31 juil. 2013

L'information est Révolution



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Dans son anti-utopie "Nous autres", Evgueni Zamiatine imagine un monde de gratte-ciels avec des murs, des toits et des planchers de cristal, où aucun acte ne passe inaperçu des autres. Dans "1984", de George Orwell, des écrans de télévision ubiquistes et impossibles à éteindre nous espionnent. L'utilitariste libéral Jeremy Bentham a fait construire le panoptique, une prison épouvantable  dans laquelle toutes les cellules peuvent être surveillées par un seul gardien situé à un endroit privilégié. Nous sommes prisonniers de ces cauchemars: nos actes ne peuvent plus être dissimulés, face à ces observateurs qui nous scrutent derrière des miroirs impénétrables. Le savoir est pouvoir. Les espions savent tout de nos appels téléphoniques, de nos courriers, revenus, dépenses, habitudes de consommation, idées, maladies, relations, emplacements. Des microphones ultra-sensibles peuvent capter le monologue intérieur que nous articulons même quand nous ne parlons pas, c'est à dire, nos pensées. Des analyseurs de rythme cardiaque, du langage corporel et de nos expressions pourraient accéder à ce dont nous ne sommes même pas conscients. Ce flux d'information est unilatéral. Espionner c'est avoir le pouvoir. La guerre contre le terrorisme nous a mené à la terreur totale.

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Depuis le XIXe siècle, toutes les législations garantissent l'inviolabilité de la correspondance. Actuellement, les gouvernements et les entreprises ne s'attribuent pas seulement le droit de connaitre le contenu des messages qu'ils suivent ou interceptent, mais aussi celui de les utiliser, les publier, et d'enregistrer des données obtenues. Facebook et d'autres réseaux sociaux prétendent avoir la propriété intellectuelle de tout ce qui y circule. C'est comme si les transporteurs se déclaraient propriétaires de toutes les marchandises qu'ils déplacent. Dans sa course à la confiscation des moyens de production, le capitalisme confisque l'information.



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A quoi s'applique ce contrôle? Une gestion totale et totalitaire de l'information comme celle-ci permettrait d'éradiquer le crime organisé, la vente de produits nocifs pour la santé, le trafic d'armes, la corruption politique, les délits bancaires, l'évasion fiscale, la traite de personnes, l'exploitation des travailleurs, le blanchiment de capitaux, les paradis fiscaux, le monopole des aliments, les faux prétextes pour les guerres, comme la construction imaginaire d'armes de destruction massive. Si de tels fléaux persistent, c'est parce que l'espionnage ne les empêche pas d'être: il les rend possibles et assure leur impunité. D'où les inhumaines persécutions contre Assange et Snowden, contre tous ceux qui brisent, même accidentellement, le monopole du mystère. L'espionnage ne viole pas le secret: il le crée. Tous ceux qui ont échafaudé des systèmes d'espionnage ont fini par en être victimes. A travers le cristal impénétrable, présidents, financiers et sicaires son plus espionnés que nous, par des maitres qui restent dans les ténèbres.

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La peur de révéler des misères domestiques a poussé la bourgeoisie à valoriser la vie privée. La peur de la police a incité les révolutionnaires à ne jamais révéler leurs contacts. Aujourd'hui rien ne se cache. Tous aspirent au quart d'heure de gloire que leur a promis Andy Warhol. Le président Obama recommande aux jeunes de faire attention à ce qu'ils publient sur les réseaux sociaux. Mais, que révèle cette indiscrétion? Ouvrir des sites web revient à accéder à des vitrines impudiques où les usagers exhibent aussi bien leurs possessions que leurs perversions. Un regard critique révèle que le portrait de l'utilisateur est Photoshop, que ses supposées possessions sont des copier-coller, que sa liste d'amis consiste en des centaines de personnes qui ne le connaissent pas. Le narcissisme digital gonfle les archives des espions de térabits de propriétés et de relations inexistantes. Nous ne sommes pas loin du monde fictif annoncé dans "Matrix". Les espions informatiques vivent dans un univers illusoire, comme leurs victimes.

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Dans un passé turbulent, j'ai dû entrer dans la clandestinité. A partir d'aujourd'hui toute l'humanité doit le faire. Cela va requérir de la prudence la plus élémentaire. Utiliser avec extrême limite les moyens de communication. Déguiser ce qu'on y communique. Savoir que l'on peut à n'importe quel moment être face à un espion, un microphone, ou une caméra. Ou, au contraire, doit-on agir avec la désinvolture de qui n'a rien à cacher? Une enquête révèle que 67% des étasuniens approuvent le fait que Snowden ait révélé les informations secrètes du gouvernement des Etats-Unis. Il confirme aussi que cette majorité n'approuve ni le secret, ni le contenu de l'information. Les espions et leurs sicaires sont les anticonstitutionnels, les illégaux, les antidémocratiques. Leur pouvoir consiste à nous obliger à nous cacher. Qu'ils se cachent eux-mêmes.

