davila de pénétrer avec elles dans la République Sœur en soutien aux libéraux rebelles de San Marta et Riohacha. L’incursion est repoussée à Carazua par l’armée Colombienne soutenue par les indigènes de la Guajira et par des venezueliens opposants de Castro, qui n’hésitent pas à prendre parti pour la Colombie. L’armée colombienne réunit 15 000 soldats dans la région de Santander et en cantonne 10 000 supplémentaires a Santa Marta, ce qui crée un déséquilibre stratégique avec le Venezuela, qui ne possède pas plus de 7 000 hommes armés (Eleazar López Contreras: El presidente Cipriano Castro: Imprenta Nacional, Caracas1986, 184).

6.

Ces faits devraient avoir servi de leçon pour tout le monde. Les tentatives d’envahir le Venezuela en faisant confiance a des paramilitaires, ou plutôt des pillards, est le pire fiasco militaire de l’histoire de la Colombie. Le Venezuela confirme qu’il n’a rien à gagner dans un conflit avec sa République Sœur, et depuis règle ses différents avec des Traites pacifiques et généreux. Occupée à essayer de contrôler au Venezuela les dissidents qu’elle ne peut contrôler dans son propre pays, l’Oligarchie Colombienne écrase son propre peuple avec de lourdes dépenses militaires qui provoquent mille rebellions, mais ne prête pas attention a son véritable adversaire, les Etats-Unis, qui lui vole le Panama. Je ne me fatigue pas de citer la phrase de Jeronimo Perez Rescaniere, qui dit que la Colombie était le pays le plus riche d’Amérique Latine parce qu’elle avait le Panama, et depuis qu’ils se séparèrent, ni le Panama ni la Colombie ne sont riches. La stupide obsession de l’oligarchie colombienne contre le Venezuela lui a couté tout d’abord le contrôle de la voie stratégique la plus importante et la plus productive de la planète, et ensuite la perte de sa propre souveraineté due aux insolents envahisseurs étasuniens immunises et impunis devant les lois. C’est ainsi qu’ils ont perdu le Panama puis toute la Colombie sans rien pouvoir faire contre le Venezuela.

7.

Pendant ce temps Cipriano Castro continue dans sa tentative de rétablir la Grande-Colombie, et pour cela il signe un traité avec le président du Nicaragua Jose Santos Zelaya et avec celui de l’Equateur, Eloy Alfaro. L’oligarchie en possession des terres va comploter avec les créanciers de la Dette Extérieure et avec 6 puissances impérialistes afin de l’empêcher d’arriver à son but, en utilisant pour cela soulèvements, blocus et bombardements avec des cuirassés étrangers. Mais seule la trahison interne d’un coup d’Etat mettra de nouveau le Venezuela sous le joug de l’Empire. Ce sont de passionnants événements qui datent d’il y a plus d’un siècle, mais qui sont toujours d’actualité. Nous verrons tout cela dans un film sur Cipriano Castro dirige par le maestro Roman Chalbaud, si Dieu le veut et si les moyens offerts se matérialisent avant que nous soyons de nouveau envahis.


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Version originale de l'article: ici

20 juin 2010

Huit mois sans voir la télé




Dans le film « Les incorruptibles » de Brian de Palma, le gangster Al Capone souhaite bon appétit a un compagnon en lui assenant un coup de batte de base-ball sur le crane. Cela résume le traitement des gérants des médias envers leurs audiences. Pour qu’elles consomment un produit, ils les gavent de spots publicitaires jusqu'à ce que cela les ennuie.

Ils oublient un détail: il y a 50 ans on inventa la télécommande. Il est inutile d’envoyer une surdose de publicité à une audience qui la fuit en changeant de chaine. Celui qui essaye de rompre le crane du public, finit par avoir mal à la tète.

Avec la télécommande le gérant se retrouve face a une alternative : rendre la publicité supportable sur sa chaine, ou insupportable sur toutes les chaines. Vous savez déjà l’option qui a été choisie. En conséquence de cela le public a abandonné la télévision gratuite. Malheureux le gérant qui frappe son propre nid.

Mais où a donc fuit l’audience? Moi j’ai jeté l’éponge et je suis resté 14 ans sans regarder le petit écran. D’autres ont trouvé asile dans la TV payante car elle offrait des programmes Premium sans interruptions.

Grace à cette promesse, la TV payante registrée couvrait en 2008 26% des foyers, 3 millions de familles, autour de 15 millions de vénézuéliens. Cavetsu calcule sur sa page web que 40% de foyers supplémentaires reçoivent ces services à travers d’opérateurs pirates. La débandade vers la TV payante fut majoritaire.

Je suis tombé moi aussi dans la fausse idée selon laquelle celui qui paye pour ce qu’il voit a le droit á ce que l’on respecte la loi et á ne pas être escroqué. Mais pour les gangsters il n’y a pas d’audience, seulement des victimes, et il n’y a pas de produits mais seulement une massue. Le gérant de médias qui en a fini avec la TV gratuite pointe déjà sa batte vers la TV payante.

