7 août 2011

Émancipation et Révolution Mondiale





Le monde se “décolonise”

Le monde avance entre les commotions imposées par les chaines de l’exploitation et les secousses qui les rompent.
Les indépendances sont des ruptures de liens avec l’exploiteur international; les révolutions des annihilations d’ordres imposés par les exploiteurs internes et leurs alliés transnationales.
Les émancipations et les révolutions sont les fissures qui cassent la machination de l’exploitation de l’homme par l’homme : toute indépendance aspire á devenir Révolution.

Je souligne toujours que la Conquête de l’Amérique fut le plus grand processus de colonisation de l’Histoire.
Avec les richesses spoliées, l’hégémonie de l’Espagne s’est maintenue pendant 2 siècles, et ensuite celle de l’Europe sur le monde jusqu’á la fin du 19eme siècle.
L’indépendance de l’Amérique fut donc le plus grand processus de décolonisation du monde.

Le second grand processus de décolonisation a eu lieu au 20e siècle, avec l’émancipation politique massive, et en partie révolutionnaire, des Etats en Asie, Afrique et Europe.

Le troisième grand processus émancipatoire et révolutionnaire de l’Histoire débute aujourd’hui, il comprend la planète entière et affecte même les puissances jusque là hégémoniques.

Les conditions murissent

Durant ces 3 grands processus libérateurs les mêmes conditions sont réunies :

1) Affaiblissement conjoncturel des puissances impériales du á une perte d’hégémonie ou á des luttes entre elles
2) On impose de force des éléments ou pratiques de la modernité á des pays ou des strates sociales dominées
3) Préservation ou création, au sein des pays ou strates soumises, de cultures avec un haut grade de dissonance envers les puissances hégémoniques.
4) Mobilisations massives de clases ou secteurs sociaux populaires des peuples soumis, contre l’exploitation et en défense des spécificités culturelles.

Toutes et chacune de ces conditions s’intensifient dans le monde contemporain :

1)Les puissances impériales perdent leur hégémonie á cause de l’effondrement du capitalisme, qui leur impose des dettes publiques impayables, les fait revenir en arrière sur les conquêtes sociales de leurs citoyens, fait augmenter l’inflation, les impôts et la motorisation de l’économie a travers une industrie de l’armement qui débouche sur des guerres impossibles á gagner.

2)L’imposition forcée d’éléments de la modernité par les puissances hégémoniques aux pays du Tiers Monde qui dérive en une modernisation difforme et une dépendance économique, des échanges inégaux, une destruction écologique et un appauvrissement massif de populations a qui on a détruit leurs moyens et formes traditionnelles de vie sans leur offrir d’insertion sure ni rémunératrice dans le système capitaliste.

3)Le Tiers Monde, malgré la pénétration culturelle ubiquiste, préserve et crée des éléments culturels qui évitent que l’immense majorité de la population du globe s’identifie avec les valeurs et codes de la modernisation impériale.

4)Les classes et les peuples soumis sont aujourd’hui protagonistes de la plus grande mobilisation qui ait existé dans l’Histoire contre l’exploitation et en défense de leurs cultures

Ainsi, la majorité des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes optent démocratiquement pour des gouvernements progressistes; le monde islamique est un déchainement de mouvements contre les impositions impériales et les gouvernements qui y sont soumis ; les puissances émergentes montrent des signaux clairs d’indépendances vis á vis du G7.

Mais, même dans les pays du bloc hégémonique comme l’Angleterre, l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Islande, d’innombrables mobilisations sociales surgissent, contre les politiques qui font peser tout le poids de l’effondrement financier sur les épaules des travailleurs, au moment même où de graves indices d’affolement social surgissent aux Etats-Unis

Comme s’il n’y avait pas suffisamment de détonateurs pour cette vertigineuse situation, une crise alimentaire due au changement climatique et á la spéculation financière des monopoles agricoles multiplie entre 3 et 5 le prix des aliments de base et place l’humanité dans une situation périlleuse.

Examinons l’Histoire : la plus grande partie des mouvements révolutionnaires ont été lancés á cause d’une pénurie d’aliments, et elle qui se déroule aujourd’hui est globale.
Le système s’effondre : seule la Révolution mondiale évitera qu’elle emporte avec elle le reste de la planète.

Les empires contre-attaquent

Les empires menacés par la radicalisation des peuples en Amérique Latine, Asie, Afrique et même en Europe, font face en ayant recours á une ressource qui aggrave la situation : la multiplication d’agressions militaires dans des territoires toujours plus étendus et toujours plus éloignés.
Ces attaques intensifient les sentiments culturels et politiques de rejet des peuples envahis, et ont un cout énorme pour les agresseurs qui ont des caisses fiscales épuisées par la crise.

Les empires font faillite

Les pays jusque là hégémoniques sont en faillite. Selon le FMI, en 2011 la Dette Externe de la France sera équivalente á 99% de son Produit Intérieur Brut ; celle de l’Espagne 74%, 85% pour l’Allemagne, 130% pour l’Italie, 204% pour le Japon, 94% pour le Royaume Uni, 100% pour les Etats-Unis (World Economic Outlook; OECD, Economic Outlook).