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Si je connais les cartes de mes opposants et qu'ils ignorent les miennes, je peux les balayer. L'accès privilégié à l'information est le principal moyen de production. Rothschild a multiplié sa fortune grâce à un système privé de courrier qui lui a permis de connaitre avant tout le monde en Angleterre la déroute de napoléon à Waterloo. De même que le capital et le pouvoir, l'information tend à se concentrer en peu de mains. Si le pouvoir corrompt, l'information absolue corrompt absolument. Les entreprises des Etats-Unis ont systématiquement gagné tous les appels d'offre face aux entreprises européennes, en connaissant d'avance tous leurs devis grâce à un système d'espionnage d'internet qui s’appelle Echelon. L'espionnage exacerbe la guerre des classes entre une minorité de monopoles de la connaissance et un immense prolétariat pseudo-informé, la guerre entre des empires super-informés et des pays sous-informés. La concentration de l'information réplique exactement celle du capital. Le moment arrivera-t-il ou l'immense majorité de désinformés expropriera l'infime minorité d'informés? L'accès à l'information est révolutionnaire.





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traduit de l'espagnol par R.V. me contacter pour toute amélioration
article original en espagnol ici

13 mai 2012

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Commission InterAméricaine de l'OEA (mais que vous n'osiez pas demander)

- Que sont la Commission et la Cour Interaméricaine des droits de l’Homme ?
 - Ce sont des organismes qui dépendent de l’Organisation des Etats Américains, organisme qui a ses installations à Washington et qui sert fondamentalement à valider les politiques des Etats-Unis, qui payent plus de la moitié de son budget  

- La Commission et la Cour interaméricaine de l’OEA défendent les Droits de l’Homme ?
- Seulement s’ils sont violés par un Etat. S’ils sont violés par un entrepreneur, un propriétaire terrien, un banquier ou une transnationale, elles restent les bras croisés. Elles ne s’occupent pas non plus du droit au travail, à la terre, à l’eau, à l’éducation, à la santé, à la sécurité sociale, à la culture et à l’information : à tout ce qui rend la vie digne et possible.

 - La cour interaméricaine est impartiale?
 - Aucunement. Durant les horribles décennies de la Quatrième République, quand il y avait des massacres, des camps de concentration, la torture, des milliers de disparus et des suspensions de garanties qui duraient des années, la Commission a donné suite à seulement 6 demandes, dont une faite par le terroriste Orlando Bosch et une autre par le terroriste Posada Capriles. Durant la décennie du gouvernement bolivarien, quand toutes ces pratiques ont disparu, la Commission a donné suite à 66 demandes contre le Venezuela.

 - La Commission et la Cour sont-elles efficaces ?
 - Seulement pour défendre les droits du capital. Elle ne se sont jamais prononcé contre la dictature des Somoza, mais elles ont condamné la Révolution Sandiniste. Quand le président Chavez a été pris en otage par des putschistes fascistes la Commission n’a pas bougé le petit doigt pour prendre une mesure préventive en sa faveur, alors que l’organisation Colombienne Minga le lui avait exigé. Elle n’a rien fait non plus quand le président Manuel Zelaya a été enlevé. Quand le président Rafael Correa a été enlevé et blessé par balle par des putschistes fascistes, elle n’a rien dit non plus. Quand Correa a gagné légitimement un procès contre les monopoles du secteur des communications qui l’avaient calomnié, cette fois ci, la Commission est intervenu pour demander à Correa de pardonner.

 - La Commission Interaméricaine reçoit des plaintes valides ?
 - Dans son rapport de 2011, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme nous accuse dans 233 paragraphes. Dans 205 de ces 233 cas, les ressources internes n’ont pas été épuisées, et donc la Cour ne devrait même pas les connaitre car son Statut le lui interdit. Dans 225 de ces cas, elle oublie de mentionner des faits comme les noms, dates, lieux et autres, alors qu’elle est obligée de les préciser dans son Statut. Dans 182 cas, elle juge des suppositions de faits futurs et incertains, qui « pourraient » se passer. Dans la grande majorité des cas, elle se base sur des rumeurs ou des coupures de presse, qu’aucun tribunal digne de ce nom ne recevrait comme preuve. Elle donne même son avis sur des projets de lois, dont la sanction dépend de l’Assemblée Nationale, et non pas d’une officine à Washington.

 - Les décisions de la Commission contre le Venezuela sont biaisées?
- Dans son rapport, la Commission nous place avec la Colombie, Honduras et Haïti, dans les pays qui présentent des “situations qui affectent sérieusement et gravement la jouissance des droits fondamentaux.” Nous assimiler à des pays occupés par les Etats-Unis ou à des gouvernements surgis de coups d’Etats ou de guerres civiles est une injure.

 - Qui paye la Commission Interaméricaine et la Cour interaméricaine?
- La Commission interaméricaine et la Cour Interaméricaine dépendent de l’Organisation des Etats Américains (OEA), à laquelle les Etats-Unis apportent chaque année 44,2 millions de dollars, plus de la moitié de son budget. Le National Endowment for Democracy (NED) finance aussi, avec des quantités non précisées mais importantes, une myriade d’ONGs qui trament des accusations contre le Venezuela. Ces juteuses rétributions pourraient être réduites à l’initiative du Député Connie Mack, de Floride, selon qui « L’OEA est une organisation en Amérique Latine qui a échoué » (AFP, 3-5-2012). La Commission interaméricaine harcèle le Venezuela à coups de dollars.