Ceci explique, comme le savent tout les vénézuéliens sauf la Conatel, que la TV payante, alors qu’elle est explicitement obligée á respecter la « Ley Resorte », assène chaque minute de diffusion un coup de bâton sur le crane de celui qui paye.

En effet, dans chacune des ses émissions le volume de publicité augmente illégalement. Dans toutes les transmissions de films, la limite légale de 15 minutes de publicité par heure est largement dépassée. Les info-publicités occupent quatre heures de suite, ce qui représente bien plus que les dix pour cent du total de la programmation journalière.

Les infractions contre l’article 8, qui interdit la publicité par insertion, sont encore plus sanguinaires, et elles assassinent l’image avec des superpositions de lettres et d’interfaces étrangères á elle. Sur les chaines Premium, qui offrent des films sans interruption, ils sont tous abimés par des insertions étrangères á l’image originale. Dans les clips vidéo il y a des fois jusqu'à 4 insertions simultanées qui se font concurrence pour le détruire. Dans certains espaces, de stupides logos publicitaires sont insérés durant tout le programme. Des fois la journée entière, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure, semaine après semaine.

Ceci n’arrive dans aucune autre région du monde. La faute n’est pas du gangster, mais de la Conatel qui lui donne le gourdin. Le mafieux a-t-il enfin ligoté son audience afin de lui détruire le crane a coups de batte ?

Un rapport de la Kaiser Family Foundation des Etats-Unis du mois de mars 2010 indique où sont en train de fuir les victimes. Entre 2004 et 2009, les jeunes ont diminué leur temps passé devant la télévision de 25 minutes, se déplaçant vers des médias comme le téléchargement Internet, le chat, la téléphonie mobile, les ipods, les jeux vidéos interactifs, les pages de vidéos comme YouTube et les réseaux sociaux.

Le livre “La Televisión en España: Informe 2009, souligne qu’il y a une frange du public, constitué par les jeunes et les personnes avec un haut niveau d’éducation, qui sont en train de délaisser la télévision. La vidéo et la radio á la carte, les systèmes interactifs et mobiles, les combinaisons intelligentes de medias, les discothèques, bibliothèques et journaux digitaux remplacent le coup de bâton sur la tête (Miriam Lagoa: “Imparable fuga de audiencia televisiva a Internet”; EL PAÍS; Madrid, 28-8-2009).

Et la Corporación Estatal Radio Televisión Española est en tête de tout les taux d’audience depuis qu’elle a supprimé la publicité. (Carlos Alberto Sánchez: “Sin publicidad, la audiencia ve más la televisión” 18-1-2010.) Un avertissement pour toutes nos chaines publiques, qui copient tout les défauts des chaines privées, alors qu’elles n’ont pas besoin de nous saturer de publicité puisque nous les payons avec nos impôts.

Le gérant tueur de public, après tout, effraie son audience sous prétexte que la télévision est un business et que l’argent que donne la publicité justifie n’importe quel délit.

Le pire de tous les délits commis par le gérant tueur de publics est que, après avoir anéanti la télévision gratuite et payante, il entre dans la télévision du service public afin d’y imposer la loi de mauvais traitements de l’audience.

Je connais la majorité des dirigeants des médias du service public, et je les considère intelligents, honnêtes et estimables. J’ai de l’admiration et de l’affection pour certains d’entre eux. Comment donc ont-ils laissé entrer dans leurs institutions le gérant tueur de publics, avec sa batte pliée á force de détruire tant de médias et ses dysfonctionnements idéologiques, hormonaux et érectiles qu’il traine depuis la moitié du siècle passé ?

Comment peut-on expliquer que Roman Chalbaud et Rodolfo Santana se soient appliqués á produire « Amores de Barrio Adentro » pour que le gangster á la batte l’anéantisse en changeant systématiquement le calendrier et les horaires et en la retransmettant seulement comme support pour insérer des ceintures de pub annonçant des événements anodins et des consignes superflues ?

Que est l’objectif, á part celui de faire fuir l’audience, de la pratique qui consiste á ce que tout les programmes intéressants de télévision publique soient systématiquement interrompus par des intrusions, qui sont elles mêmes coupées par de nouvelles digressions, qui sont elles aussi interrompues jusqu'à ce que le téléspectateur change de chaine ?

Quel message prêche-t-on lorsque un chef d’œuvre comme « Memorias del Subdesarrollo » de Tomás Gutiérrez, est seulement diffusé pour être assassiné par un tas d’interruptions, de messages publicitaires et d’insertions qui montrent au public que l’art sert seulement á être détruit ?

Au nom de quoi Avila TV, le meilleur exemple de chaine jeune et contestataire, permet que le gangster gâteux et variqueux á la batte cassée interfère dans ses programmes en y superposant des logos, icones, rubans et figurines jusqu'à empêcher que le public comprenne de quoi il s’agit ?

La seule chose plus dangereuse qu’un singe avec un couteau c’est un imbécile avec une machine qui génère des caractères.