Ce sont des passifs impayables, qui sont impossible d’annuler en dévaluant la monnaie ou en augmentant les impôts, et que les dirigeants tentent de financer en éliminant les avantages sociaux des travailleurs. Les Etats-Unis ont déclaré en Juin 2011 qu’ils sont sur le point de déclarer un moratoire de leur dette avec la Chine.
En Juillet il y a eu de complexes négociations pour sauver l’euro. Cela explique pourquoi tous les Etats en faillite s’attroupent pour piller les réserves monétaires et énergétiques de la Lybie. La déclaration de banqueroute fiscale des Etats-Unis entrainera avec elle l’écroulement de la devise non convertible que ce pays impose au reste du monde comme paiement de ses obligations. La même chose pourrait arriver avec un affaiblissement de l’euro, dont la santé n’est pas exemplaire.

Révisons donc l’Histoire Universelle : quasiment toutes les révolutions de l’Époque Moderne ont été précédées par des banqueroutes fiscales qui ont affaibli et quitté la légitimité des Etats et les ont obligé á solliciter des sacrifices impossibles et des consensus sociaux problématiques pour conjurer leur déficit. Ces pays en banqueroute faiblissent aussi à cause du déclin démographique : ils n’ont pas de consommateurs pour leurs produits, et pas de bras pour les produire non plus. En 2010 le monde compte 7,5 milliards d’habitants. Les Etats-Unis ont 313 millions d’habitants, toute l’Union Européenne 501 millions. Leurs taux de croissance de la population sont insignifiants. Plus des trois quart de l’augmentation totale de la population de l’UE est du a l’immigration. Leurs économies dépendent de cette immigration et de la tertiarisation de la force de travail á l’étranger, qui voient toutes les 2 leurs droits reniés.

En conséquence, l’armée de la première puissance impérialiste de la terre est conformée essentiellement par des mercenaires, recrutés en majorité dans les milieux marginaux exclus: afro-américains, hispanos et pauvres. Les bénéficiaires des politiques de l’Empire refusent de lutter pour lui. L’Empire Romain est tombé quand ses armées ont cessé d’être formées par des citoyens et ont commencé à dépendre de forces mercenaires. L’expérience pourrait être significative pour des puissances qui dépendent de plus en plus de l’agression militaire. La faillite fiscale et démographique des puissances jusque l’a dominantes n’implique pas qu’elles renonceront pacifiquement á leur hégémonie. C’est précisément dans un climat de banqueroute de l’Etat et de prolétarisation des clases moyennes qu’ont surgi les fascismes européens, pour essayer de reconquérir à travers la violence les positions perdues.

L’énergie fossile s’épuise

Enfin, le capitalisme en voie d’effondrement, avec son économie de consommation, du gaspillage et de la surcroissance du secteur des services, avec ses machines militaires et son système de concentration de la population dans des mégalopoles, se trouve aussi irréversiblement condamné par l’accélération et l’imminent épuisement des réserves d’énergie fossile qui le nourrissent. Plus de 90% de l’énergie que la planète consomme vient du pétrole et de ses dérivés ; les puissances hégémoniques ont très peu de réserves naturelles, et le plafond de production mondial a déjà été atteint. A partir de maintenant, l’exploitation pétrolifère et gazifière apportera seulement des rendements décroissants avant son épuisement dans un laps de temps qui pourrait être inférieur a 50 ans. Les Etats-Unis sont le plus grand consommateur d’hydrocarbures au monde, et ils dépensant actuellement les 600 milliards de dollars chaque année. Leur crise fiscale pourrait les empêcher de maintenir de telles dépenses.

Face á cela, les guerres de pillage des hydrocarbures, hors de prix, continuent et à la longue elles entraineront une confrontation de magnitude globale avec les autres puissances mondiales. Les pays impériaux peuvent pendant une courte période de temps renforcer et appliquer leur prépondérance technologique dans de tels conflits contre les pays moins développés, mais historiquement la sophistication tactique a échoué face a la résistance culturelle et politique populaire. C’est ce qui s’est passé dans les grands fiascos impériaux en Corée, Vietnam, Cuba, Algérie, Afghanistan, Irak, Somalie et dans l’agression actuelle contre la Lybie, qui était censée durer seulement quelques jours et que la résistance patriotique pourrait transformer en échec pour les Etats-Unis et ses satellites de l’OTAN.

Le Monde se libère


Les ressources scientifiques et technologiques existent afin de renverser cette monstrueuse machine et la transformer en une civilisation fondée sur la conservation de la nature, l’exploitation des énergies et ressources renouvelables et le recyclage des produits consommés. Mais, de la même façon que le système ne peut gagner ses guerres impériales car il ne comprend pas le fonctionnement social, économique et culturel des peuples qu’il envahit, il ne se comprend pas suffisamment non plus lui-même pour entreprendre les réformes culturelles, sociales et économiques qui le sauveraient. Paralysé dans son rôle de prédateur qui le condamne á chercher son propre avantage dans la ruine de tous, il est incapable de comprendre que la salvation de tous est la condition de sa propre survie. Jamais avant aujourd’hui, la menace nucléaire n’avait été si insuffisante pour garantir que les ploutocraties d’un insignifiant pourcentage de la population mondiale s’approprie des ressources et le fruit du travail du reste de l’humanité. La Troisième Révolution, une prodigieuse ère de changements et de mouvements rénovateurs, est en marche


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traduit par R.V. avec l'accord de LBG
Article original en espagnol: ici

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