 - Peut-on éviter que le Venezuela soit jugé par des organismes qui ne reconnaissent pas sa souveraineté?
- Rien de plus simple. L’article 236 de la Constitution établit que “les relations extérieures de la République et la célébration et ratification de traités, conventions et accords internationaux sont des attributions et obligations du Président de la République ». s’il peut les célébrer, il peut aussi les dénoncer. L’article 187 dit que « Il correspond à l’Assemblée Nationale d’approuver par Loi les Traités et Conventions internationales célébrées par le Pouvoir Exécutif National, sauf exceptions mentionnées dans cette Constitution ».

  - Le Venezuela est le seul pays à formuler des critiques contre les procédés illégaux de la Commission et la Cour Interaméricaine ?
 - Dans le rapport du « Groupe de Travail spécial de Refléxion sur le fonctionnement de la Commission Interaméricaine” du 13 décembre 2011, les représentants du Brésil, de la Bolivie, de l’Equateur, du Mexique et du Pérou recommendent à la Commission de “a) Réfléchir sur l’efficacité du Chapitre IV du Rapport Annuel de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme sur la promotion des Droits de l’Homme dans l’hémisphere. B) Revoir les critères, méthodologies et procédés pour l’élaboration de ce Chapitre IV, y compris l’usage de sources publiques et privées. C) Amplifier le spectre de ce Chapitre IV pour que la situation des Droits de l’Homme dans tous les Etats de la région soit analysée de manière objective et intégrale, indépendamment du fait que ces Etats fassent ou non partie des instruments interaméricains des Droits de l’Homme. D) Considérer dans l’élaboration du Chapitre IV, non seulement les droits civils et politiques, mais aussi les droits économiques, sociaux et culturels. » On ne peut mépriser le fait qu’autant de pays de cette importance ordonnent à un organisme de reconsidérer son efficacité, ses critères, ses méthodologies, ses limites et son étroitesse de vue. Ce sont des pays qui comprennent près de la moitié du territoire et de la population d’Amérique Latine et des Caraïbes.

 - Si nous sortons de la Commission et de la Cour, nous nous retrouverons isolés ?
- Ni les Etats-Unis ni le Canada n’ont été soumis, jamais, à la Commission ou à la Cour. Mieux vaut les isoler eux.

4 déc. 2011

L'Amérique Latine et les Caraïbes ne sont l'arrière cour de personne




Une communauté de 33 pays Latino-Américains et des Caraïbes ! Une Alliance de 540 millions de personnes et 20 millions de kilomètres carrés ! Une union régionale qui possède les plus importantes ressources naturelles du monde ! Une fraternité de peuples avec une seule religion majoritaire et deux langues prédominantes, sans grande différence culturelle ! Une fraternité sans la tutelle des Etats-Unis ! Un millier de tâches sur le chemin de la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens vers le point culminant de notre indépendance !

AU NIVEAU ECOLOGIQUE ET TERRITORIAL

Réaliser un recensement intégral de la biodiversité et des ressources de la région et fixer les limites de son exploitation. Déclarer les réserves forestières et les eaux comme des biens du domaine public non privatisables. Et non exploitables. Annuler les concessions étrangères, expulser les industries prédatrices et pollueuses et favoriser le contrôle national des entreprises qui extraient et transforment les ressources naturelles et développent des sources alternatives d’énergie renouvelable. Limiter ou éradiquer les agro-combustibles. Creuser un second canal interocéanique sous contrôle régional, intégrer en une seule artère fluviale les grands fleuves sud-américains, profiter au maximum du potentiel hydroélectrique, construire un réseau de chemin de fer qui communique tous nos pays. Adopter des politiques communes pour faire face au changement climatique et affronter les désastres qu’il crée.

AU NIVEAU SOCIAL

Conjuguer nos efforts afin d’en terminer avec la pauvreté et diminuer les inégalités. Réforme agraire intégrale et control social sur la terre afin d’obtenir la souveraineté alimentaire et combattre la crise mondiale des aliments. Développer des politiques d’aménagement du territoire et créer des opportunités qui évitent aux peuples la migration forcée vers les grandes villes et à l’étranger. Protéger les formes de production traditionnelles. Favoriser la désurbanisation à travers des centres de développements alternatifs et des techniques de gestion à distance. Humanisation des villes. Reconnaissance et institutionnalisation des Mouvements Sociaux.