A ceux qui ne comprennent pas encore l’effet destructeur des insertions de contenu étranger à un programme, je vous rappelle qu’Hugo Chavez Frias a été renversé par les chaines privées qui ont interféré avec la télévision publique et ont inséré leurs propres images pour empêcher que le Président élu transmette son message.

L’insertion d’une image pour perturber un contexte original distinct n’est pas seulement une violation de la « Ley Resorte » : c’est une leçon de vandalisme, de manque de respect a la création artistique, une confession d’échec du communicateur qui ne sait pas rendre son message attractif et se venge en détruisant ceux des autres. En d’autres mots, c’est la prêche frénétique du capitalisme sauvage, qui parasite et détruit l’effort d’autrui sur l’autel de la ruine collective.

Le message publicitaire est l’idéologie du capitalisme. Mc Luhan disait que le media est le message. On ne peut pas diffuser un message socialiste avec les procédés de l’entrepreneur prédateur. L’image insérée et le programme se détruisent mutuellement.

La télévision publique, communautaire et alternative doit être un exemple de respect de la loi et de la culture, d’amitié envers le public, d’éducation et surtout d’audience majoritaire. Divertir et éduquer avec des programmes au lieu d’ « imbéciliser » avec des messages publicitaires a fait de Corporación Radio Televisión Española le leader en audiences. Ce chemin est ouvert pour tous. Il suffit de jeter á la poubelle une batte abimée ainsi que celui qui la brandit.
Si la révolution perd son audience, elle pourrait perdre ses votants. C’est ce que veulent les tueurs de votes et les tueurs de publics.

Le 14 Juin, alors que j’attendais l’opération d’un ami, j’ai vu dans la clinique le match de l’Italie contre le Paraguay, et il n’y a pas eu une seule interférence. Il ont passé de la publicité á la mi-temps mais ils n’ont pas détruit l’événement qu’ils transmettaient. Ceci explique peut être certains mystères de l’audimat.

Depuis novembre 2009 j’avais arrêté de regarder la télévision. Je l’ai allumé hier pour voir si cela valait la peine de m’y remettre. Sur l’écran un logo superposait le programme. J’ai éteint l’appareil pour regarder le paysage.

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Version original ICI

5 juin 2010

Et voici Mister Dolar




LA CONSPIRATION DES POINTS D’INTERROGATION

La tranquillité et la paix du monde, c’est á dire des nations hégémoniques, est á nouveau perturbée par une tentative terroriste. Personne ne peut identifier l’auteur mais on craint que les complices de cette conspiration déstabilisatrice soient indénombrables. Le jour se lève et dévoile une interrogation sur l’écriteau du Tribunal de Justice ?. Le signe peut être facilement enlevé mais personne ne peut effacer un doute. L’agitation est à peine calmée que d’autres interrogations apparaissent dans les supermarchés sur les marchandises frelatées, c'est-à-dire la majorité : Café ? Lait ? Farine ?. On propose d’imposer la loi martiale quand les interrogations apparaissent dans la crasse des panneaux publicitaires qui couvrent les villes : Qualité ? Durée ? Economique ? Les interrogations n’affirment rien mais le doute est une offense. Il est impossible de lancer une Guerre Défensive? en période de paix. Aucun Politique ? ne peut savoir qui sont les terroristes ?. Les interrogations surgissent dans les messages d’Amour ? ou dans les Vérités ? déclarées para la Religion ? ou la Science ? . La panique se répand lorsque l’on suggère que les interrogations apparaissent de manière spontanée. Le président de l’Empire apparait dans tout les écrans, déclarant la Guerre au Doute, et crée des polices qui, au nom de la Liberté ?, éliminent les signes dangereux de tout les claviers et surtout éradiquent les interrogations qui surgissent à coté des boutons rouges demandant si il faut Tirer ?. Pendant le discours, le Président et l’Empire tombent, transpercés par un ?

BIENVENUS A TSK

Le réseau social qui non seulement te maintient en contact avec tes amis mais qui te permet aussi d’être tes amis. Un perfectionnement de la virtualité te permet d’éprouver les images, les sons, la vue, le tact, le gout, l’odorat des autres. Entrer dans TSK c’est disposer de la plus grande banque de mémoire qui permet a quiconque de se convertir en toi, ou qui te permet d’être n’importe qui d’autre. Les jeux t’installaient dans des mondes fictifs, TSK te situe dans un monde réel où tu es la seule chose fausse. Avec TSK tu pourras expérimenter pleinement ce que c’est d’être Monsieur Pérez, et peut être que ta petite amie joue à être Madame Dupond, voir Monsieur Dupond, qui sait ? Les gens ne se connaissaient pas, mais désormais la situation est pire. Peut être que tes enfants jouent à être tes parents et en réalité tu ne sais jamais qui joue à être toi-même. Les possibilités d’inceste sont infinies. On ne sait pas si les délits qui sont commis dans cette réalité par des personnes non réelles sont imputables. Plus personne n’est qui il est, n’importe qui devient tut le monde, tout le monde devient personne.

