5 mai 2011

Le jour où les réserves internationales ont disparu





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Quand l’atrocité devient quotidienne, plus rien n’étonne. Une coalition des plus voraces puissances impérialistes bombarde la Lybie, poursuivant l’opération de vol global de l’énergie fossile qui conduira à une Guerre Mondiale, et les prochaines victimes s’abstiennent d’y mettre leur veto. Les voleurs de pétrole pillent les réserves internationales du pays attaqué en annihilant au passage le système financier mondial, et les medias feignent que rien ne s’est passé

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Quand le pillage viole la loi, il n’y a plus d’autre loi que le pillage. Par d’insignifiants gros titres, certains médias informent que 200 milliards de dollars de réserves internationales de la Lybie ainsi que 70 milliards de dollars de l’Office Libyenne d’investissement déposés à l’étranger ont été confisqués. Cette nouvelle explosive supère, de par son pouvoir de destruction, toutes les bombes lâchées sur le pays africain pour le délit de possession de pétrole. Cela signifie qu’il n’y a pas de différence entre déposer de l’argent dans des institutions financières internationales ou le laisser au milieu de la rue. Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, cela signifie que les institutions financières internationales ne sont pas seulement inutiles, mais aussi dangereuses.

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A partir du moment où la fraude soutient les systèmes, il n’y a pas d’autre système que la fraude. En 1944 les Etats-Unis ont obligé les pays de l’orbite occidentale, en les menaçant avec leur armée de la 2eme Guerre Mondiale, à souscrire aux accords de BrettonWoods, selon lesquels toutes les monnaies doivent être rattachées au dollar, et le dollar n’est rattaché à aucune monnaie. Pour que les Etats et les personnes perdent le contrôle de ces sommes colossales, on a fait pression pour qu’ils utilisent le dollar et les déposent dans des institutions internationales. Parmi les raisons du déclenchement de la guerre contre l’Iraq se trouve le plan de ce pays de changer ses énormes réserves en d’autres monnaies. De son coté, Kadhafi avait l’idée d’utiliser les énormes réserves citées précédemment ainsi que ses 144 tonnes d’or afin de créer le « dinar-or libyen » comme une devises africaine qui servirait d’alternative au dollar et à l’euro. Le Venezuela est aussi dans la mire pour avoir diversifié ses réserves, et pour avoir proposé le Système Unifié de Compensation Régionale (Sucre) dans le même but. Il n’y a pas d’autre recette que l’extermination de tous ceux qui menacent le plus fabuleux de tous les business de l’empire : imprimer du papier non adossé et obliger les autres pays à l’accepter comme monnaie.

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Deux colonnes maintiennent ce système financier international : 1) l’argent déposé par une personne peut seulement être retiré par cette même personne ou une personne ayant un pouvoir légitime de le faire, ou un héritier 2) les biens des Etats sont insaisissables, conformément a la Convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des Etats et leurs biens, approuvée par l’Assemblée Générale le 16 Décembre 2004. Tel le nouveau Samson, la crapule qui a mis en place la saisie colossale des réserves internationales de la Lybie a démoli ces 2 colonnes, sans voir que le temple financier international va lui tomber dessus. Ou, si tu n’as toujours pas compris, tout dollar déposé dans une institution financière internationale sera transféré a ton pire ennemi pour qu’il t’assassine.

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De la même façon qu’une coalition impérialiste bombarde, incinère, pille et dépèce un pays sans comprendre que cela éveille une résistance invincible, ses mercenaires confisquent les réserves internationales et les comptes bancaires d’un pays sans se rendre compte qu’ils éliminent l’unique soutien d’un système financier : la confiance. Cela pourrait impliquer une corrida bancaire de magnitude colossale. Quelques 20 pays possèdent 60% des réserves internationales, des 3,45 billons de dollars de la Chine jusqu’aux 115 milliards du Royaume Uni. Quel Etat ou particulier laissera un centime sur des comptes qui peuvent être confisqués à faveur de ses ennemis ? Y a-t-il en ce moment un seul Etat qui ne soit pas en train de planifier la façon de retirer ses fonds et réserves du système financier ? Mis à part les amis des pouvoirs impérialistes, bien sur. Eux si peuvent se considérer a l’abri. Kadhafi, par exemple, comptait sur l’inconditionnelle amitié de Berlusconi, à qui il a payé les élections. Il avait aussi à sa faveur la loyauté de Sarkozy, à qui il a aussi payé la campagne électorale. Il avait aussi a son actif l’affection d’Aznar et la fraternité de Juan Carlos de Borbon et du premier ministre anglais et d’Obama, qui l’ont tous reçu avec les honneurs. Kadhafi se considérait avec raison comme un « important associé de l’Occident ». Cet exemple doit rassurer considérablement les importants titulaires de dépôts dans les organismes financiers internationaux. Ou, pour mieux l’expliquer : toute devise que tu ne retires pas sera investie pour creuser ta tombe.



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Le Venezuela laisse ses juges céder a des arbitres étrangers du « Centre International du Règlement des Différends relatifs aux Investissements » (CIADI pour ses sigles en espagnol), succursale de la Banque Mondiale, la décision sur des plaintes à son encontre pour un montant équivalent à celui de ses réserves internationales, en faisant confiance au principe récemment défunt selon lequel les réserves des Etats ne sont pas saisissables. Kadhafi pensait exactement la même chose. Exxon a déjà essayé de saisir nos réserves. Maintenant elle n’a plus d’obstacles pour le faire. Nous ferions mieux de retirer nos réserves internationales des organismes financiers et de démettre de leurs fonctions les juges qui ne croient pas en la souveraineté de juridiction. Soit nous apprenons de la Libye, soit nous nous trompons


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traduit par RV avec l'autorisation de l'auteur.
Article original ici

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