AU NIVEAU ÉCONOMIQUE

Reformulation des paramètres de Développement en renouvelables et soutenables. Ouverture et intensification des relations et échanges commerciaux vers l’Asie, l’Afrique et le Pacifique. Révision et cession collective des paiements de la Dette extérieure. Renforcement et Extension des alliances commerciales internes, avec exclusion des pays qui ont des Traités de Libre Commerce avec des puissances étrangères, et dénonciation de ces accords. Nullité des infâmes traités contre la Double Imposition, qui immunisent les transnationales contre les impôts. Soumettre les maquiladoras aux lois et droits du travail locaux. Initiatives pour le control social progressif des industries basiques et stratégiques. Lancement du SUCRE et de la Banque du Sud.

AU NIVEAU POLITIQUE

Récupération totale de la souveraineté territoriale, législative, judiciaire et administrative qui a partiellement diminué a cause des traités et accords internationaux. Démocratie sociale et économique participative. Harmonisation entre les mouvements sociaux, partis et Etats. Interdiction des subventions étrangères aux organisations politiques et aux organismes qu’elles contrôlent. Informatisation de l’Etat pour garantir que l’information soit disponible pour les administrateurs et les citoyens et que la majorité des formalités puissent être réalisées á distance. Reconnaissance du Doit de l’Etat à intervenir dans les questions économiques et sociales, protéger les industries et réguler et contrôler le capital financier.

AU NIVEAU STRATÉGIQUE

Déclaration de l’Amérique Latine et des Caraïbes comme zone de Paix. Pression collective pour le retrait des bases militaires des Etats-Unis. Exiger la suspension des vols de puissances militaires étrangères. Exclusion des flottes militaires étrangères à la région dans nos eaux territoriales. Renforcement de la sécurité informatique et création de réseaux régionaux indépendants fondés sur le software libre. Dénoncer le Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque et le remplacer par des pactes mutuels de non agression, solutions pacifiques des conflits, et réponses collectives aux agressions de puissances étrangères. Accès pour toutes les classes à la carrière militaire. Milices populaires. Formulation de doctrines et de plans de guerre populaire de résistance, guerre asymétrique et conflit de faible intensité. Création de nos propres industries d’armement défensif. Démantèlement du narcotrafic en fermant les voies de transfert vers les Etats-Unis et l’Europe, les principaux financiers et consommateurs de la planète.

AU NIVEAU CULTUREL

Révision et divulgation de notre histoire solidaire. Liberté et soutien à la circulation de biens culturels entre nos républiques. Sauvetage, préservation et mise en valeur de notre patrimoine culturel. Développement de politiques pour l’élimination définitive de l’analphabétisme, gratuité de l’enseignement à tous les niveaux, systèmes massifs d’éducation à distance et normes intégrales de validation et revalidation des études. Résiliation de tous les accords et traités selon lesquelles les Etats Unis et l’Europe exercent une influence ou un contrôle sur les contenus et méthodes de nos systemes éducatifs et de recherche. Orientation de la recherche académique et scientifique vers nos problèmes régionaux. Protection de la musique, la cinématographie, la télévision produits dans la région. Réseau d’agences d’information régionales. Normes rigoureuses de responsabilité sociale pour les medias de communication. Multiplication des stations émettrices libres, alternatives et de service public avec une portée continentale. Création de réseaux d’Instituts d’Etudes Latino-Américains et des Caraïbes.

AU NIVEAU INTERNATIONAL

Ne répétons pas les expériences de la Ligue arabe ou de l’Union Africaine, qui plus d’une fois ont abandonné leurs propres membres face à l’agression impériale. Les Latino-Américains et caribéens sont soumis dans d’autres pays á des régimes de visa et d’immigration discriminatoires et draconiens : nous devrions appliquer à chaque fois une stricte réciprocité. Le CELAC contient des pays avec des orientations distinctes, certains ouverts vers le futur, d’autres toujours attelés à des pactes, des compromis et des dépendances de pouvoir hégémoniques qui aujourd’hui entrent en décadence. Certains de ses membres ont des traités de Libre Commerce avec les Etats Unis ou l’Union Européenne. A travers de tels accords ils pourraient entrer dans notre économie comme des chevaux de Troye. D’autres ont des gouvernements surgis directement ou indirectement de forces contre-révolutionnaires. La tâche d’arriver à des accords avec des perspectives si différentes sera délicate. La CELAC remplacera surement l’organisation naissante de l’UNASUR, en y ajoutant le Mexique et l’Amérique Centrale. Il faut envisager, entre autres, la désintégration de l’OEA, qui durant toute son existence a seulement servi á légitimer les ingérences des Etats Unis et agresser, isoler, ou délégitimer les expériences progressistes. L’unité potentielle de la CELAC lui donnera un poids déterminant au sein de l’Organisation des Nations Unies. Cette abondante coalition de pays pourrait aspirer à exercer des positions décisives au Conseil de Sécurité, au Conseil des Droits de l’Homme, dans l’Organisation Mondiale du Commerce et dans d’autres sections clefs de l’organisme mondial. Le nouvel organisme aura sans aucun doute une attitude moins complaisante envers l’Alliance de l’Atlantique, qui se noie dans le désastre de la crise économique, et plus ouverte envers la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon et en général l’Asie, l’Afrique et les puissances émergentes. Elle pourrait très bien assumer le leadership d’un Mouvement des Pays Non Alignés revitalisé. Notre Amérique est le chemin vers Notre Avenir. L’Amérique Latine et les Caraïbes ne sont plus l’arrière cour de personne.