LA DICTATURE DES HAUTS PARLEURS

Le premier haut-parleur a été créé comme un instrument de la dictature la plus absolue connue sur la terre. Les humains se reproduisent dans des proportions géométriques, les haut-parleurs dans des proportions géométriques au carré, et c’est pour cela qu’il y a plus de haut-parleurs que d’êtres humains, tourmentant les pauvres gens qui n’ont pas demandé á les écouter. Achète !, investit !, collabore !, clament les haut-parleurs dictateurs jusqu’au jour où un piéton solitaire leur crie « Taisez-vous ! ». C’est á ce moment que l’on se rend compte que les haut-parleurs contrôlent les êtres humains, mais personne ne sait qui contrôle les haut-parleurs. Ceux qui pensaient qu’il s’agissait du gouvernement ou bien des transnationales avaient tort. Au contraire les cris des haut-parleurs annihilent les gouvernements et le commerce aussi vite que les tympans. Le haut-parleur laisse sans effet la déclaration d’amour et la révélation de la vérité. Tout disparait en étant réduit a du chahut. La première et la seconde révolte acoustique affirment le droit des tourmentés á faire taire á coups de marteaux tout haut-parleur qui envahit son espace auditif, ainsi que toute personne qui voudrait faire payer le prix de l’appareil. Le massacre des transistors rétablit le silence qui permet aux humains d’écouter leurs propres pensées et de découvrir que la dictature des haut-parleurs était un plan des machines afin de rendre stupide l’humanité avant de l’annihiler définitivement.

LE RAMASSEUR DE PARADIS

Enfants, ils nous faisaient peur avec l’histoire du petit vieux qui va par les rues avec son sac, ramassant les enfants. En vrai il réunit des bouts de Paradis. L’Eden s’est cassé après la chute et si l’on prête attention, on peut en trouver des morceaux. Un bout de verre qui coupe la lumière en couleurs vient du Paradis. Un colibri est un résidu de la Gloire. Une marche corrodée par l’eau a peut être été échelon d’une cascade d’anges. Il y a des bouts de Paradis dans le regard de certaine jeune femme et dans l’odeur du néflier. Les étoiles que nous réunissons dans le sac de la mémoire sont des miettes de Paradis. Le pire des insectes qui sort de la boue témoigne la béatitude. Quand nous savons qu’il est fini, chaque instant est Paradis. Ce qui serait terrible, ca serait de réunir toutes les pièces du puzzle, parce que nous n’aurions plus rien á attendre. C’est pour cela que toutes les nuits dans la décharge, le petit vieux vide son sac plein d’étoiles, de bouts de verres et d’enfants.

ET VOICI MISTER DOLAR

Et voici Mister Dolar. Mister CIA est passé par là-bas. Au loin est tombé Mister Bombe. Mister Balle perfore là. Ici arrive Mister Mort. Aujourd’hui Mister Yankee te tue. Go Home!

Mister Narco s’installe déjà. Mister Espion s’infiltre. Mister Mensonge crie. Mister Média dénature les faits. Mister Casino arrive. Mister Bingo fonctionne déjà. Mister Mafia se met commode. Mister Cartel s’impose. Ensuite Mister Dette se traine. Ensuite passe Mister Tank. Mister ONG intervient. Go. Go Home!

Ici vole Mister Wall Street. Ici Mister Usure fait payer. La bas Mister Banque fait un pillage. Mister Pot-de-vin est de retour. Mister Subprime fait irruption. Mister Bourse arnaque. Mister Fraude grossit. Mister Faillite explose. Mister CIADI donne les sentences. Mister Crise s’exporte. Go. Go. Go Home!

Mister Uranium blesse. Mister Marine tue. Mister Mercenaire arrive. Mister Porte-avions navigue. Mister Vautour prend son envol. Mister Blackhawk nous cerne. Mister
Napalm tombe. Mister Génocide est arrivé. Go. Go. Go. Go Home!

Ici coule Mister Sang. Là-bas éclate Mister Os. La bas Mister Sam pourrit. Ici git Mister Tombe. Et voici Mister Dollar. Go. Go. Go. Go. Go Home!

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Traduit par R.V. avec l'autorisation de l'auteur.
Article original ICI

30 mai 2010

Monopoles médiatiques et guerres médiatiques




Texte de mon intervention lors du Forum "Le Monopole Médiatique: Colonisateur d’imaginaires et exploiteur de consciences", réalisé avec Ignacio Ramonet et la Grande Bibliothèque de l’Université de Montréal

Guerres militaires et batailles médiatiques

La guerre, comme le disait Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens. La politique, ajoutait-il, est la poursuite de la culture par d’autres voies. Celui qui veut gagner la confrontation politique et militaire doit gagner la bataille culturelle, qui de nos jours se livre en grande partie dans les médias de communication. C’est pour cela que la guerre médiatique est généralement le préambule de la politique et de la stratégie. Les guerres militaires ont des trêves ; les guerres culturelles sont incessantes, globales, perpétuelles.

