8 sept. 2009

Guerre planifiée




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Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenu : cela fait des années que j'écris que tout pays qui possède des hydrocarbures aura une guerre dans le futur, et que le plan directeur des Etats-Unis est de créer un conflit entre la Colombie et le Vénézuela pour s'accaparer des ruines des deux pays. Mais un pronostic n'est pas une fatalité. Nous examinons déjà les faiblesses qui peuvent nous faire perdre. Nous étudions les forces qui peuvent nous sauver.

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Un conflit contre le Venezuela est un conflit contre la région. Bolivar a dit que pour nous la Patrie est l'Amérique. L'intrusion de forces étrangères est une invasion pour nous tous. Les objectifs des bases militaires des Etats-Unis sont les hydrocarbures, l'eau douce et la biodiversité de l'Equateur, du Brésil et du Venezuela, et par la même de la Bolivie, du Paraguay, de l'Argentine et du reste de l'Amérique du Sud. Le Brésil est, selon les années, la sixième ou septième économie du monde, le huitième producteur d'armement, et avec ses 176 millions d'habitants on pourrait monter une armée, en partant de ses forces actuelles de 361 928 soldats, qui dépasserait largement les 459 687 soldats que compte le Budget de la Colombie en 2007. La grande armée de Napoléon s'est précipitée dans un abime dans l'immensité de la Russie; les 8 547 000 km2 du Brésil pourraient être la tombe de beaucoup de paramilitaires. N'importe quelle agression regrouperait toute la région autour du Brésil; l'Union Européenne, la Russie et la Chine feraient pression contre le déséquilibre des pouvoirs dans la région. D'autre part, Cuba serait de notre côté. Cuba qui à infligé une déroute aux Etats-Unis à Playa Girón et à l'apartheid en Afrique du Sud.

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Le prétexte, ou l'alibi, pour ouvrir les portes à l'armée des Etats-Unis serait donc l'incapacité des forces colombiennes de soumettre quelques cartels de délinquants et un peu plus de 10 000 insurgés politiques. Au lieu de faire appliquer la loi, le pouvoir en place est entré dans l'illégalité, se transmuant en un pouvoir paramilitaire, parajudiciaire, parapolitique, narcopolitique. On ne peut prétendre contrôler le quartier quand on ne gouverne pas sa propre maison. Il n'y a pas de place pour deux coqs dans le même poulailler, et si deux armées partagent le même territoire c'est parce que l'une d'entre elle joue le rôle de la poule. Avant d'ouvrir la porte à un occupant étranger, le gouvernement qui a perdu le contrôle de la situation devrait démissionner pour incompétence, laisser le passage à son propre peuple souverain, le secteur qui a le plus souffert dans un conflit civil qui dure depuis plus de soixante ans. Un patriote peut renoncer au gouvernement, mais pas à la souveraineté.

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Et en effet, dans la République voisine, une totale abdication de la souveraineté à eu lieu. Si l'on entend par Souveraineté le pouvoir inaliénable de se doter de lois propres, de les exécuter et de juger les controverses sur leur application, ces trois attributs n'existent plus pour le gouvernement - pas pour le peuple - d'un pays voisin. Le pouvoir de légiférer a expiré, car il a été livré par des accords secrets que le Président n'ose pas rendre publics. La faculté d'exécution des lois est décédée, car des soldats étrangers sous contrôle étranger s'attribuent le contrôle des insurgés et du narcotrafic, qui sont le ressort des pouvoirs publics locaux. Le droit à juger des controverses est mort, car les soldats étrangers jouissent d'immunité face aux lois de la République Sœur et ne peuvent être poursuivis par ses tribunaux.

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Le propriétaire des bases étasuniennes sont les Etats-Unis. Projettent-ils de se plonger dans une nouvelle guerre? Ils sont déjà embourbés dans deux conflits majeurs. Les 2 ont commencé par de faux prétextes. Les 2 ont commencé avec la promesse d'une victoire en quelques semaines. Les 2 se trainent depuis plus de 6 ans. Dans les 2 ses forces sont démoralisées, se droguent, se suicident, désertent. Dans aucune des 2 le final n'est proche. Nous ouvrons à peine la chambre des horreurs et le monde s'épouvante face aux tortures, aux assassinats de civils, aux déportations en masse. Les Etats-Unis se débattent entre la crise financière, le chômage et la perspective d'une insurrection sociale.

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Les bravades guerrières, les luttes martiales, le fait de se cacher derrière le policier du monde peuvent paraitre des projets napoléoniens, mais sur les pistes tout geste guindé dissimule des misères. La grandiloquente menace est la jonglerie de faire passer dans l'anneau un Traité de Libre Commerce et la réélection d'un équilibriste. Chacun est de la taille de ses stratagèmes.

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Face à des intentions aussi mesquines évitons les grandes phrases. L'oligarchie voisine comprend le langage des faits. Il a suffit d'une défense énergique des eaux territoriales pour qu'ils retirent la frégate Caldas. Il a suffit d'un contrôle de la contrebande d'extraction pour qu'ils présentent des excuses pour l'enlèvement de Granda. Il suffira d'un filtre modéré de douanes pour que l'oligarchie, qui se nourrit de notre pétrole et de nos aliments subventionnés et exporte chaque année des biens pour une valeur de 6 milliards de dollars vers le Venezuela, tire les oreilles de son porte parole querelleur et l'envoie s'excuser telle une docile brebis. Entre les 2 pays il y a un tas d'intérêts, d'affaires et d'emplois qui ne peuvent être sacrifiés au nom de la stratégie de réélection d'un politique. Surveillons les bases militaires de l'autre coté de la frontière : détruisons les bases paramilitaires qui nous ont occupé sans avoir à tirer une balle. Ne concédons pas d'immunité judiciaire aux soldats étrangers, ni d'immunité judiciaire ou fiscale aux capitaux étrangers. Une Guerre planifiée tue ceux qui ne sont pas préparés.

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Ceux qui servent d'instrument aux Etats-Unis se mettent la corde au cou. Les talibans et Saddam Hussein ont été armés par l'Empire, pour ensuite être bombardés et lynchés. C'est comme ca que le diable paye ceux qui le servent.

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Pendant ce temps, fortifions-nous.

1 commentaire:

  1. En France, Playa Girón n'évoque pas grand chose. La tentative d'intervention étasunienne de 1961 est associée au nom de Baie des Cochons.
    Bonne continuation!

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