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Traduit avec l'aimable autorisation de Luis Britto García
Article original en Espagnol ici

Traduction par R.V. (me contacter pour toute amélioration)

13 nov. 2011

Entre assassins tu te vois




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Dans le documentaire d’Errol Morris “The Fog of War”, Robert McNamara, ancien Secrétaire de la défense des Etats-Unis, confessait que « si nous avions perdu, nous aurions tous été jugés comme criminels de guerre ». Noam Chomsky propose un tel jugement pour tous les présidents étasuniens. Il n’exagère pas : le document du gouvernement des Etats Unis daté de 1960 Selective Assassination as an Instrument of Foreign Policy, ISBN 1-58160-296-0 consacre l’assassinat comme un instrument de la politique extérieure. Lawrence Davidson témoigne que, pendant la guerre du Vietnam, le programme Phoenix de la CIA a assassiné de sang froid 23 369 présumés membres du Vietcong. Ce chiffre est dépassé par l’hécatombe de plus de 500 000 communistes en 1965 en Indonésie, selon les listes préparées par la CIA et utilisées par des militaires entrainés aux Etats-Unis. Obama proclame que le génocide en Libye est « le modèle des relations internationales ».
Cantinflas demanderait : Parlons-nous comme des gentlemen, ou comme ce que nous sommes ? Nous vivons l’impérialisme humanitaire, c’est á dire les masques qui tombent.

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La boucherie contre des victimes sans défense ou des prisonniers désarmés est-elle un hasard ou une exception ? L’Empire ne connait pas d’autre politique. En notre Amérique, il est impossible d’oublier les assassinats de Benjamín Zeledón, Francisco Madero, Emiliano Zapata, Pancho Villa, César Augusto Sandino, Julio Antonio Mella, Fabricio Ojeda, Alberto Lovera, Jorge Rodríguez, el Che Guevara, Salvador Allende, Oswaldo Letellier, Arnulfo Romero, le pere Ignacio Ellacuría, Francisco Caamaño Deñó, Manuel Reyes, du Mono Jojoy, parmi des centaines de milliers qui viennent faire grossir les statistiques. Ajoutons-y prés de trois mille chiliens et 8 960 argentins, et plus de dix mille vénézuéliens et qui sait combien de centaines de milliers de péruviens et de colombiens et de guatémaltèques et de salvadoriens et d’honduriens exterminés par des gouvernements instruments de Washington. La boucherie s’est transnationalisée avec l’opération Condor, alliance entre les dictatures qui consacrait la diplomatie de l’assassinat. Le président équatorien Roldós et son homonyme du Panama Omar Torrijos périssent dans d’inexplicables accidents d’avion. Il y a eu plus de 900 tentatives d’assassinat contre Fidel ; et on ne sait combien contre Chavez. Rafael Correa y a échappé par miracle. Même les vieux laquais devenus inutiles ne sont pas á l’abri : la CIA connaissait tous les détails du complot contre Rafael Leonida Trujillo, et elle n’a pas bougé le petit doigt pour le sauver. La politique se mélange avec la mafia.

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La machine á assassiner opère seulement dans l’arrière cour des Etats-Unis? Prions pour Patrice Lumumba. Prions pour Yasser Arafat, mort d’un « mystérieux désordre sanguin » que son conseiller Bassam Abu Sharif a qualifié d’overdose de thallium administré par le Mossad. Lawrence Davidson crédite aussi le Mossad de l’assassinat en série de scientifiques iraniens qui travaillent á l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Rappelons-nous de Milosevic, mort mystérieusement au début du jugement auquel l’ont soumis ceux qui ont détruit son pays. Une nouvelle arme de lâche, l’avion sans pilote, en aurait terminé avec Oussama Ben Laden. D’innombrables innocents meurent de la même façon quotidiennement au Pakistan. L’assassinat, guerre individualisée, se confond avec la guerre, assassinat á grande échelle.

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Les Etats nationaux ont surgi avec le remplacement des armées de mercenaires par des armées de volontaires ; les empires périront par le remplacement de leurs volontaires par des mercenaires. Rome a remplacé ses milices de citoyens par des barbares á solde, et les barbares ont pris Rome des qu’on cessa de les payer. Les Etats-Unis louent pour leurs larcins des marginaux qui se vendent pour de la nourriture ou des immigrants qui le font en échange d’une carte de citoyenneté. Le service militaire obligatoire a disparu dans la majorité des pays européens : on tue pour l’argent. Mais l’argent tue. Des pays militairement occupés servent seulement de bases pour occuper militairement d’autres pays. La tentative de privatisation de la vie se termine en privatisation de la mort. Les milices informelles qui prétendent servir l’Etat formel le convertissent en leur instrument. Les assassins achetés par la police achètent les politiciens. L’assassinat devient la seule loi. Qui tue pour le sicaire, meurt pour le sicaire. Le paramilitaire est le véritable visage de l’empire.