Monopoles Economiques et Médiatiques

Les guerres contemporaines se livrent entre puissances impérialistes pour la conquête de colonies et de marchés, et entre puissances impérialistes et pays en voie de développement pour les réduire en semi-colonies. De tels conflits ont lieu pour répondre aux besoins des monopoles. Les monopoles médiatiques ressemblent aux monopoles financiers, industriels et commerciaux comme des gouttes d’eau. Ils luttent tous pour s’étendre, se concentrent en de moins en moins de mains, utilisent la politique comme un instrument pour augmenter le pouvoir, a travers des lois qui facilitent l’accumulation ou a travers des conflits qui étendent les marchés et s’approprient les ressources. Leur objectif commun est de placer l’infrastructure économique sous contrôle total du capital monopolistique et de soumettre la superstructure culturelle, qui elle même détermine la conduite de l’Etat et de la société, aux monopoles médiatiques

Monopoles contre les pays en voie de développement

Les guerres des tout-puissants monopoles capitalistes et médiatiques contre les faibles pays en voie de développement sont asymétriques, pour l’inégale proportion de ressources stratégiques et économiques. Mais la victoire ne favorise pas toujours les propriétaires des plus puissantes armes de coercition stratégique et culturelle. Examinons la guerre médiatique livrée au Venezuela durant la première décennie du 21éme siècle, par les transnationales et la corporation patronale contre le projet de révolution démocratique et pacifique, qui gagne les élections de 1998 avec une majorité écrasante.

Oligopoles médiatiques contre démocratie

En 1999, quand Hugo Chávez Frías prend le pouvoir, son gouvernement compte seulement, comme instruments de communication, une chaine de télévision nationale et une radio nationale, toutes 2 avec une portée très limitée. L’opposition, dont le commandement politique est assumé par la corporation patronale Fedecámaras, compte près de soixante chaines de télévision, plus de 700 radios et près d’une centaine de journaux. La quasi-totalité d’entre eux attaquent le gouvernement de manière frontale, sauf les journaux « Últimas Noticias » et « Panorama », qui tendent á présenter les informations avec un certain degré de neutralité. La quasi-totalité de ces médias sont des exemples finis de concentration oligopolistique verticale et horizontale. Ils sont entre les mains de familles, ou d’un petit nombre d’actionnaires, et le même capital contrôle parfois aussi des radios, journaux, entreprises qui produisent du contenu, maisons de disques, agences de publicité et de relations publiques et de conseil en image. Ils ont pour habitude de recycler les thèmes, campagnes et points de vue des grands monopoles transnationaux de la communication, lesquels á leur tour recyclent les contenus et les informations locales des oligopoles vénézuéliens.

Guerre médiatique et attaque à la constitutionalité

Depuis 2001, le patronat et son impressionnante concentration de médias, avec l’appui économique, diplomatique et logistique des Etats Unis, a déclaré ouvertement la guerre au gouvernement élu. Ils font des campagnes massives contre 49 lois de réformes modérées, appellent á remplacer le gouvernement élu par un gouvernement de transition, ils diffusent des annonces de putsch d’anciens officiels qui disent représenter toute l’armée et être prêts a dérouter les autorités légitimes par la force. En avril 2002 les médias appellent á la grève, qui est en réalité un lock-out patronal, convoquent une manifestation le 11 de ce mois vers le Parque del Este , qui sera finalement déviée vers le Palacio de Miraflores, coupent la chaine de télévision a travers laquelle le Présidant se dirige a la Nation, présentent des images de gens du peuple qui se défendent face á des francs-tireurs en inventant le mensonge comme quoi ils tirent sur une manifestation en réalité inexistante, diffusent un discours de putsch militaire contre le gouvernement ainsi que la fausse nouvelle de la démission du Président élu, forcent au silence á la Télévision et a la Radio Nationale, acclament l’instauration d’une dictature qui annule la Constitution qui avait été dictée par un vote populaire et destitue tout les fonctionnaires élus, et occultent la grande mobilisation sociale et la réponse des militaires constitutionalistes qui restituent le Président légitime au pouvoir le 13 avril. Les monopoles économiques comptaient avec la quasi-totalité des medias dans la presse, radio et télévision ; le peuple avait seulement le bouche á oreille, les téléphones, les portables. L’omnipotence médiatique n’est pas omnipotence culturelle ni politique.

Lock-out Patronal et sabotage pétrolier

Une fois de retour au pouvoir, le président élu n’adopte aucune sanction contre les putschistes ni contre les médias. Ceux-ci ne tardent pas á mettre en marche une opération identique : au début du mois de Décembre 2002 ils convoquent un autre lock-out patronal, cette fois accompagné d’un sabotage contre l’industrie pétrolière et d’une expérience audiovisuelle jamais vécue avant cela dans le monde contemporain. Pendant plus de 2 mois pratiquement tout les medias privés se lancent dans une campagne d’appels au renversement par la force du gouvernement élu, remplacent la publicité par 17 500 messages déstabilisateurs et l’information par des mensonges. Le gouvernement élu ne suspend pas les garanties constitutionnelles et ne déclare pas l’état d’exception, il répond a peine a travers une chaine de télévision et une radio qui ne couvrent même pas tout le territoire national, et cependant la gigantesque offensive patronale, médiatique et putschiste s’effondre toute seule, comme un géant aux pieds d’argile qui ne peut pas s’établir face au compact rejet populaire.

