14 déc. 2009

Concentration de Capital

Voici les histoires que l'on raconte la nuit devant les ruines des grands temples que l'on appelait usines.

Dans les usines, jour et nuit, nous travaillions pour créer les produits sacrés. Pour ce travail, nous recevions le talisman-argent que nous pouvions échanger contre les produits que nous mêmes fabriquions. Nous fabriquions toujours plus de produits que nous recevions de talismans. Par la suite, ils nous ont ordonné de fabriquer des produits automatiques qui fabriquent des produits. A la fin, tous les produits étaient fabriqués par des produits automatiques, eux même fabriqués par des produits automatiques. C'est ainsi que nous fûmes bannis des Usines Promises. Nous fûmes tous jetés de toutes les usines parce que toutes les usines se concentrèrent en un seul Capital Véritable. Le Capital Véritable privatisa toute l'eau, les mots, les êtres vivants. Une fois exclus de toutes les usines personne n'avait plus de talisman-argent pour acheter les produits sacrés. Comme personne ne pouvait les acheter, les produits sacrés s'accumulèrent derrière les murailles impénétrables des dépôts. A l'extérieur des murailles impénétrables des dépôts nous commencions à mourir et à nous dévorer. A l'intérieur des impénétrables murailles des dépôts, les produits finirent par pourrir ou par rouiller. Les produits automatiques qui fabriquaient des produits automatiques qui fabriquaient des produits se paralysèrent. Nous, travailleurs sans travail, commençâmes à nous consommer les uns les autres comme des produits. Il n'y avait aucun endroit pour chasser ou récolter comme en d'autres âges. Tous les terrains étaient de l'autre coté des murailles impénétrables des dépôts. Devant le temple fermé de l'unique Capital Véritable nous avons assisté au Sacrement. Ainsi, nous fûmes tous dévorés par Lui, les uns après les autres jusqu'au dernier nous nous sommes dévorés. Prenez et buvez, que ceci est mon sang. Prenez et mangez, que ceci est ma chair.



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Pour lire le texte original de Luis Britto Garcia c'est ici

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