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Est-il donc étonnant que 20 000 attaques aériennes avec des bombes et des projectiles téléguidés assassinent plus de 50 000 victimes sans défense dans un pays auquel on n’a pas déclaré la guerre ? Qu’une foule de chasseurs de primes lynche un prisonnier qui agonise terrassé par un bombardement ? Qu’ainsi s’achève une chaine d’attentats qui a commencé par le bombardement, en temps de paix, de sa résidence, et qui a éliminé systématiquement les membres de sa famille ? Qu’une secrétaire d’Etat se vante en disant ; « Nous sommes venu, nous avons vu, il est mort? Un pays qui en 2011 dépense 708 milliards de dollars en armement, soit plus de la moitié des dépenses de guerre mondiales, peut-il faire autre chose ?
Dispose-t-il d’autres moyens pour payer sa dette publique qui dépasse 102% de son Produit Intérieur Brut ? Existe-t-il d’autres ressources pour un empire qui produit seulement des fraudes financières ? Un système de génocides peut-il exercer une industrie autre que celle du pillage ? Y a-t-il de la place dans son esprit pour autre chose que la destruction de la Bibliothèque de Babylone, ou l’actuel larcin des Trésors archéologiques de Bengazi ou de la Banque Nationale du Commerce Lycienne ? L’assassinat c’est l’économie, la politique, la diplomatie, la culture, la religion de l’Empire. C’est ainsi qu’ils mettent sur pied la rébellion qui les fera gouter leur propre traitement.

Le siècle d’Hérode n’est pas terminé

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article original ici

26 oct. 2011

Comment differencier une invasion de l'OTAN d'un mouvement social




Certains médias présentent l’invasion de l’OTAN et des Etats-Unis en Lybie comme étant un mouvement social. Pour ceux qui ne savent pas distinguer entre 2 choses, voici quelques points de repère :

Un mouvement social majoritaire triomphe seul, et n’a pas besoin qu’une coalition impérialiste de 42 pays pilleurs l’envahisse pendant plus de 6 mois sans pouvoir s’imposer.
Un mouvement social est intégré par des personnes en chaire et en os, et non par des victimes imaginaires de supposés bombardements non confirmés par les journalistes de Telesur ni par la surveillance satellite russe ni celle du Pentagone.
Un mouvement social surgit spontanément et vient du peuple, et non pas des plans du Pentagone d’invasion de la Libye dénoncés depuis 2001 par le Général Wesley Clark.
Un mouvement social n’obtient pas la protection de cette mafia des puissances hégémoniques que l’on appelle ONU.
Un mouvement social n’est pas dirigé par des monarques, des terroristes fondamentalistes, des mercenaires étrangers ni par des anciens ministres du gouvernement auquel il s’oppose.
Un mouvement social n’est pas présenté par Barack Obama comme un “modèle pour les relations internationales”, et n’est pas soutenu par l’armée d’occupation de l’Europe que l’on appelle OTAN.
Un mouvement social n’est pas inauguré en assassinant son propre chef, comme l’a fait le CNT avec son premier président Abdel Younis.
Un mouvement social ne dispose pas de porte-avions, de blindés, de missiles téléguidés, d’hélicoptères de combat et d’avions commandés á distance.
Un mouvement social ne lance pas contre ses compatriotes la stratégie terroriste de bombardement de la population civile qui avait été utilisée pour la première fois par l’armée nazie á Guernica.
Un mouvement social ne répète pas un tel génocide avec 20 000 missions aériennes contre son propre pays.
Un mouvement social ne bombarde pas systématiquement les hôpitaux, les aqueducs, les écoles, les résidences ni les medias de communication.
Un mouvement social n’enlève pas les journalistes indépendants ni ne les expulse afin de les empêcher de témoigner de ce qui est en train de se passer.
Un mouvement social ne pratique pas l’assassinat sélectif des dirigeants de son pays, et ne fixe pas de récompenses d’un million et demi d’euros pour leurs têtes.
Un mouvement social ne compte pas d’avocats, de lobbys ou d’influences pour que la Cour Pénale Internationale dicte des actes de détention contre ses adversaires.
Un mouvement social ne cause pas un génocide de 60 000 victimes entre son propre peuple.
Un mouvement social n’a pas de complices financiers internationaux capables de confisquer 270 milliards de dollars des réserves de son pays.
Un mouvement social ne soumet pas les ressources de sa patrie á la bataille de mandataires et consortiums étrangers.
Un mouvement social n’est pas soutenu inconditionnellement par des monopoles médiatiques ni par des transnationales de l’information.
Un mouvement social ne dispose pas de caméramans, scénaristes, maquilleurs, costumiers et directeurs pour mettre en scène et filmer de façon frauduleuse au Qatar les victoires qu’il n’a pas encore obtenu.
Un mouvement social ne détruit ni ne pille les sièges diplomatiques de pays amis.
Un mouvement social ne tue pas systématiquement ses compatriotes sous prétexte d’avoir la peau foncée, comme le font les forces de la CNT.
Un mouvement social n’est pas dirigé par Berlusconi, Sarkozy, Cameron, Merkel et Rassmussen.
Un mouvement social ne commence pas ses opérations en fondant une Banque Internationale et une Compagnie transnationale pour déposer des ressources de la patrie.
Un mouvement social n’est pas reconnu prématurément comme gouvernement par les puissances impérialistes sans même avoir obtenu le contrôle du territoire.