Impotence de l’Omnipotence médiatique

En vérité, en aucun des événements décisifs de la vie vénézuélienne des dernières années les monopoles médiatiques n’ont pu imposer leurs critères. Ils n’ont pas pu empêcher le soulèvement massif du 27 février 1989 contre le Fond Monétaire International, qui a secoué le pays pendant une semaine. Ils n’ont pas pu dévier la sympathie populaire envers le rébellion militaire du 4 février 1992. Ils n’ont pas restauré la foi du peuple envers les partis du statut, ce qui entraina l’expulsion virtuelle de ceux-ci durant les processus électoraux depuis 1993. Ils n’ont pas pu vaincre la candidature d’Hugo Chávez Frías lors des élections de 1998. Malgré le pacte de soutien avec le dictateur Carmona, ils n’ont pas pu empêcher la chute de celui-ci ni le retour du Président élu. Ils n’ont rien pu non plus en 2002 et 2003 lors du lock-out patronal et du sabotage pétrolier, ni en 2004 lors de l’ignorance de l’arbitre électoral. Ils n’ont pas pu non plus inciter la défaite du mouvement bolivarien lors du référendum d’aout 2004, ni empêcher le retentissant succès lors des élections régionales cette même année. Ils ont vaincu en une seule occasion, en 2007, en réussissant, a travers une campagne basée sur la terreur, a ce que le gouvernement perde, a 50 000 votes près, le referendum pour une réforme constitutionnelle complète. Malgré le monopole capitaliste et médiatique, le projet bolivarien a obtenu durant cette décennie une légitimité grâce a ses victoires dans plus d’une douzaine d’élections, toutes sous la surveillance de centaines d’observateurs internationaux qui n’ont jamais remise en cause aucune d’elles.

Mesures contre l’agression médiatique

Suffit-il donc d’attendre que l’adversaire s’effondre pour vaincre dans une guerre médiatique ? L’exemple du Venezuela montre qu’il est possible de livrer un conflit médiatique face á une opposition putschiste et violente sans s’éloigner un brin du strict accomplissement des normes de la légalité démocratique. Mais pour cela il faut lancer une contre-offensive sur quatre fronts ; 1) création de médias de service publique, mais aussi de médias alternatifs, libres et communautaires 2) Régulation législative de l’espace radioélectrique 3) Usage souverain du pouvoir de l’Etat d’attribuer et de rénover ou non les concessions sur l’espace radioélectrique 4) Éducation du public

Médias de service public, alternatifs, libres, communautaires

Afin d’appliquer ces tactiques, le gouvernement démocratique a crée a partir de 2003 les chaines Vive, de documentaires communautaires, Telesur, dirigé a l’audience latino-américaine, Ávila TV, jeune et contestataire ; a redonné du pouvoir a Venezolana de Televisión et Radio Nacional, a acquit le circuit de radio YVKE Mundial et crée la Radio Del Sur. Plusieurs centaines de petites radios communautaires ont surgi, unies entre elles a travers de l’Association Nationale de Medias Communautaires, Libres et Alternatifs. En 2003 les communistes éditent Diario Vea, et en 2009 le processus bolivarien imprime le Correo del Orinoco. Des centaines de petites publications alternatives apparaissent et disparaissent aussi.

Normes régulatrices

En Décembre 2005, au milieu du débat enflammé avec l’opposition, l’Assemblé Nationale approuve la “Loi de Responsabilité Sociale a la Radio et Télévision (Resorte)”. Cette loi développe les normes constitutionnelles et exige véracité, opportunité et pluralité dans l’information, limite le temps de publicité, établit des pourcentages de production nationale et indépendante, étend sa portée a la télévision payante, qui représente plus du tiers de l’audience du pays. Ce triomphe est en partie annulé car les medias ne respectent pas les normes, et la Commission Nationale de Télécommunications ne les fait pas respecter.

Gestion souveraine des concessions

En 2007 la majorité des concessions sur l’usage de l’espace radioélectrique, octroyées en mai 1987 pour une durée de 20 ans, ont expiré. Le gouvernement les a toutes rénové pour une durée de 5 ans, sauf celle de Radio Caracas Televisión, qui a elle seule représentait plus de la moitié de la facture publicitaire de la télévision, et qui, avec Venevisión, avait intégré un cartel pour empêcher l’arrivée de nouvelles chaines de télévision et les amener á la ruine en offrant des tarifs inferieurs aux publicitaires qui promettaient de ne pas s’annoncer chez eux. Alors que le directeur de RCTV Marcel Granier faisait un tour pour implorer les gouvernements européens d’intervenir au Venezuela et incitait les médias vénézuéliens à convoquer une fois de plus un soulèvement dans le pays, le 11 Juillet 2007 le propriétaire d’un des groupe multinational de communication les plus important d’Amérique, Diego Cisneros, divulguait dans les medias une confession qui éclairait la situation du Venezuela. Il affirma : « Beaucoup de gens dans le gouvernement ou l’opposition croient qu’un canal de télévision peut être protagoniste du jeu politique. Mais ceci n’est pas la mission de la télévision (...) Les chaines, je le répète, ne peuvent pas prendre partie dans le conflit national ou prétendre remplacer les partis politiques, si ils ne veulent pas aggraver le conflit. C’est ce qui se passe au Venezuela. » (El Nacional, 12-7-2007, p.4, Nación). RCTV a reçu l’autorisation de continuer á diffuser sur les chaines payantes, mais cela a réduit considérablement son audience. En mars 2010 la chaine a refusé de respecter les conditions requises pour transmettre a travers d’une chaine payante, raison pour laquelle elle n’émet plus depuis cette date.