Il est plus facile de différencier un idiot d’une canaille, que de distinguer une invasion de l’OTAN d’un mouvement social. L’idiot ignore les faits ci-dessus mentionnés. La canaille les connait, et insiste á dire que l’invasion contre la Lybie est un mouvement social.

<<<<<<<<<< article original ici

23 sept. 2011

Pillage ou Révolution Mondiale?




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Les pays hégémoniques ont-ils eu, ont-ils, auront-ils, d’autre méthode que l’intervention militaire pour lutter contre leur propre crise et contre les pays périphériques ?

La fabrication d’armements fait tourner l’industrie. Le recrutement de mercenaires occupe et éloigne les marginaux. La destruction de pays afin de se répartir leurs ressources encourage la bagarre financière.

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La guerre infinie suffira-t-elle à sauver l’impérialisme ?

Les dépenses en armement conduisent les économies vers la banqueroute. Le déficit est épongé grâce à des réductions des dépenses sociales qui entrainent des soulèvements internes. L’économie de casinos boursiers conduit d’une crise à l’autre. Les agressions externes répétées embourbent les empires dans des guerres qu’ils ne peuvent gagner contre des cultures qu’ils ne comprennent pas. Le pillage et le gaspillage d’hydrocarbures terminera seulement quand il n’y en aura plus. Le style actuel de nos civilisations ne survivrait pas à l’épuisement de la source de plus de 90% de la consommation énergétique. La bataille pour le pétrole, l’eau et la biodiversité entraine vers l’affrontement entre grandes puissances et vers la Guerre Mondiale.

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L’attentat contre la Libye modifie-t-il ce panorama?

Les bombardements philanthropiques de l’OTAN aplanissent le chemin vers une coalition humanitaire de pilleurs qui comprend des spéculateurs financiers de l’autocratie pétrolière du Qatar, d’ex-fonctionnaires de Kadhafi, des fondamentalistes sunnites, des djihadistes, des groupes tribaux berbères et des pions d’Al Qaeda. Cette bande de bénévoles a commencé par assassiner son premier chef, Younis. Cela ne ressemble pas aux bases nécessaires pour construire une paix durable ni une victoire plus rapide que celles infiniment repoussées en Afghanistan et en Iraq. Les Etats-Unis ont armé les talibans en Afghanistan, leurs pires ennemis désormais. Neuf années de démolition en Iraq ont été conclues par la conquête du gouvernement par des chiites partisans de l’Iran, le plus grand rival des Etats-Unis dans la région. à coups de bombes, l’Alliance de l’Atlantique ouvre le chemin de la Libye à une grande partie de ses ennemis. Tout allié des Etats-Unis devient sa victime ou son adversaire.


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Suffit-il de ne rien faire pour que l’Empire s’arrête?

Lors d’un entretien télévisé réalisé en Mars 2007, l’ex commandant de l’OTAN, le Général Wesley Clark, révélait que quelques semaines seulement après le 11 Septembre, alors que la guerre d’Afghanistan avait commencé, un général qui travaillait directement avec le Secretaire Rumsfeld et le sous-secrétaire Wolfowitz lui a montré des papiers disant : « ceci est une note qui décrit comment nous allons envahir 7 pays en 5 ans. En commençant par l’Iraq, la Syrie, le Liban, la Somalie et le Soudan, et pour finir l’Iran » (General Wesley Clark: « plan des Etats Unis en 2001 pour envahir 7 pays dont la Libye” www.forosperu.com 13-8-2011).

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Le larcin contre la Libye améliorera-t-il la situation des autocraties pétrolières de Bahreïn, d’Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar, des puissances qui ont oublié d’utiliser leur véto contre l’intervention, des consommateurs d’hydrocarbures ?

Les compagnies impériales maintiendront des prix hauts, car c’est de cela que dépendent leurs revenus exorbitants. Les autocraties pétrolières sont utiles en tant que pions contre les pays indépendants de l’OPEP. A mesure qu’elles seront soumises, les autocraties deviendront inutiles, on les payera de moins en moins pour l’or noir et leurs peuples affamés les renverseront. La Russie et la Chine ont déjà été exclues du partage du pétrole libyen. Bientôt elles seront exclues du pétrole mondial.



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Le pillage calmera-t-il l’agitation globale?

Si le butin n’est pas suffisant pour les grandes puissances, c’est encore moins le cas pour les peuples. La récession entrainera une augmentation du chômage ; celui-ci aggravera la discrimination contre les immigrés ; la crise alimentaire entrainera une forte hausse du coût de la vie ; la décision des gouvernements de transférer le poids de la crise sur le dos des travailleurs va créer de la famine ; ces derniers se regrouperont sous la bannière de l’Indignation, se libérant du néolibéralisme et renversant des autocraties conservatrices comme celles de Tunisie et d’Egypte.


7

Une crise terminale du capitalisme et une vague de mutineries et d’agitations populaires seront-elles suffisantes pour détoner une révolution internationale ?

Les forces sociales se dissipent sans machineries ou projets capables de les faire s’unir à une cause. Durant l’Hécatombe néolibérale, les partis et les intellectuels qui étaient révolutionnaires dans le passé se sont rendus face à la Pensée unique et ont abandonné la conduite de la puissante commotion qui secoue aujourd’hui la planète. La constitution ou reconstitution de projets révolutionnaires et de partis radicaux disposés à la mettre en œuvre est urgente. C’est la seule chose qui nous sépare de la Révolution Mondiale.


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traduit avec l'autorisation de l'auteur
me contacter pour toute amélioration de la traduction
article original en espagnol : ici

4 sept. 2011

Le monde brule-t-il?





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Un fantôme, appelé indignation, recourt le monde. Il annonce une énorme vague révolutionnaire qui pourrait libérer les pays hégémoniques et périphériques de la même façon. Les premiers cités sont en banqueroute a cause de la crise, absorbés dans de couteuses courses à l’armement, faisant face à l'épuisement des ressources qu’ils dilapident. Les seconds souffrent de la pénurie d’aliments, la dévastation de la nature et l’exploitation néocoloniale.

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L’accumulation de conditions objectives se convertit en révolution seulement quand la somme des changements quantitatifs entraine une transformation qualitative. Historiquement, comment a eu lieu ce saut ? Durant la Révolution Anglaise de 1645 et la Française de 1789, et la Bolchévique de 1917, des soulèvements populaires détonnés par l’extrême pénurie se sont ajoutés aux banqueroutes des Etats dues a des aventures guerrières.
Observons les pouvoirs hégémoniques d’aujourd’hui, et leurs alliés. Les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Italie, l’Islande s’effondrent sous le poids de dettes publiques proches ou supérieures à 100% de leur PIB annuel. De telles charges n’entrainent pas la débâcle instantanée car, á différence du Tiers-Monde, ils payent de commodes intérêts comme celui des Etats-Unis, de1, 5% annuel. Mais leurs gouvernements ont opté pour maintenir l’amnistie fiscale pour les riches et les banquiers arnaqueurs, et charger tout le poids du déficit et des sauvetages financiers sur les conditions de vie des travailleurs et, parfois, se ruiner dans de couteuses ingressions impériales.

3

De telles politiques, identiques á celles qui ont entrainé les révolutions historiques, ont forcement comme conséquence la résistance sociale. Le peuple d’Islande a refusé de payer la datte des banquiers, fait pratiquement révolutionnaire. La Grèce, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Angleterre sont le théâtre de protestations massives. En Israël entre juillet et aout des multitudes de 300 000 citoyens protestent contre le cout de la vie et obligent Netanyahu à stopper la hausse des prix du pétrole et a augmenter l’importation d’aliments (BBCMundo: 27-8-2011). Le premier ministre Cameron disqualifie les manifestants de Londres en les traitants de pillards. Mais la Révolution Française avait pris ce même trait avec les jacqueries, pillages paysans qui ont obligé la noblesse à renoncer a ses privilèges et furent le prélude aux soulèvements parisiens. Le bipartisme a aussi qualifié les soulèvements populaires de Mérida en 1987 et de Caracas en 1989 de pillages, mais ils ont changé le cours du pays. Immanuel Wallesrstein déclarait pour ALAI le 15-08-2011 : « Je vois des guerres civiles dans de nombreux pays du Nord, surtout aux Etats-Unis où la situation est bien pire qu’en Europe Occidentale, même si là bas aussi il y a des possibilités de guerres car il y a une limite jusqu'à laquelle les gens ordinaires acceptent la dégradation de leurs possibilités. »

4

Cette rébellion dans les centres hégémoniques s’équilibre-t-elle avec la soumission coloniale du Tiers-Monde ? La majorité des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes ont choisi des gouvernements de gauche ou de centre-gauche. Au Mexique la violence et la militarisation augmente : le 8-8-2011 le New York Times réitère que des agents du Pentagone, la CIA, la DEA et d’autres agences opèrent non seulement depuis le centre d’intelligence qui se trouve á Reforma 225, mais aussi depuis une base militaire en terre Mexicaine. Au Honduras les protestations contre le régime qui a surgi suite au coup d’Etat contre Zelaya augmentent. A Haïti, les citoyens s’insurgent contre les troupes de la Minustah qui jettent les excréments dans les rivières. Au Chili le gouvernement néolibéral fait face a la rébellion de 500 000 manifestants contre la privatisation totale de l’éducation. Et dans le monde islamique les passions se déchainent. Mais de l’indignation á la Révolution il y a beaucoup de distance. La tâche est de la raccourcir.

PHOTO: Puerta del Sol, Madrid, Luis Britto

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