Education du public

En ce qui concerne l’éducation du public dans la décodification des messages médiatiques, peu d’initiatives systématiques ont été adoptées. Un brillant programme d’analyse des médias diffusé sur VTV depuis 2004, « La Hojilla », sous les ordres de Mario Silva, exerce une critique pédagogique quotidienne, non sans passion et humour. « El Quiosco Veraz », de Earle Herrera, fait la même chose chaque semaine. A l’Institut d’Etudes Avancées* (IDEA) des cours de maitrise sur les médias comme acteurs politiques ont été impartis. Le Ministère du Pouvoir Populaire pour la Communication et l’Information a édité des livres et convoqué des Forums sur ce sujet. La perversité du message médiatique requiert cependant une action pédagogique généralisée, qui n’implique pas seulement tout les médias, mais aussi le système éducatif

Essor et chute du Quatrième Pouvoir

Mais le facteur décisif de cette longue confrontation fut que, tout au long de plus d’une décennie, les monopoles médiatiques ont perdu progressivement la confiance du public. Les journaux El Universal et La Nación ont vu leur tirage passer de 100 000 exemplaires a une moyenne proche de 50 000; ce dernier affrontant une sévère crise économique. Parallèlement à cela, les journaux plus équilibrés, Últimas Noticias et Panorama, ont dépassé les tirages de 360 000 exemplaires lors de leurs éditions dominicales. Apres sa carte de 2007 dans laquelle il signalait que le rôle des médias comme acteurs politiques ne contribuait pas á la paix dans le pays, Diego Cisneros a modéré partiellement l’agressivité de la chaine Venevisión. En 2010 la chaine d’opposition la plus violente, Golobovisión, a retiré de la direction le plus frénétique opposant, Federico Alberto Ravell. Ces changements n’enlèvent rien á la prêche du plan d’attaquer l’Etat: ils la Font juste moins violente, persistante et évidente. Il ne faut jamais oublier que la guerre médiatique est le préambule de la guerre stratégique: du lock-out patronal, du sabotage pétrolier et du coup d’Etat au Venezuela; de l’agression militaire extérieure dans d’autres pays et peut être même dans le notre. Des médias alternatifs, libres et communautaires, des normes régulatrices, le maniement des concessions et l’éducation sur les medias permettent de se défendre des campagnes médiatiques, pas des putschs ni des invasions.

Contrôle Social des médias

Alors que les moyens de production matérielle son entre les mains d’une minorité, celle-ci cherchera aussi a contrôler les moyens de production intellectuelle et les utiliseront pour leurs intérêts exclusifs. De la même façon qu’avec les monopoles économiques et financiers, la victoire face aux monopoles médiatiques arrivera seulement quand les travailleurs auront la propriété sociale des moyens de production matérielle et intellectuelle et les mettra a son service. N’importe quel autre triomphe est seulement une escarmouche.


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Traduit par R.V.
Article en espagnol ici

8 mai 2010

200





De 200 ans de misères et grandeurs, il nous reste au moins l’expérience de ce qui a fonctionné, et de ce qui a échoué.

CA N’A PAS FONCTIONNÉ


- Recevoir les envahisseurs comme des Dieux.
- Résister a l’invasion impériale séparément, pour rendre possible qu’ils nous soumettent peuple par peuple, culture par culture, région par région
- Collaborer avec l’agresseur; les indigènes Totonaques et Chichimèques qui aidèrent Cortes contre les Aztèques, les guatémaltèques qui assistèrent a Pizarro contre les Incas, les ARUACOS qui ont appuyé Losada contre les Caraïbes, tout les américains qui ont servi de bourreaux a l’Empire contre d’autres américains furent ensuite réduits en esclavage, opprimés ou exterminés.
- Prolonger nos querelles internes même devant la présence de l’ennemi: Huascar contre Atahualpa, Moctezuma contre Cuauhtémoc furent les agents les plus efficaces des conquistadors.
- Laisser l’administration de notre sol et de notre sous-sol, de nos ressources naturelles, de notre économie, de nos finances, de notre politique entre les mains d’un empire étranger pendant des siècles.
- Permettre qu’avant et après le renversement, certaines de nos sociétés originairement égalitaires dégénèrent en des systèmes de castes, avec des privilèges économiques et politiques héréditaires
- Inculquer au peuple l’obéissance aveugle, de façon á ce que la reddition des dirigeants équivaudrait á la reddition du peuple, et que couper la tète des chefs serait laisser les gouvernements sans idées
- Copier la culture oppresseur avec l’espoir d’être reconnus comme égaux et la certitude de finir ridiculisés comme des contrefaçons ou pardonnés comme pittoresques
- Nous juger avec la vision de l’ennemi, nous mesurer avec la mesure de l’oppresseur, nous évaluer selon la table de valeurs des génocides

OUI CA A FONCTIONNE


- Prendre notre destin entre nos mains après 300 ans d’une oppression qui paraissait éternelle.
- Défendre avec force le droit a être nous même, qui nous était refusé avec violence
- Comprendre que la bataille contre l’empire était une entreprise continentale, et que les paroisses, petits villages, petites républiques ne pouvait avoir une vie indépendante
- Contempler l’union de Notre Amérique comme une immense confédération ou un bloc de la taille d’un hémisphère, dans tout nos projets indépendantistes, depuis l’Incanato de Miranda jusqu’au Congres Amphictyonique de Bolivar
- Que les mouvements rebelles s’aident solidairement les uns les autres depuis le Rio Grande jusqu’ á la Patagonie
- Utiliser contre l’empire ses armes et idées les plus avancées, ainsi que la communauté linguistique et culturelle qu’il nous a imposé
- Convoquer les classes et les castes opprimées avec un programme d’égalisation sociale et économique
- Interdire dans les constitutions et les lois républicaines toute discrimination fondée sur la race ou le supposé héritage ethnique
- Réserver á perpétuité le sous-sol et le contrôle des ressources naturelles de façon indivisible et inaliénable pour nos Républiques souveraines
- Confisquer sans indemnités ni contemplations la principale richesse de l’époque, qu’étaient les territoires, pour les redistribuer en accord avec les services rendus á la cause révolutionnaire
- Proclamer de façon irrestrictive la souveraine et inaliénable puissance de nous donner nos propres lois, les appliquer et les interpréter avec nos propres tribunaux
- Que Bolivar lui même rejette la prétention étasunienne de soumettre à des arbitres et des juges étrangers des réclamations qui affectent notre intérêt publique
- Séparer l’Etat et l’Eglise et soumettre l’une á l’autre á travers du patronage

CA N’A PAS FONCTIONNÉ

- Remplacer une Métropole par plusieurs
- Abandonner le principe indépendantiste d’intégration et permettre que cinq Vice-royautés et cinq Capitaineries se désintègrent en une trentaine de pays
- Commencer notre vie indépendante avec une dette publique accablante dont la négociation a enrichi les dirigeants et soumis le peuple a la misère la plus sordide
- Démarrer notre existence autonome avec des Traités de Libre Commerce qui nous empêchaient de protéger nos produits, alors que les Métropoles protégeaient les leurs
- Limiter nos économies a la production d’une demi-douzaine de marchandises de demande précaire dans les marchés externes, au lieu de fabriquer deux centaines de marchandises d’indispensable nécessité dans nos marchés internes
- Essayer de maintenir une société de castes, en maintenant l’esclavage, la servitude des indigènes, la discrimination ethnique et raciale qui, en définitive, ont causé des centaines de rebellions armées
- Repousser ou refuser les revendications offertes aux clases et aux groupes qui, avec leur sang, ont garanti l’indépendance et, avec leur travail, l’économie.
- Laisser se perdre les projets de l’Incanato et du Congres Amphictyonique pour accepter une fausse intégration sous tutelle des Etats-Unis du Panaméricanisme
- Prêter nos territoires pour des bases militaires étrangères, et leur louer nos hommes comme de la chair à canon
- Tolérer de façon désunie les interventions insolentes, les invasions et les blocus de l’Angleterre, la France, la Hollande, l’Allemagne et les Etats-Unis
- Exonérer d’impôts les transnationales et les étrangers á travers des Traités contre la Double Imposition, et augmenter les contributions des nationaux pour les faire payer ce que les étrangers ne payent pas

OUI CA A FONCTIONNÉ

- S’enhardir contre les empires
- Résister aux interventions dans le champ culturel, économique et stratégique
- Conquérir par la violence les revendications sociales et économiques qui nous sont reniées par la forcé brute
- Mobiliser de nouveau les classes opprimées et respecter les programmes de revendication sociale
- Rejeter l’intégration sous tutelle des empires et mettre le point final a l’intégration que nous avions commencé nous même
- Refuser l’installation de bases militaires étrangères et dénoncer, priver de communication, isoler ou expulser celles qui existent déjà
- Reconquérir le contrôle de nos richesses naturelles, ainsi que celui des industries relatives a son exploitation
- Penser avec nos idées, nos valeurs, nos têtes
- Etre nous même dans Notre Amérique

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Texte original: Luis Britto Garcia (disponible ici en espagnol)
Illustration : Régulo Pérez
Traduction : R.V.